Le représentant permanent de l'Algérie auprès de l'ONU a recadré son homologue marocain devant la quatrième commission de l'ONU chargée de la décolonisation. Le dernier bastion du colonialisme en Afrique doit être démantelé. C'est au peuple sahraoui d'en décider. Un droit qui lui est garanti par la légalité internationale. L'Algérie appelle à ce qu'il soit respecté. Comme un roc, sa position demeure invariable. Elle s'appuie sur le droit international pour que le peuple du Sahara occidental puisse décider librement un jour de son avenir. Son occupation par le Maroc depuis 1975 n'a que trop duré. Ce qui met en danger la stabilité de la région. L'Algérie le déplore. «La résolution du conflit du Sahara occidental est une question urgente et cruciale, pour la stabilité, le progrès et l'intégration du Maghreb, seule sous-région d'Afrique qui ne connaît pas encore un tel processus», a déclaré, devant la quatrième commission de l'ONU chargée de la décolonisation, son ambassadeur représentant permanent auprès de l'ONU, Sabri Boukadoum cité par une dépêche de l'APS datée du 12 octobre. Le diplomate algérien venait de recadrer son homologue marocain, Omar Hilale, qui avait prétendu que l'avis consultatif de la Cour de justice internationale de 1975 reconnaissait l'union des tribus du Sahara avec le peuple marocain dans leur allégeance au roi du Maroc. Une thèse soutenue par Rabat pour revendiquer la «marocanité» du Sahara occidental grâce à une lecture falsifiée de cet avis consultatif qui a conclu à l'inexistence de lien juridique entre le Sahara occidental et le Maroc qui puisse empêcher la mise en oeuvre de la résolution 1514 portant sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux. Le représentant permanent de l'Algérie à l'ONU, pour lui rafraîchir la mémoire, l'a convié à le relire. «Toutes les résolutions de l'ONU sur le Sahara occidental adoptées à la fois par l'Assemblée générale et par le Conseil de sécurité ont réaffirmé de façon constante et sans équivoque la nature juridique de ce conflit ainsi que le principe d'autodétermination à mettre en oeuvre», a rappelé le diplomate algérien. Un argument massue qui brise le «rêve» marocain. Ce n'est en fait pas la première fois que le Maroc est mis face à une vérité historique qu'il feint d'ignorer. L'arrêt rendu à la fin de l'année dernière par les magistrats de l'Union européenne a confirmé que le Maroc n'a aucun droit à exercer sa souveraineté sur ce territoire inscrit sur la liste de l'Organisation des Nations unies, des territoires non autonomes qui restent à décoloniser. «... Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l'expression «territoire du Royaume du Maroc, qui définit le champ territorial des Accords d'association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire», a conclu la Cour européenne de justice dans son arrêt rendu le 21 décembre 2016. «C'est le dernier avant-poste de l'occupation coloniale en Afrique, qui doit être démantelé dans l'accomplissement de la vision des pères fondateurs, à lutter pour une Afrique pleinement indépendante et souveraine», a déclaré en mai 2015 Robert Mugabe, président du Zimbabwe et président en exercice de l'Union africaine à l'époque, lors de la cérémonie de célébration des 52 ans de la fondation de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA). S'il reste un objectif à atteindre pour l'Union africaine (ex-OUA), c'est bien la décolonisation du Sahara occidental. «Il reste une tâche à accomplir, parce que la mission émancipatrice de l'OUA (rebaptisée UA, Ndlr) a été accomplie à l'exception de la région du Sahara occidental», avait souligné pour sa part l'ex-présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma. Le Maroc fait la sourde oreille préférant se focaliser sur l'Algérie. Omar Hilale son ambassadeur à l'ONU ne s'en est pas privé devant la quatrième commission de l'ONU chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. Ce qui lui a valu un tacle magistral de la part de Sabri Boukadoum. Ses paroles retentissent comme des balles de Kalachnikov. «Eh bien, je commence par dire que j'ai entendu tant de fois le mot Algérie, que j'étais sur le point de penser qu'il y avait un autre ambassadeur d'Algérie ici, parce qu'il a mentionné plus de 40 fois l'Algérie», s'est-il gaussé. «Mais il a dit des choses tellement désagréables qu'il ne peut être l'ambassadeur d'Algérie, certainement pas», a -t-il ironisé face aux propos haineux de l'ambassadeur marocain contre l'Algérie. «Je promets de ne rien dire sur le Maroc», a conclu Sabri Boukadoum avec un sang-froid qui tranche avec la violence verbale de Omar Hilale. Une leçon de pratique de la diplomatie qui a fait tourner en bourrique le représentant du roi du Maroc à l'ONU.