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L'éloge de la nuit coloniale (1e partie)
FRANCE : LA LOI DU 23 FEVRIER
Publié dans L'Expression le 22 - 06 - 2005

«La Nation exprime sa reconnaissance aux hommes qui ont participé à l'oeuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française... » (loi française du 23 février 2005, article 1).
Il y a 143 ans un beau matin de juillet, la France envahissait l'Algérie et, pendant 132 ans, la politique du sabre et du goupillion n'a cessé de terrasser le peuple algérien. Il y a 43 ans de cela, au bout de 2800 jours de combat, l'Algérie redevenait indépendante. La France, qui n'a jamais au fond accepté de perdre l'Algérie, vient le 23 février 2005, promulguer une loi de repentance et de reconnaissance pour «l'oeuvre admirable accomplie par les colons en Algérie»
En tout état de cause, ceci relève des affaires intérieures de la France, seulement il n'est pas possible en l'occurrence, de parler de réconciliation entre les deux peuples, d'oubli, voire, nous dit-on, de traité sans que l'on sache toutefois ce que cela veut dire, si dans le même temps on réveille les vieux démons et surtout on veut inculquer à travers l'injonction qui est faite aux enseignants d'enseigner la gloire du colonialisme aux petits écoliers perpétuant ainsi, une vision de l'histoire monolithique, dénuée d'équilibre.
En fait, le colonialisme français, comme tous les colonialismes occidentaux, plongeait ses racines cinq siècles auparavant dans l'irrésistible poussée à l'invasion par l'Occident des territoires, des civilisations fragiles ou sur le déclin comme ce fut le cas de l'empire ottoman «l'homme malade de l'Europe» à l'époque, qui n'est plus en Europe pour les révisionnistes.
Les racines du colonialisme et de l'impérialisme
Commencée avec la découverte à peu près simultanée de l'Amérique (1492) et de la route maritime des Indes (1497), la suprématie européenne dure plus de cinq siècles, moins d'un dixième des temps historiques et d'un millième du passé de l'homme. Brève au regard du temps, elle a toutefois constitué par son extension géographique à toute la planète, le phénomène le plus universel de l'histoire de l'humanité. Rayonnement dans tous les sens, puis déclin rapide, la colonisation occidentale fut une négation de la condition humaine.
En réalité, l'expansion européenne a répondu à des mobiles impérialistes, mercantiles, militaires, idéologiques, politiques, religieux etc. extrêmement divers, et qui se mêlaient, suivant les pays et les époques, de façons très différentes. On ne sut d'ailleurs jamais bien laquelle précédait l'autre, la convoitise ou la spiritualité. En 1493, le pape Alexandre VI partage la Terre entre l'Espagne et le Portugal. Le méridien situé à 370 lieues de l'ouest de l'archipel du Cap-Vert formera la limite entre les deux Empires: à l'ouest, tout appartiendra à l'Espagne, à l'est tout au Portugal. Il fallait que «la religion catholique fût exaltée et partout répandue, et que les nations barbares soient soumises à la Foi». L'Espagne et le Portugal, qui dominaient les mers, devaient s'en charger. La souveraineté temporelle du pape sur la terre et les droits de l'empereur ne constituent déjà plus pour eux des titres suffisants à la conquête des Indes.
«A l'aube des temps, tout était commun, et chacun pouvait se rendre où bon lui semblait». Il y a donc un droit naturel au libre accès à toutes les richesses de la terre et à leur commerce, à l'universelle circulation des hommes et à leur libre établissement partout. D'autre part, les «barbares» étant hors d'état d'assurer eux-mêmes leur salut, il appartient aux chrétiens de s'en charger, non seulement pour l'exaltation de la Foi, mais dans l'intérêt même des assujettis.
Apparaissent ainsi très tôt les thèmes du «patrimoine commun à tous les hommes», du «fardeau du chrétien et de l'homme blanc», - The white man burden - ainsi que de la primauté du salut des hommes, thèmes complètement ignorés des Anciens et des colonisations orientales et méditerranéennes.
