Le Hamas avait créé en mars ce «comité administratif» formé de sept hauts responsables du mouvement. Il avait été perçu par le président Abbas comme un gouvernement parallèle entravant la réconciliation, ce que le parti islamiste avait nié. Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Ghaza depuis 2007, a annoncé hier la dissolution d'un conseil controversé perçu comme une entrave à l'unité inter-palestinienne, et appelé son rival du Fatah à engager de nouvelles discussions de réconciliation. Cette annonce a été favorablement accueillie par l'ONU et par le Fatah du président Mahmoud Abbas. Il n'est toutefois pas encore clair dans quelle mesure cette offre pourra permettre de rapprocher les deux antagonistes palestiniens. «En réponse aux efforts égyptiens, le Hamas annonce la dissolution du 'comité administratif'' dans la bande de Ghaza et donne son accord pour entamer des discussions sur la réconciliation et pour organiser des élections générales», selon un communiqué publié tôt hier. Le Hamas avait créé en mars ce «comité administratif» formé de sept hauts responsables du mouvement. Il avait été perçu par le président Abbas comme un gouvernement parallèle entravant la réconciliation, ce que le parti islamiste avait nié. Depuis sa création, M. Abbas s'est efforcé d'affaiblir le Hamas, bloquant notamment les versements de la facture de l'électricité fournie par Israël à Ghaza, qu'il réglait. L'annonce du Hamas intervient quelques jours après une visite au Caire de son chef, Ismaïl Haniyeh, dont c'était le premier déplacement dans ce pays depuis son élection en mai. Les relations entre l'Egypte et le Hamas étaient très tendues depuis le renversement en 2013 de l'ancien président Mohammed Morsi, membre des Frères Musulmans, dont est également issue la formation islamiste palestinienne. En réponse au Hamas, un dirigeant du Fatah, Azzam al-Ahmad, a évoqué une prochaine réunion entre les deux partis suivie d'une rencontre élargie aux autres factions palestiniennes, dans l'optique de discuter d'un document sur la réconciliation. Le gouvernement palestinien doit à présent revenir à Ghaza pour exercer son autorité, comme il le fait en Cisjordanie», a dit Azzam al-Ahmad, cité par l'agence officielle Wafa. Le président Abbas se trouve actuellement à New York, où il doit s'exprimer mercredi devant l'Assemblée générale de l'ONU. Reconnue par la communauté internationale, l'Autorité palestinienne qu'il dirige est à couteaux tirés avec le Hamas depuis que celui-ci l'a évincée de la bande de Ghaza au prix d'une quasi-guerre civile en 2007. L'émissaire de l'ONU chargé du Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a lui aussi salué l'annonce du Hamas, et jugé prioritaire pour le gouvernement palestinien d'améliorer la situation humanitaire dans l'enclave. La bande de Ghaza, qui a connu ces dix dernières années une quasi-guerre civile et trois guerres avec Israël, compte quelque deux millions d'habitants et est soumise depuis dix ans à un rigoureux blocus de l'Etat hébreu. Cette mesure vise, selon lui, à empêcher le Hamas, qualifié de groupe «terroriste», de mener des attaques contre son territoire. Ce blocus se double d'une fermeture quasi permanente par l'Egypte de sa frontière avec la bande de Ghaza depuis 2013. Ces blocus étouffent l'économie ghazaouie. Le taux de chômage s'élève à 42% et 80% des Ghazaouis sont tributaires d'une aide, selon la Banque mondiale. Située aux portes du désert, Ghaza souffre notamment d'un manque permanent d'eau et d'électricité. Les Ghazaouis ne reçoivent plus que trois ou quatre heures quotidiennes de courant. L'enclave palestinienne risque de devenir «invivable» d'ici à 2020, s'est alarmé l'ONU.