Cette manifestation s'est voulue l'expression d'un territoire et un parallèle avec Alger. Alors que les débats autour du cinéma s'amplifiaient lors des 3es rencontres de Béjaïa, les éditions Barzakh ont apporté leur grain de sel à cet événement multidimensionnel en conviant le public bougiote jeudi, au TRB, à une rencontre avec des écrivains autour du dialogue interculturel en Méditerranée. «Une représentation» animée par Pierre Hadj Boutros et Rana Haddad, deux architectes et enseignants de Beyrouth, autour de cette ville et sa mémoire après la guerre. Cette performance a traduit par des mots illustrés de projections le visage de Beyrouth à travers le dialogue de ses ruines. «Cette manifestation a voulu parler d'un territoire et faire le parallèle avec, notamment, Alger qui a souffert de silence et d'étouffement sur un ton de confession - bougies sur la table et lumière tamisée - à même de restituer sa place dans un endroit amputé de son passé où seules les traces des souvenirs subsistent». L'autre Méditerranée est un projet lancé il y a 6 ans par la Suissesse, Anne Laufer, qui, en collaboration avec les éditions Barzakh et Caroline Couteau, ont consacré un livre aux échanges suisses et pro-méditerranéens intitulé: Territoire méditerranée. Un livre qui interroge le dialogue interculturel sur le «lit» de l'altérité et la brisure des clichés. «Grâce au foisonnement de récits, d'essais, de correspondances ou d'images qu'offre cet ouvrage, le lecteur se rend compte de l'étonnante parenté des questionnements sur ce qui signifie vivre ensemble ainsi que de la proximité des inquiétudes de part et d'autre de la Méditerranée. Il assiste à une vraie rencontre, généreuse, nourrie d'une volonté lucide de se confronter à l'autre, teintée parfois de méfiance, toujours féconde», pouvons-nous lire dans la dernière page de Territoire méditerranée. Cet ouvrage, traduit en arabe, tend à «partager quelques questions qui sont sous-jacentes dans ces articles à travers des témoignages personnels et concrets», nous affirmera-t-on. Dahou Djerbal, directeur et fondateur de la revue Nakd confiera que «l'image du fauteuil coupé est très parlante» quand la situation de la suppression de la culture dans un pays occupé ou en guerre, est considérée comme superflue ou inutile, voire un luxe. Dans un second temps, une table ronde, plutôt une discussion, debout, et à bâtons rompus a enchaîné sur la question liée à la place de ce dialogue interculturel aujourd'hui. Ce débat a été orchestré par Sofiane Hadjadj, des éditions Barzakh, et animé par Yassine (journaliste indépendant algérien), Caroline Couteau, éditrice et journaliste de Genève et Samir Abdallah, réalisateur du documentaire Ecrivains des frontières. Ces derniers, chacun selon sa sensibilité et son expérience, indiqueront la nécessité de la création artistique, à plus forte raison dans un pays qui étouffe sous la violence. En fin d'après-midi, la cinémathèque de Béjaïa a projeté le documentaire: Sur les traces de l'Emir Abdelkader (2004) de Mohamed Latrèche, coproducteur avec Boualem Ziani de Sora-Production et distributeur de films. Le documentaire évoque par la voix de l'historien Mohamed Kacimi, ce «pont entre l'Orient et l'Occident», qu'est l'Emir Abdelkader, ce soufi idéaliste qui a toujours cru en la paix entre les peuples et les religions.