Un réseau de trafiquants démantelé par-ci et d'énormes quantités de stupéfiants et même des plantations de pavot et de cannabis sont saisies par-là, l'heure est grave. L'Algérie est-elle réellement devenue un pays producteur de drogue? La question mérite d'être posée. Car, décidément, il ne se passe pas un jour sans que les services de sécurité mettent la main sur un réseau de trafiquants de drogue, d'énormes quantités de stupéfiants et même des plantations de pavot et de cannabis. C'est l'amer constat effectué, mais qui risque de prendre des proportions incontrôlables. Récemment, la brigade mobile de l'inspection divisionnaire des douanes de Naâma a saisi 40 kilogrammes de kif traité. C'est ce qu'a indiqué, hier, Slimane Zemmouri, directeur régional des douanes de Béchar. A en croire le même responsable, cette saisie a été opérée lors d'un contrôle routinier sur un tronçon routier, utilisé comme point de passage par les trafiquants venant des frontières ouest du pays. Au cours de cette même opération, les douaniers ont saisi cette quantité de stupéfiants et appréhendé un trafiquant qui a été présenté devant la justice. Celle-ci a ordonné la mise en détention préventive du trafiquant. C'est un feuilleton qui nous rappelle le triste scénario des deux derniers mois. Flash-back sur les faits. Le panier est lourd: plus de 12 quintaux de kif traité ont été saisis. Et ce, lors des opérations effectuées, depuis le début du mois de mai dernier, par les brigades de la Gendarmerie nationale, dans certaines régions de l'ouest du pays. Ainsi, 109kg et 650 grammes de kif traité ont été saisis le 17 juin dernier, dans l'étable d'un sexagénaire, située à la sortie est de la localité d'Ogga (wilaya de Mascara). C'est ce qu'ont indiqué les services de la Gendarmerie nationale dans un communiqué diffusé vendredi dernier. Les brigades de Sig ont procédé à une perquisition de domicile, dans la région de Senia (wilaya d'Oran), qui a permis, outre l'arrestation de deux personnes, la saisie de cinq (5) quintaux et soixante quinze (75) kg de kif traité. Lors de la même opération, la gendarmerie a, également, saisi un camion et un véhicule léger. Ces derniers étaient destinés au transport des stupéfiants, a-t-on fait savoir. Menée par les brigades de gendarmerie de l'ouest du pays, cette opération est, selon les mêmes sources, la deuxième du genre. Une action similaire menée par le groupement d'Aïn Témouchent, dans la nuit du 6 au 7 mai dernier, a permis l'immobilisation d'un véhicule léger transportant six quintaux de kif traité. Le constat est loin d'être la trame d'un scénario de film à l'américaine. Le gouvernement a réaffirmé sa ferme détermination à «lutter résolument et de manière implacable contre le terrorisme et les nouveaux fléaux» qu'il nourrit. Dans la liste, figurent, notamment, le crime organisé et le trafic de drogue qui constituent une «agression contre l'Etat et contre la société et ses valeurs fondamentales». Le staff de l'Exécutif prévoit, comme arme de bataille, le renforcement des moyens de lutte contre le terrorisme et les actions subversives, la criminalité, le trafic de drogue et la délinquance ainsi que la modernisation des moyens de la police technique et scientifique. Il est temps de rallier toutes les instances et les corps concernés à la cause. Viendra ensuite, et dans le même plan de bataille, le rôle de la société civile dans la prévention contre la drogue. A cet effet, une conférence nationale se tiendra demain sous l'égide de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Elle regroupera toutes les associations activant dans le domaine de lutte contre les stupéfiants à travers les 48 wilayas du pays. L'heure est grave. Le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, Abdelmalek Sayah, a annoncé, le 11 du mois en cours, que les textes d'application de la loi promulguée en décembre 2004 pour lutter contre le phénomène de trafic et de consommation de la drogue sont finalisés et seront bientôt publiés dans le Journal officiel. Sur le terrain, il est question de traquer 44 barons trafiquants de stupéfiants. Au vu donc de l'important arsenal juridique et de la sensibilisation de la société civile sur le danger de la drogue, les pouvoirs publics comptent mener une guerre sans merci contre ce phénomène qui menace des générations entières.