La majorité des Etats membres participant aux travaux de la commission de l'ONU chargée des Politiques spéciales et de la décolonisation ont parlé lundi d'une seule voix pour dénoncer les pratiques coloniales honteuses du Maroc au Sahara occidental. «Il est temps de mettre un terme à l'occupation marocaine du Sahara occidental». «L'ONU est tenue de s'acquitter de sa responsabilité vis-à-vis du peuple sahraoui par l'organisation d'un référendum d'autodétermination». «Il est temps que le peuple sahraoui jouisse pleinement de ses droits sur son pays et rejoigne sa place parmi nous aux Nations unies», ont, notamment clamé les représentants de plusieurs pays qui sont intervenus à la clôture d'un débat général sur la décolonisation organisé par cette commission. Affaibli par ce constat et n'ayant pas d'arguments de fond même pour prétendre défendre l'indéfendable, le représentant du Maroc, Omar Hilal, connu pour ses excès en tout genre, s'est mis à attaquer les Etats membres en particulier l'Algérie et le Venezuela. Omar Hilal a été d'abord ridiculisé par le représentant permanent du Venezuela qui a démontré sans équivoque, séance tenant, les limites du diplomate marocain qui a recouru à une fuite en avant pour détourner l'attention sur la question de la décolonisation du Sahara occidental. Il a vu ensuite ses manœuvres s'effondrer devant l'argument incontestable du représentant de l'Algérie, M. Sabri Boukadoum qui a relevé devant les délégations présentes à ce débat les questionnements de fond relatifs à la mission encore inachevée de l'ONU concernant le processus de décolonisation de l'Afrique. Le représentant de l'Algérie a mis le Maroc face à ses responsabilités en tant que puissance occupante du Sahara occidental, dernière colonie d'Afrique, qui ne cesse de faire recours à la politique d'obstruction tous azimut au processus onusien. Depuis la première résolution du Conseil de sécurité en 1975 déplorant l'envahissement du Sahara occidental par le Maroc et exigeant son retrait immédiat de ce territoire et jusqu'au dernier texte adopté en avril 2016, le Conseil de sécurité a insisté sur le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui en demandant la tenue d'un référendum confié à la Minurso, dont le mandat a été reconduit pour mener à terme cette mission. Une réalité que l'ambassadeur du Maroc a évité d'y faire face, en se cachant derrière une politique de l'autruche et en mettant en avant une soi-disant proposition d'autonomie qui a démontré ses limites comme en témoigne la déclaration du Secrétaire général de l'ONU de novembre 2015 et les résolution successives du Conseil de sécurité qui reconduisent d'année en année le plan de règlement de 1991. L'ambassadeur d'Algérie a rappelé à ce titre que les accords de Madrid de 1975 auxquels Omar Hilal se réfère consacrent une autre preuve irréversible que le Maroc n'a aucun droit sur le Sahara occidental, car ces accords impliquaient le partage de ce territoire entre Rabat et la Mauritanie. Et si, comme le représentant marocain le prétend, «les populations sahraouies dans les territoires occupés vivent dans un paradis et que celles dans les camps de réfugiés souffrent l'incarcération et les violations des droits de l'homme, pourquoi le Maroc aurait-il peur d'un referendum?», s'est interrogé l'ambassadeur Boukadoum, avant d'ajouter que dans «ce cas-là les résultats d'une telle consultation référendaire permettraient nécessairement à ceux qui sont incarcérés d'opter pour rejoindre l'autre camp». En répondant à Omar Hilal, le représentant de l'Algérie s'est demandé pourquoi le Maroc refuse toujours d'accueillir une mission d'enquête dans la région s'il est vraiment persuadé de ses propos. C'est sur cette note que le représentant de l'Algérie a lancé un défi au Maroc de faire, pour une seule fois, preuve de sérieux et de bonne foi et de reprendre les négociations avec le Front Polisario, la deuxième partie du conflit. Résolution de l'ONU, nouvel échec pour le Maroc Le ministère sahraoui des Affaires étrangères a indiqué que la réaffirmation par l'ONU du droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et la nature de la question du Sahara occidental en tant que question de décolonisation, constitue un nouvel échec pour les tentatives du Maroc d'induire en erreur l'opinion publique internationale. Dans un communiqué, rapporté mardi par l'agence de presse sahraouie (SPS), le ministère a souligné que la quatrième Commission de l'Assemblée générale de l'ONU vient d'adopter ce 10 octobre 2016 par consensus le projet de résolution sur la décolonisation du Sahara occidental, affirmant que cette «résolution adoptée par consensus souligne à nouveau la responsabilité de l'ONU envers le peuple sahraoui». «Le projet de résolution, co-parrainée par 26 pays, réaffirme la doctrine de l'ONU sur la cause du peuple sahraoui, en tant que question de décolonisation de la dernière colonie en Afrique et réaffirme le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, conformément aux dispositions de la résolution 1514 (XV) de décembre 1960», a-t-on ajouté. La 