Pour mémoire, un siècle avant le 8 mai 1945, le 19 juin 1845, la tribu des Ouled Riah, qui fut chassée de ses habitations par les détachements incendiaires du colonel Pélissier, s'était réfugiée dans les grottes avoisinantes. A partir de ce moment, la barbarie coloniale se mit en branle, en mettant le feu aux fagots de bois placés à l'entrée des grottes. Bilan provisoire: 760 victimes civiles parmi lesquelles des et des enfants. Les échos de ce massacre ont pu parvenir en Europe et susciter une grande indignation chez l'opinion publique. Sans plus, car un massacre de cette ampleur perpétré contre des populations civiles, constitue certainement un crime contre l'humanité, selon les définitions du Tribunal de Nuremberg, et donc, ne saurait rester impuni.
Parler des Français du deuxième collège de la condition des nouveaux dhimmis de la République est à peine toléré s'ils sont invisibles. Le Cfcm est une vaste supercherie qui ne représente nullement les Français musulmans un peu comme un Crif au rabais au point qu'une place au dîner annuel du Crif mobilise toute la classe française qui vient prêter allégeance.
A bien des égards, la loi du 23 février 2005 est assimilable par sa virulence et ses attendus à un «nouveau code de l'Indigénat» qui, faut-il le rappeler considérait l'Algérien comme un prisonnier dans son propre pays, un catalogue à la Prévert (41 infractions avec le tarif en termes de châtiment y afférent) était constamment brandi à la face de l'Algérien par le pouvoir colonial.
La «douleur des peuples» a toujours été «récupérée» quels que fussent les époques, les Etats pour des considérations électoralistes loin de la morale. Ainsi, Le 11 novembre 1996. Dans une déclaration solennelle qui engageait déjà le pays tout entier, en raison des fonctions de son auteur, alors chef de l'Etat, Jacques Chirac affirmait: «Plus de trente ans après le retour en métropole de ces Français [d'Algérie], il convient de rappeler l'importance et la richesse de l'oeuvre que la France a accomplie là-bas et dont elle est fière.»
23 février 2005: Vote de la loi relative à la «reconnaissance de la nation» et à la «contribution nationale en faveur des Français rapatriés». L'article 4 de ce texte est ainsi rédigé: «Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit.» Des dispositions voisines existent également pour «les programmes de recherche universitaire».
Entre ces deux dates, il y avait eu la proposition de loi du 5 mars 2003 déposée par de nombreux députés. Parmi eux se trouvait Philippe Douste-Blazy, aujourd'hui ministre des Affaires étrangères.
Relativement à «l'oeuvre» réputée «positive» de la France en Afrique du Nord et dans les autres territoires de l'empire, à la nécessité d'inscrire cette version officielle de l'histoire dans les manuels scolaires et les programmes universitaires, on s'attendait à de vives critiques destinées à combattre cette prétention inacceptable à imposer, à tous les niveaux de l'Education nationale, une interprétation ouvertement partisane de ce passé contraire aux libertés les plus élémentaires: celles de l'enseignement et de la recherche; on découvre peu ou pas de contestation véritable sur le fond.
Etonnante compromission que motivent sans doute d'inavouables préoccupations électoralistes et la volonté de ne rien faire et de ne rien dire qui puisse froisser les harkis et les rapatriés d'Algérie dont tous les élus, de droite comme de gauche, se disputent les suffrages.
Plus singulier encore, le député François Liberti, pour le groupe communiste et républicain, a déposé un amendement afin que les manifestants réunis à l'appel du commandement de l'OAS le 26 mars 1962 pour protester contre la très récente conclusion des accords d'Evian, puis tombés sous les balles de la police française rue d'Isly à Alger, soient reconnus comme «morts pour la France». Des héros donc, auxquels la nation toute entière devrait rendre hommage en réhabilitant leur engagement en faveur de l'Algérie française. Cet amendement, également défendu par le socialiste Kléber Mesquida.
