Le Kényan Eliud Kipchoge a remporté hier le marathon de Berlin en 2h03:34, devant l'inattendu Ethiophien Guye Adola, un spécialiste du semi-marathon qui s'alignait pour la première fois sur 42,195 km, alors que les deux grands favoris de l'épreuve, Kenenisa Bekele et Wilson Kipsang avaient abandonné, juste avant le 30e km. «Les conditions n'étaient pas faciles à cause de la pluie, et heureusement qu'il n'y avait pas trop de vent», a indiqué le vainqueur après l'arrivée, ajoutant qu'il ne s'attendait pas à se battre «contre quelqu'un d'autre que Bekele ou Kipsang», avouant cependant être «content d'avoir battu Adola. Le combat tant attendu entre les trois meilleurs marathoniens du moment a tourné court en effet, après l'abandon de Bekele et Kipsang au 30e km, privant l'épreuve berlinoise du match au sommet que les organisateurs avaient espéré, ainsi que d'un nouveau record du monde que certains spécialistes avaient anticipé. Chez les dames, c'est la compatriote de Kipchoge, Gladys Cherono, qui s'est imposée en 2h17:21. Sûr de sa force, Kipchoge avait clairement décidé de ne pas s'occuper de ses deux adversaires. Ses lièvres sont donc partis sur des bases plus rapides que le record du monde, obligeant Kipsang et Bekele à prendre sa foulée, au risque d'exploser en route. Le groupe de tête, dans lequel s'accrochaient le Kényan Vincent Kipruto et l'Ethiopien Adola, est passé à la mi-course en 1h01:29. Soit une quinzaine de secondes plus vite que le temps de Dennis Kimetto, lorsqu'il avait établi son record du monde sur le même parcours en 2013 (1h01:45). Contre toute attente, le premier des cinq à «sauter» a été Kenenisa Bekele, le vainqueur de l'an dernier, décroché dès le 24e km. Kipruto a lâché prise quelques minutes plus tard. Puis, deuxième énorme surprise, Kipsang s'est arrêté et a abandonné au passage de la barrière des 30 km. Kipchoge se retrouvait alors seul avec Guye Adola, un athlète à peu près totalement inconnu du grand public, qui n'avait aucun temps de référence sur marathon. L'Ethiopien a tenté une attaque au 36e kilomètre, prenant une dizaine de mètres d'avance, mais Kipchoge, le sourire aux lèvres, revenait mètre après mètre dans le final pour franchir la ligne en premier, quelques mètres après être passé sous la Porte de Brandebourg. En mai dernier, lors d'un événement organisé par Nike sur le circuit automobile de Monza, en Italie, Kipchoge avait couru les 42,195 km en 2h00:24 sec, évidemment la meilleure performance jamais réalisée par un être humain. Le temps n'a pas été homologué car Kipchoge a bénéficié de conditions qui n'existent pas en compétition. Mais le Kenyan en avait tiré la conviction qu'il pouvait battre le record du monde dès cette année à Berlin.