La planche à billets, dernier recours de l'Algérie... Ahmed Ouyahia a estimé, hier, à Arzew que la loi sur les hydrocarbures n'est plus attractive pour les investisseurs étrangers et a insisté sur la nécessité d'investir dans le domaine du gaz de schiste au regard des capacités dont dispose le pays. «Le pétrole demeurera un moteur essentiel dans l'économie nationale, et le gouvernement continuera à assister Sonatrach dans ses différents projets d'investissement.» Ainsi parlait hier, le Premier ministre en visite au pôle pétrochimique d'Arzew à l'est d'Oran. Coup sur coup, le chef de l'Exécutif assène des vérités, certes douloureuses, mais il fallait les dire. Après avoir révélé, il y a quelques jours, que le recours au financement non conventionnel n'est pas une option, mais une contrainte, après avoir changé la loi sur la monnaie et le crédit, voilà qu'il annonce que la loi sur les hydrocarbures qui n'est plus attractive pour les investisseurs étrangers, doit être elle aussi amendée. Dans la foulée il a conseillé, sans réserves, le groupe Sonatrach à recourir à l'exploitation des gaz non conventionnels, communément appelés gaz de schiste. Ouyahia n'est pas un rêveur et il a le courage de ses opinions. L'économie algérienne traverse un moment crucial avec la chute des prix du baril et avec la tendance baissière actuelle, le chemin est tout tracé vers une faillite, c'est une vérité implacable. L'Algérie peut-elle éviter le chaos? Oui répond le Premier ministre qui ne s'encombre pas de détails. La mise en oeuvre d'une économie productrice de richesses est certes une urgence. Mais ceux qui ont été chargés de cette mission sont restés au stade du balbutiement. Aujourd'hui, le temps presse, l'heure est grave, il y va de l'avenir de tout une nation. Pourquoi alors se priver d'une ressource naturelle qui, de plus, existe en abondance dans notre pays? L'investissement de Sonatrach dans l'exploitation du gaz de schiste sera encouragé par le gouvernement afin que le groupe pétrolier mobilise toutes ses potentialités dans la production des hydrocarbures. Pour Ouyahia, «les potentialités de Sonatrach permettent d'être optimistes quant aux perspectives d'avenir, pour le secteur des énergies. C'est un message d'espoir au peuple algérien, notamment en cette période difficile marquée par une fluctuation des cours du pétrole sur les marchés internationaux», affirme-t-il. Le Premier ministre n'est pas naïf sachant que le dossier du schiste risque de soulever une tempête de la part de ceux qui guettent de pareilles opportunités. On se rappelle des manifestations à In Salah, au sud du pays, en 2015, arguant des risques que cette exploitation faisait peser sur l'environnement. Ouyahia anticipe et suggère au Groupe Sonatrach de mener une campagne de sensibilisation auprès des populations locales pour couper l'heure sous les pieds d'éventuels auto-stoppeurs du militantisme. «Nous estimons que le groupe pétrolier national dispose de capacités nécessaires pour expliquer au peuple algérien qu'il ne s'agit pas là d'une démarche aventurière mais d'une option visant à garantir l'avenir en matière énergétique». A cette nouvelle mission de communication de proximité qu'il vient d'assigner à Sonatrach, Ouyahia n'a pas manqué de féliciter le groupe pétrolier pour toutes ses performances en dépit des difficultés auxquelles il fait face ces dernières années, tout en l'assurant de la confiance du président Bouteflika et du gouvernement. «Il est temps pour que Sonatrach exploite toutes ses énergies au service de l'entreprise et du pays», a-t-il exhorté les responsables de la firme pétrolière nationale. Il y a quelques années, l'image du groupe Sonatrach a présenté de graves préjudices en raison des affaires de corruption dont ont été rendus responsables certains de ses cadres. Une nouvelle ère s'ouvre pour Sonatrach, mais que de défis que de challenges...