Le référendum divise les Kurdes irakiens, qui adhèrent tous au rêve d'un Etat kurde mais discutent de l'opportunité du calendrier choisi par l'actuel président de la région autonome Massoud Barzani. Ainsi qu'il fallait s'y attendre, le Parlement irakien a voté hier contre la tenue du référendum sur l'indépendance, prévu le 25 septembre au Kurdistan irakien. En signe de protestation, les députés kurdes ont quitté le Parlement. En revanche, le vote a été favorablement accueilli par la Turquie, l'Iran et la Syrie qui ont plaidé aussi pour l'annulation du référendum. Ces pays redoutent qu'une indépendance du Kurdistan provoque une réaction en chaîne, qui conduira leurs Kurdes à revendiquer aussi un statut spécial pour leurs régions respectives. Le président du Parlement irakien, Salim Al Joubouri, a estimé que ce vote, ajouté à l'ordre du jour à la demande de 80 députés, visait à maintenir «l'unité du territoire et du peuple irakien». Le vote du Parlement, a-t-il encore précisé, «impose au Premier ministre de prendre toutes les mesures pour protéger l'unité de l'Irak et d'entamer un dialogue sérieux» avec les autorités de la région autonome du Kurdistan irakien, située dans le nord du pays. Baghdad et le Premier ministre, Haider Al Abadi, n'ont cessé de répéter au cours des derniers mois que cette consultation était «contraire à la Constitution». Le référendum divise néanmoins les Kurdes irakiens, qui adhèrent tous au rêve d'un Etat kurde, mais discutent de l'opportunité du calendrier choisi par l'actuel président de la région autonome Massoud Barzani. Ce rendez-vous électoral s'annonce également sensible, car la province de Kirkouk, une zone pétrolière disputée au nord de Baghdad et rattachée au gouvernement fédéral, a décidé d'y participer contre l'avis des autorités centrales irakiennes. Composée de trois provinces, le Kurdistan est une région du nord de l'Irak autonome depuis 1991. Les Kurdes irakiens qui seraient environ 4,6 millions soutiennent majoritairement l'idée d'indépendance. De leur côté, la Turquie et l'Iran ont proposé de jouer les médiateurs entre Erbil et Baghdad pour régler les différends entre le pouvoir central et la région autonome sans toucher à l'intégrité territoriale de l'Irak. Ankara, qui compte plusieurs millions de Kurdes, a par exemple fait cette proposition de façon officielle, tandis que l'Iran l'a formulée de façon informelle en envoyant des diplomates rencontrer notamment M. Barzani. Mais le responsable kurde a exigé des «garanties» et des «alternatives pour repousser ou annuler le référendum. Or pour le moment, personne n'a pris l'initiative de proposer un deal acceptable à Erbil.