Ces associations sont devenues par la force des choses un véritable fonds de commerce. Depuis quelque temps, le ministère de l'Intérieur a instruit ses services afin de passer au crible toutes les associations à caractère national ou local. Les trois corps des services de sécurité sont chargés d'établir des rapports bien détaillés sur chaque association, plus particulièrement celles qui ont bénéficié de subventions de l'Etat. Le mouvement associatif dans sa globalité est concerné par ces enquêtes. C'était le défunt Brahim Lakrouf, directeur de la vie associative au sein du ministère de l'Intérieur qui était chargé de récolter toutes les informations nécessaires concernant le mouvement associatif en Algérie pour prendre par la suite les mesures qui s'imposent. Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur M. Nourredine Yazid Zerhouni est, semble-t-il, déterminé à faire le ménage au sein des milliers d'associations qui n'existent que sur le papier et qui ont profité durant des années des largesses de l'Etat. En fait, le dossier des associations est un véritable scandale qui risque, le jour où il éclatera, d'éclabousser pas mal de personnes et de personnalités. Intervenant à l'APN l'année dernière, le ministre de l'Intérieur avait pour rappel affirmé que sur les 73.000 associations agréées, seules 5 000 oeuvrent réellement au profit de la société. Elles sont, d'après M.Zerhouni, plus de 68.000 associations à ne rien faire, donc inutiles. Ces associations sont devenues par la force des choses un véritable fonds de commerce et un moyen rapide et très efficace pour se faire de l'argent. Car, il faut préciser que ces associations, présidées très souvent par des opportunistes notoires, n'hésitent pas à organiser des «quêtes» pour la cause de l'heure et ce, en toute illégalité. L'argent récolté qui atteint parfois des sommes astronomiques n'est contrôlé par aucun organisme et est employé à des fins strictement personnelles, parfois n'atterrit même pas dans les caisses de l'association en question. Ceci pour les associations qui disposent d'un agrément dûment délivré par le ministère de l'Intérieur, quand c'est une association à caractère national, et par la wilaya quand il s'agit d'association à vocation locale. Que dire alors des associations qui ne disposent d'aucune autorisation et qui, pourtant, sont détentrices de cachets humides qu'elles se font établir sans aucun document officiel. La loi, là-dessus, est très claire. Cela s'appelle ni plus ni moins que «faux et usage de faux». Pourtant, elles sont des centaines, voire des milliers à utiliser le même procédé sans pour autant s'inquiéter le moins du monde. Ces associations parasites qui s'accrochent aux basques des puissants du moment, telles des girouettes ne ratent aucune occasion ni aucun événement pour prêcher la bonne parole. Partis de rien, les membres de ces associations se sont retrouvés à la tête de véritables fortunes récoltées auprès de citoyens bernés par des promesses qui se sont avérées par la suite sans lendemain. Les services du ministère de l'Intérieur, d'après nos sources, s'intéressent particulièrement à ces «associations» dont les responsables se sont adonnés à un «véritable trafic d'influence». Ce phénomène, faut-il le souligner, a pris de l'ampleur la décennie écoulée pour carrément déborder ces dernières années. C'est pour toutes ces raisons, selon toute vraisemblance, que le ministère de l'Intérieur ne délivre plus d'agrément et a instauré un contrôle rigoureux, en attendant de séparer le bon grain de l'ivraie, oserions-nous dire. Les enquêtes préliminaires déclenchées par les services habilités auraient clairement établi de graves anomalies aussi bien dans la gestion que dans le fonctionnement de nombre d'associations réparties à travers le pays. D'après des sources proches du département de Zerhouni, la loi sera appliquée dans toute sa rigueur. Ainsi, des dossiers bien ficelés et prouvant la culpabilité de membres d'un grand nombre d'associations sociales, politiques, culturelles ou à caractère économique, seront transmis aux tribunaux. Les autorités seraient particulièrement irritées par les agissements des personnes qui, au nom du projet d'amnistie générale du président de la République, ont sauté sur l'occasion pour en faire un fonds de commerce. Ainsi, les services de sécurité auraient recensé plusieurs cas de collecte d'argent à travers le pays, au nom justement de l'amnistie générale, sans que les pouvoirs publics ne soient informés de quoi que ce soit. Il est clair que le ménage que fait actuellement l'Etat au sein du mouvement associatif est plus que salutaire. Mais il reste bien évidemment que des associations, qui n'ont pas bénéficié d'un radis de la part de l'Etat continuent de travailler bénévolement sans aucun sou dans les caisses et ce au service de la société et du citoyen. Les pouvoirs publics devraient pareillement se pencher sérieusement sur les «mouvements» qui activent sur le terrain sans trop se faire de publicité car ayant placé au préalable l'intérêt du pays avant toute considération.