Osons le dire tout de suite: l'Atlantide n'est pas cette île fabuleuse engloutie par l'océan, mais c'est bien autre chose. C'est l'envoûtement exercé par la musique et le transport que cette dernière procure. Peut-être que nous exagérons, mais ceux qui se sont déplacés, durant la soirée du vendredi à la salle El Mougar pour assister au concert des Thalweg acquiescent. Ils sont sept musiciens. Sept. Prononcez ce chiffre plusieurs fois, vous allez vous rendre compte de la vraie magie qu'il exerce. Ils sont sept à chanter dans le style berbéro-celtique: le Thalweg. «Ce mot désigne la ligne d'écoulement des eaux, le point de rencontre imaginaire entre deux montagnes». Le «chef de file» n'est autre que le mythique Hocine Boukella, du groupe CSB (Cheikh Sidi Bemol). Ce diable de la guitare, a, dès que ses pieds eurent foulé la scène, provoqué un véritable «tsunami». Les foules s'enchaînent et se déchaînent. «Salam aalikoum, wach rakoum! Labass chwiya! Taachqou chwiya!!!» question, bien entendu, d'aider les spectateurs à se mettre dans le bain. Et le spectacle commence. Tout d'abord sous les airs de la chanson «Ad ezzi saâ». Elle raconte: «aqlagh am ichan ifelfel. Kul wa anda ya hemmel. Ur yaakil had akhsimiss». Peu importe que l'on comprenne ou que l'on sache ou non lire le kabyle, les mélodies de cette superbe partition suffisent pour que l'on plonge de plain-pied dans l'univers des Thalwegs. Viennent ensuite les chansons rythmées. Le public de son côté ne se fait pas prier pour se lever et entamer une danse à l'algérienne: mains en l'air, chapeau à l'envers, esprit hors terre...et le tout raccordé par des youyous. C'est sublime. Des cris de joie fusent de tous les recoins de la salle. C'est l'alliance entre trois éléments: les berbères, les celtes et le public. Le pacte est d'autant plus durable que les chansons se suivent et se succèdent comme les graines d'un chapelet. Les Thalweg jouent la carte de la diversité et du mélange avec beaucoup de doigté et d'ingéniosité. Créé par Samy Chiboub et Hocine Boukella du groupe Cheikh Sidi Bemol, Thalweg est né du désir d'explorer les territoires communs aux musiques celte et berbère. Ce projet a vu le jour en janvier 2000 et a pris corps au sein de l'association l'Usine, lieu de répétition de plusieurs groupes, dont l'Orchestre national de Barbès (ONB).