Des pétitionnaires de la Nouvelle-Calédonie ont dénoncé «une manipulation» de la France pour faire basculer les résultats du référendum d'autodétermination de ce territoire non autonome en sa faveur, appelant l'ONU à dépêcher une mission pour superviser le déroulement de ce scrutin prévu en 2018. La mission onusienne devrait suivre et évaluer les différentes étapes de ce processus, menacé déjà par une «instrumentalisation» manifeste, menée à grande échelle par la France, ont relevé ces pétitionnaires à la commission de décolonisation de l'ONU. «Manipulation, instrumentalisation et pièges sont à l'oeuvre autour de cette bataille de chiffres pouvant faire basculer dans un sens ou dans l'autre la majorité au référendum de 2018», a déclaré Rock Wamytan, président du groupe UC-Flnks et nationalistes. Près de 23.000 Kanaks ne sont pas inscrits à la liste électorale, a déploré Rock Wamytan, précisant que cela pourrait les empêcher d'exercer leur droit à l'autodétermination. Cette situation n'est que le résultat du non-respect par la «puissance administrante de l'accord de Nouméa et de la poursuite d'une politique de colonie de peuplement», a-t-il précisé lors d'un débat à la quatrième commission auquel a pris part le président de la Nouvelle Calédonie, Philippe Germain. «Le droit du peuple calédonien à disposer de lui-même ne peut être sacrifié sur l'autel des intérêts de la France», a-t-il enchaîné. Il a souhaité qu'une mission du comité spécial de la Quatrième commission puisse se rendre en Nouvelle-Calédonie en 2018 au moment du référendum. De son côté, le président du Front de Libération nationale Kanak et socialistes (Flnks), Mickael Forrest, a tenu à rappeler que le référendum d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie, prévu par l'accord de Nouméa, doit être «libre, équitable et authentique, conformément à la Charte, aux principes et aux pratiques de l'ONU». Pour rappel, les accords de Nouméa signés par la France en 1998 prévoient deux nouveaux référendums en Nouvelle-Calédonie jusqu'en 2022. Le président du Flnks a ajouté que les Kanaks avaient «besoin d'une ONU responsable et efficace» pour mener à terme ce processus, sollicitant également la Quatrième commission pour «l'envoi d'une mission de visite du Comité spécial en Kanaky-NC avant, pendant et après le référendum de 2018». M. Forrest a relevé que l'accord de Nouméa n'a pas été respecté par les parties prenantes, «la gestion des ressources naturelles servant encore des intérêts étrangers et le dialogue relatif à l'accession du territoire à la pleine souveraineté est à l'arrêt». Et d'ajouter: le Flnks «compte sur l'appui des Nations unies pour relancer la mise en oeuvre de l'accord de Nouméa dans les prochains mois». Durant ce débat centré sur la situation des trois territoires non autonomes du Sahara occidental, de l'île de Guam et de la nouvelle Calédonie, le représentant du Venezuela, dont le pays préside la Quatrième commission, a demandé aux pétitionnaires des précisions sur le timing de cette mission ainsi que sur la contribution de l'ONU à la tenue de ce référendum. En réponse, M.Wamytan a souhaité que cette mission intervienne début 2018 et soit suivie d'une autre mission pour superviser le découpage électoral et l'établissement des listes. «Ces missions donneront confiance aux populations kanakes pour qu'elles puissent se déplacer et faire les démarches nécessaires», a-t-il dit, précisant qu'il se rendra à Paris dans les jours qui viennent pour discuter de cette question. Pour sa part, la présidente du Comité vérité justice de Kanaky, Diana Machoro, a rappelé que son organisation avait été créée en 2011, à l'occasion de la trentième commémoration de l'assassinat de Pierre Declercq, leader indépendantiste et ancien secrétaire général de l'Union calédonienne. Evoquant «la liste des morts troubles et suspectes pendant la période d'insurrection kanak contre le colonialisme français», elle a déclaré que «oui, l'Etat colonial a montré ce qu'il ferait à tous ceux qui souhaiteront emprunter le chemin de l'indépendance». Elle a ensuite déploré le fait que toutes les demandes de réouverture des dossiers ayant fait l'objet d'amnisties aient été refusées. Se tournant vers la Quatrième Commission, elle a sollicité le soutien de ses membres pour obtenir de la «puissance de tutelle la levée du secret défense sur ces Dossiers».