Les échanges économiques entre les deux pays ne dépassent pas pour le moment 4 millions de dollars. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, peut constituer une terre d'accueil pour les investisseurs algériens. Tel est le message que l'ambassadeur du Nigeria a tenté de faire passer hier à l'occasion de la tenue du forum d'affaires algéro- nigérien à la Chambre algérienne du commerce et d'industrie (Caci). «Le Nigeria a besoin encore de développer son industrie, son agriculture, les énergies renouvelables et le domaine des services», a fait savoir Demenongue A. Agev. «Au Nigeria, on importe encore de l'emballage, des médicaments, des produits cosmétiques, plusieurs fruits et légumes...», s'est adressé le conférencier aux investisseurs et hommes d'affaires algériens présents en force dans la salle. Pour le représentant diplomatique du Nigeria «les investisseurs algériens sont capables de relever ces défis. Car ils ont assez de savoir- faire et d'expérience dans ces domaines». L'aventure des investisseurs algériens ne pourrait être qu'avantageuse au Nigeria. «En effet, mon pays offre assez d'avantages fiscaux et d'accompagnement. Un investisseur étranger peut faire aboutir son projet en 48 heures», argue-t-il. «Les avantages que présente le Nigeria ont attiré quelque 41 milliards de dollars comme investissements étrangers. a souligné de son côté le président de la Chambre du commerce et d'industrie du Nigeria. «Nous attirons les investisseurs américains et européens, mais nous privilégions les Algériens. L'Afrique doit profiter aux Africains», a-t-il ajouté. Selon l'ambassadeur du Nigeria l'investissement entre l'Algérie et le Nigeria doit connaître sa mise en place dès maintenant, car les défis des deux pays sont maintenant après la chute des prix du pétrole, les mêmes. En plus de cela, les deux pays verront la réception de deux gigantesques infrastructures, à savoir la route transsaharienne et le port de Cherchell. A propos de la transsaharienne, l'ambassadeur du Nigeria a profité de l'occasion pour démentir les rumeurs selon lesquelles le projet connaîtra un changement dans l'itinéraire. Interrogé lors du point de presse organisé en marge de la rencontre sur le taux faible des échanges économiques entre les deux pays, et ce, dans la mesure où ils ne dépassent pas les 4 millions de dollars, l'ambassadeur s'est dit lui-même déçu de ce taux faible. Répondant sur la même question, le vice-président de la Caci Amour Riadh s'est dit lui aussi ne pas comprendre cette situation. «Néanmoins, ce dont je suis sûr c'est qu'il y a une sérieuse volonté de la part des pouvoirs publics algériens de développer cette coopération, particulièrement après la tenue l'année dernière d'un forum des hommes d'affaires africains en Algérie», signifie-t-il.Le facteur de l'insécurité qu'a connue l'Algérie par le passé peut aussi expliquer une telle situation, a laissé entendre l'ambassadeur du Nigeria. Prenant la parole lors du débat qui a suivi la présentation des opportunités d'investissement au Nigeria, de nombreux investisseurs ont pris la parole pour souligner que le Nigeria est un pays complètement inconnu pour les Algériens. «Nous ne connaissons rien de ce pays», se sont accordés à dire plusieurs intervenants. L'absence de la logistique est aussi un frein, ont fait remarquer d'autres. «Le transport coûte très cher vers ce pays.» Le problème de la concurrence se pose aussi dans ce pays, ont déploré de leur côté quelques autres investisseurs algériens, en ajoutant que la Banque d'Algérie n'est pas prête pour le moment à ouvrir des banques dans les pays africains et le gouvernement algérien ne s'empresse pas encore pour l'idée de la zone libre africaine. Donnant par ailleurs son avis l'ex-président de la Caci, Bendjaber Brahim, et actuel chef d'entreprise «Bibo», sur la qualité des produits algériens de pouvoir s'imposer au Nigeria, Bendjaber a souligné que c'est du domaine du possible. Le produit local qui a pu s'imposer dans le marché algérien pourra s'imposer facilement au Nigeria. Bendjaber Brahim qui connaît bien le Nigeria pour l'avoir déjà visité a dit qu'il est un pays très attractif et rentable. «Le seul problème qui se pose avec ce pays, sont les difficultés en rapport avec les moyens de transport. Ce problème disparaîtra dès que la transsaharienne et le port de Cherchell seront opérationnels», espère-t-il. Rencontré de son côté dans le forum, le directeur commercial de «l'Eniem» Mustapha Rabia, a indiqué que l'Eniem est en train de faire des prospections dans ce pays. «Nous comptons sérieusement cibler ce marché. Il y a tant d'opportunités de réaliser des dividendes.» Sur la difficulté de la concurrence étrangère, Rabia soulignera que ce problème se pose aussi en Algérie. «Il ne faut pas avoir peur de la concurrence. A l'Eniem, nous craignons uniquement la concurrence déloyale.»