Le prix du pétrole a enregistré sur l'ensemble de 2009, une progression de 78%, la plus forte hausse depuis dix ans. C'est une véritable résurrection qu'ont connu les prix du brut. Après avoir atteint le record historique des 147 dollars le 11 juillet 2008 et être tombés à 32,40 dollars au mois de décembre de la même année, ils viennent de manquer de peu la marche des 80 dollars. En l'espace de douze mois, le baril de «Light Sweet Crude», le baril de brut léger américain, vient de réaliser une extraordinaire performance: une progression de près de 80%. «Une solide ascension de dix mois qui a porté le baril jusqu'à 82 dollars en octobre 2009, pour un prix moyen à 62 dollars sur cette année entamée à 33 dollars», font remarquer les analystes de Barclays Capital. Insaisissable, le marché pétrolier a jeté à nouveau des doutes, quant à sa stabilité retrouvée lorsque, le 14 décembre, il replongeait sous la barre des 70 dollars. Et l'on pensait que l'on se dirigeait tout droit vers les prévisions faites par le ministre algérien de l'Energie et des Mines au mois de mai 2009. «En termes de prix, nous ne pouvons faire que des prévisions approximatives. Nous estimons que nous allons atteindre 60 à 65 dollars d'ici la fin de cette année, et si l'économie mondiale reprenait début 2010, particulièrement dans l'Union européenne, ça donnerait un coup de fouet à la demande pétrolière qui se traduirait par des prix entre 70 et 75 dollars», avait déclaré à la presse Chakib Khelil en marge de la présentation du bilan 2008 de la commission de régulation de l'électricité et du gaz. La réalité du marché allait non seulement répondre aux objectifs que se sont fixés les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui souhaitaient voir les prix se stabiliser autour des 75 dollars, mais ces derniers allaient dépasser de loin les prévisions, certes prudentes, du président sortant de l'Opep. La vigueur que connaissent les cours de l'or noir depuis plus de deux semaines est due principalement à l'action combinée entre la sévère vague de froid que connaît, notamment, le nord-est des Etats-Unis, une région réputée comme étant l'une des plus grandes consommatrices de fioul au monde, et la diminution des stocks de pétrole américains. Deux semaines consécutives de recul des réserves de brut et des produits distillés ont propulsé les prix du pétrole au-dessus du seuil des 79 dollars dès mercredi. Le rapport hebdomadaire du DoE, le département de l'énergie, faisait mention d'une diminution des réserves de brut de l'ordre de 1,5 million de barils lors de la semaine achevée le 25 décembre, tandis que les produits distillés (gazole et fioul) ont baissé de 2 millions de barils. Ces chiffres, conformes aux prévisions des experts, sont cependant venus s'ajouter à ceux de la semaine dernière, plus importants et inattendus. 4,9 millions de barils et 3,1 millions de barils respectivement. Cela a suffi à confirmer le redressement des cours du brut. «Les prix ont reflété le fait que c'est la deuxième semaine consécutive affichant des diminutions dans les catégories clés. Les acteurs du marché pourraient anticiper un nouveau recul la semaine prochaine», a souligné l'analyste de Prestige Economics. «Même si les stocks restent élevés, la perspective d'éventuelles baisses ultérieures apporte un élan positif aux prix sur le marché du pétrole», a ajouté et expliqué Jason Shenker. Il faut signaler que malgré le raffermissement de la devise américaine par rapport à la monnaie unique européenne, les cours de l'or noir ont engrangé une hausse de 1,31 dollar en une semaine alors que le volume des échanges était très restreint à cause des fêtes de fin d'année. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en février, a terminé l'année sur une note positive en affichant 79,36 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord clôturait quant à lui sur une légère baisse de 10 cents à 77,93 dollars. La performance du baril de pétrole sur l'ensemble de l'année 2009 est remarquable. Il s'agit de la plus forte hausse annuelle des prix du brut jamais enregistrée depuis dix ans. Doit-on s'attendre à un éventuel fléchissement du marché pétrolier qui nous a habitués à certaines surprises, plutôt angoissantes pour l'avenir de l'économie nationale? «Historiquement, avant 2008, on observait une hausse en janvier, parce qu'il fait froid, que la demande est plus forte. On revient à la normale en quelque sorte, parce que le marché était très déséquilibré», a expliqué l'analyste indépendant Ellis Eckland. La progression des prix du pétrole, qui va se heurter à la bonne tenue du dollar et de la reprise timide de l'économie mondiale dans les pays développés, gros consommateurs d'or noir, devrait tout de même se poursuivre. Un baril à 85 dollars en 2010 pour les analystes de Barclays Capital. Les experts les plus téméraires le voient autour des...150 dollars!