A cause de la crise financière qui l'affecte, l'Etat voudrait donc se débarrasser des affaires non rentables La liquidation des entreprises publiques défaillantes serait envisagée par le gouvernement pour dégraisser le budget de l'Etat et donner un coup de fouet à la production. Le bruit court qu'un nouveau cycle de privatisations pourrait bientôt s'amorcer en Algérie pour liquider les entreprises publiques moribondes qui vivent sur le budget de l'Etat. L'inventaire demandé par le Premier ministre pour évaluer les dettes en souffrance qui alourdissent la comptabilité de ces établissements confirmerait l'imminence de la décision. Son objectif consisterait à diagnostiquer l'état de santé des sociétés étatiques en vue de décider de leur vente ou de leur dissolution. D'autre part, l'entente parfaite entre les responsables de l'Ugta et du FCE observée depuis des semaines serait annonciatrice d'une telle tendance. Cette lune de miel entre la Centrale syndicale et le patronat devrait faciliter cette vaste opération qui touchera les entreprises non performantes et dépourvues de vocation stratégique. A cause de la crise financière qui l'affecte, l'Etat voudrait donc se débarrasser des affaires non rentables et maintenues sous perfusion qui le saignent au lieu d'alimenter ses caisses. Dans son plan d'action, Ahmed Ouyahia reconnait que «les entreprises publiques économiques représentent un patrimoine important de la nation et recèlent d'importantes capacités productives», mais qu'elles avaient besoin d'une mise à niveau. Il ajoute que «le gouvernement encouragera toute opportunité de partenariat entre des entreprises publiques et des opérateurs ou des investisseurs privés nationaux ou étrangers. De tels partenariats dont les assises juridiques existent déjà seront destinés à valoriser le potentiel économique public et à rehausser sa compétitivité». En situation de crise, le mot compétitivité acquiert le sens d'épée de Damoclès qui plane sur la tête des gestionnaires et des travailleurs qui ne savent pas accroître le rendement de leur outil de production. De toute façon, le Trésor public va lui-même s'endetter auprès de la Banque d'Algérie pour parer au plus urgent. Il ne possède plus les ressources pour couvrir les échecs commerciaux de cette industrie. Le gouvernement n'a donc d'autre choix que mettre la pression sur les entités économiques détenues par l'Etat pour les pousser à créer des richesses, sinon il les cédera à qui le pourra. Avant d'être interrompu par la loi de finances de 2009, un premier programme de privatisation avait été lancé en 1995 sous l'injonction du FMI. Le pays vivait alors sous un régime d'ajustement structurel en contrepartie du rééchelonnement de sa dette extérieure qui absorbait les deux tiers de ses revenus extérieurs. De 2003 à 2007, plus de 417 entreprises étatiques ont été privatisées suivant diverses techniques. Ainsi, 192 d'entre elles ont connu une privatisation totale, 44 une privatisation à 50%, près de 70 ont été cédées à leurs salariés, 83 à des privés et 29 ont signé un accord avec des partenaires pour se transformer en sociétés à capitaux mixtes. Elles avaient au préalable subi un assainissement de leurs créances, qui s'était chiffré à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Tous secteurs confondus, il y avait à l'époque près de 1200 unités à privatiser, mais l'Etat a en fin de compte décidé, en 2009, d'en garder environ 750 pour un résultat peu probant. Soumises à une gestion plus bureaucratique que commerciale, la plupart d'entre elles n'ont pas réussi à faire leur mue pour concurrencer le privé ou faire barrage aux importations. L'Etat, qui est lui-même une personne morale, n'a pas su agir comme un véritable patron pour dynamiser l'activité de ses possessions. D'autant plus que le choix des managers de ce secteur n'obéit pas toujours aux critères de compétence, mais relève souvent de la cooptation. Evidemment, la situation actuelle est différente de celle qui prévalait dans les années 1990. L'économie algérienne a certes du plomb dans l'aile, mais sa marge de manoeuvre et de négociation demeure entière. De plus, les infrastructures réalisées durant les dernières années ont accru la valeur des entreprises publiques. Ce patrimoine dans lequel l'Etat a beaucoup investi recèle en outre une expérience humaine et un savoir-faire à ne pas négliger. Ces atouts intéresseraient le plus exigeant des éventuels repreneurs, néanmoins, sans une amélioration du climat des affaires sur lequel la bureaucratie continue de peser, la privatisation constituera une autre décision administrative sans lendemain.