4e commission de l'Assemblée générale de l'ONU, chargée des questions spéciales et de la décolonisation a adopté lundi à New York une résolution réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. La résolution adoptée à l'issue d'un débat général sur la décolonisation qui a duré plusieurs jours, a également réaffirmé le soutien de l'Assemblée générale de l'ONU au processus de négociations initié par le Conseil de sécurité en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. La résolution, présentée par 25 pays, dont l'Algérie a salué à cet égard les efforts entrepris par le Secrétaire général et son Envoyé personnel pour le Sahara occidental, Christopher Ross, pour la relance de ces négociations, à l'arrêt depuis 2012. Le texte adopté, par consensus, a invité toutes les parties et les Etats de la région à coopérer pleinement avec l'émissaire de l'ONU. Globalement, le document a repris les idées claires et majeures de l'ONU sur la résolution du Conflit au Sahara occidental qui consistent à appuyer la relance des négociations entre le Front Polisario ainsi que les efforts de médiation menés par Christopher Ross. Les délégations des pays participant au débat de la quatrième commission sur la décolonisation ont apporté un large soutien au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination en appelant à la reprise des négociations entre les deux parties du conflit. L'adoption de la résolution intervient alors que la situation sécuritaire dans la zone d'Alguergarat dans le sud du Sahara occidental, où le Maroc veut construire une route en violation de l'accord de cessez-le-feu de 1991, reste tendue. L'escalade marocaine dans cette zone vise à saper les efforts de l'ONU qui compte lancer une proposition formelle pour relancer les négociations sur le Sahara occidental occupé, jusqu'ici entravées par le Maroc. Comment Rabat soudoie des pétitionnaires à l'ONU Des documents confidentiels ont révélé comment le Maroc a soudoyé des pétitionnaires étrangers pour plaider sa thèse sur le Sahara occidental aux Nations unies, mettant à nu la machine à corrompre de Rabat. Sept documents officiels du ministère des Affaires étrangères marocains et de la représentation du Maroc auprès des Nations unies dévoilent l'étendue de cette opération de corruption visant à tromper l'opinion de la communauté internationale sur la question Sahraouie. Obtenus par le hacker Chris Coleman, qui avait déjà dévoilé beaucoup de secrets liés au conflit du Sahara occidental, les documents livrent les détails de cette vaste opération de corruption : «choix des pétitionnaires et des thèmes d'interventions et les montants versés aux intervenants qui prennent la parole pour défendre la politique coloniale du Maroc devant la commission de décolonisation de l'ONU». Les documents révèlent également la stratégie de confrontation mise en place par le Maroc pour saborder toutes les actions du Front Polisario au sein de l'organisation onusienne. Dans une correspondance classée confidentielle datée de l'année 2012, le ministère des Affaires étrangères avait instruit le directeur général de l'agence marocaine de coopération internationale de prendre en charge six pétitionnaires qui devaient, alors, témoigner à l'ONU en faveur du Maroc. La prise en charge comprenait un perdiem de 2 200 dollars américain pour chaque pétitionnaire, un billet d'avion classe affaire et le payement de cinq nuitées d'hôtel du 7 au 12 octobre 2012. Le ministère a chargé cette agence de prendre les dispositions nécessaires pour que cette prise en charge soit assurée par la mission permanente du Maroc à New York. Dans un autre document du ministère des Affaires étrangères marocain, il est mentionné les noms des pétitionnaires et les thèmes choisis sur lesquels ils doivent intervenir. Le document en question illustre la grande manipulation exercée par Rabat qui dicte et oriente le contenu des pétitionnaires à la quatrième commission. Plus encore, dans une troisième correspondance, intitulée note de cadrage, consacrée aux enjeux et aux objectifs du Maroc par rapport à la 69e AG de l'ONU tenue en 2014, «le ministère des Affaires étrangères a tracé une ligne de conduite aux diplomates marocains pour contrer le Front Polisario et l'Algérie au Nations unies». Le MAE marocain est allé jusqu'à demander à la délégation marocaine à la quatrième commission chargée de la décolonisation d'observer une démarche de confrontation et de combat, pour ne pas laisser à l'Algérie et au Polisario l'opportunité de défendre» la cause. La note révèle, par ailleurs, la procédure de choix des pétitionnaires étrangers intervenant à la quatrième commission. «S'agissant des pétitionnaires proposés cette année par le Maec, ils sont au nombre de neuf. Leur profil a été bien choisi : journalistes, juristes, universitaires, historiens et correspond aux thématiques proposées (réformes politiques au Maroc, initiative marocaine d'autonomie et sa conformité avec l'exercice de l'autodétermination, modèle de développement des provinces du sud», a écrit le ministère marocain dans sa note.