Une loi mensongère
En fait, nous dit Olivier Le Cour-Grandmaison, la loi du 23 février n'a pas jailli du néant, plusieurs parlementaires et ministres l'ont préparée sous des formes différentes depuis plus d'un an, il écrit: «De la déclaration présidentielle de 1996, écrit pour sa part Olivier Le Cour-Grandmaison, elle prouve que l'exemple vient de loin et de haut, au vote de la loi sur les harkis et les rapatriés d'Algérie, un même projet politique, cohérent et obstinément défendu par l'actuelle majorité, s'affirme : réhabiliter le passé colonial de la France et imposer, dans le même mouvement, une version officielle et mythologique de l'histoire de la conquête impériale et de la colonisation.
Telle est aussi la fonction du «mémorial d'outre-mer», en partie financé par l'Etat, qui doit être édifié à Marseille en 2006 afin de présenter «la réalité de la présence et de l'action des Français hors métropole», Olivier Le Cour-Grandmaison. Le colonialisme a la peau dure par Libération, mercredi 30 mars 2005
Lors d'un débat modéré au Sénat français par Jean-Pierre El Kabbach un «autre ami de l'Algérie» et relatif à la loi du 23 février, l'historien Claude Liauzu rappelle qu'en vertu de la loi de 1881 sur la liberté de l'enseignement de l'histoire, l'Etat n'a pas à dire comment l'histoire doit s'enseigner. La loi du 23 février 2005 est «profondément mensongère quand elle prétend que la colonisation n'a eu que des aspects positifs». Elkabbach l'interrompt: «Pour vous, elle n'a eu que des aspects négatifs.» Et Claude Liauzu de répondre : «Nous ne sommes pas manichéens. L'Inspection générale de l'enseignement a souligné que cette loi est dangereuse.» Sur la neutralité des historiens, Liauzu répond: «Nous avons un devoir déontologique. Les signataires de la pétition représentent des courants divers.» Que fait-on de l'article 4 lui demande Elkabbach. «Il faut l'abroger», répond Claude Liauzu. En avril, Claude Liauzu a lancé avec deux autres historiens, Gérard Noiriel et Gilbert Meynier, un mouvement de protestation qui a pris une grande ampleur contre les articles 4 et 13 de la loi du 23 février 2005.
L'article 4 qui enjoint aux enseignants de reconnaître «le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord», stipule que: «Les programmes de recherche universitaire accordent à l'histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu'elle mérite et accordent à l'histoire et aux sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit.» L'article 13 réhabilite les anciens de l'OAS en les rétablissant dans leurs droits à la retraite.
«Adopté par le Parlement français, écrit l'historien Claude Liauzu, le 23 février 2005, ce texte de loi reste muet sur la face sombre de la colonisation, les sévices et les crimes dont furent victimes les populations des territoires colonisés.
Il ignore les répressions, la torture... Un ambassadeur vient de reconnaître les responsabilités de la France dans les massacres commis à Sétif (Algérie) le 8 mai 1945, jour où s'achevait la Seconde Guerre mondiale et où l'humanité célébrait la victoire contre le nazisme. Serait-il un ambassadeur de l'''anti-France'', comme on disait, au plus sombre de la guerre d'Algérie, pour discréditer toute opposition?» «Il ne s'agit pas ici d'exprimer une quelconque animosité contre les Français des colonies ou, en particulier, les «pieds-noirs» d'Algérie, même si la mémoire de leurs souffrances, bien réelles, les rend parfois insensibles aux douleurs des autres victimes du conflit algérien. Bien plus dramatique fut le sort de nombreux «harkis» qui, ayant combattu au sein des forces coloniales, furent abandonnés et livrés à la haine populaire. Ceux qui réussirent à fuir se retrouvèrent parqués dans des sortes de « réserves », dépouillés de leur dignité. Claude Liauzu: Une loi contre l'histoire Le Monde Diplomatique Avril 2005 La loi stipule notamment: « Les programmes de recherche universitaire accordent à l'histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu'elle mérite.»


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