L'armée irakienne a débuté hier l'offensive à Hawija, dernier bastion de l'EI en Irak Les forces irakiennes cherchaient hier à briser les défenses du groupe Etat islamique (EI) à Hawija après avoir progressé en direction de ce dernier bastion de l'organisation jihadiste dans le nord de l'Irak. Désormais acculé dans tous ses fiefs en Irak et en Syrie voisine, l'EI voit son «califat» proclamé en 2014 s'écrouler face aux offensives de ses adversaires soutenus par les Etats-Unis ou par la Russie. La deuxième phase de l'offensive pour reconquérir Hawija a été lancée avant l'aube hier par l'armée, les unités antiterroristes, les forces d'intervention rapide, les forces paramilitaires du Hachd al-Chaabi et les forces tribales. Ces forces «ont commencé une vaste opération pour libérer le centre de Hawija et les localités environnantes de Rachad, Ryad et Abassi», a dit le général Amir Yarallah, qui dirige les opérations, dans le communiqué. Selon lui, elles ont lancé l'assaut en traversant la rivière au nord de Hawija, puis «ont érigé des ponts pour sécuriser la traversée des unités se dirigeant vers Abassi», à une dizaine de km au sud-ouest de Hawija. Selon un communiqué de Hachd al-Chaabi, l'EI a mis le feu à deux puits de pétrole au sud de Hawija «pour freiner l'avancée» des troupes gouvernementales. La région de Hawija (230 km au nord de Baghdad) est tombée aux mains de l'EI en juin 2014, en même temps que celle de Mossoul, la deuxième ville d'Irak qui a été reprise en juillet dernier par les forces irakiennes appuyées par l'aviation de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. La ville, qui compte 70.000 habitants, est située dans la province pétrolière de Kirkouk, que se disputent le gouvernement central et la région autonome du Kurdistan, voisine. «Nous annonçons aujourd'hui le lancement de la seconde phase des opérations de libération de Hawija», a annoncé hier dans un communiqué le Premier ministre Haider al-Abadi, commandant en chef des forces armées. «Ainsi que nous l'avons promis aux fils de notre pays, nous allons libérer chaque partie de l'Irak, défaire et détruire les gangs de Daesh», a dit M. Abadi. «Nous sommes à la veille d'une nouvelle victoire». Le 21 septembre, les forces irakiennes avaient lancé la première phase de l'offensive pour reprendre Hawija, à la faveur de laquelle elles avaient reconquis une vingtaine de localités dont la principale Al-Charqat. La reprise de ces localités au nord-ouest de Hawija leur avaient permis d'avancer en direction de la ville. Trois ans après l'offensive éclair qui avait permis à l'EI de s'emparer d'un tiers de l'Irak et de près de la moitié de la Syrie voisine, le territoire conquis se réduit comme peau de chagrin. Outre Hawija, l'organisation jihadiste contrôle encore deux villes dans la province occidentale d'Al-Anbar: Rawa et surtout Al-Qaïm, frontalière de la province de Deir Ezzor en Syrie. Le 19 septembre, les forces irakiennes ont lancé une offensive pour reconquérir ces deux villes. La guerre anti-EI en Irak se poursuit en pleine crise entre le pouvoir central et la région autonome du Kurdistan qui vient d'organiser un référendum en faveur de l'indépendance, contre l'avis de Baghdad. Le porte-parole de la coalition internationale, le colonel américain Ryan Dillon, a souligné l'impact de ce référendum sur les opérations antijihadistes. «Le rayon laser dirigé contre l'EI ne l'est plus à 100%». En Syrie, l'EI est également en grande difficulté dans sa «capitale» Raqqa (Nord), perdant 90% de la ville face aux Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par Washington. L'organisation jihadiste est aussi confrontée à une offensive des FDS dans l'est de la province de Deir Ezzor (Est) et à un assaut du régime syrien soutenu par la Russie dans la capitale provinciale éponyme. Malgré ses difficultés sur le terrain, l'EI a tué jeudi au moins 58 membres des forces syriennes contre des barrages dans la province de Deir Ezzor et celle voisine de Homs, selon une ONG. Ces attaques ont été menées le jour de la diffusion par l'EI d'un enregistrement audio attribué à son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, qui a appelé ses combattants à «résister» et à multiplier les attaques contre les «ennemis».