M.Tifour a toutefois exclu l'octroi de logements nouveaux aux familles sinistrées. Alors que depuis quelques jours les manifestations des sinistrés de l'oued se poursuivent à Djanet et prennent des proportions de plus en plus alarmantes, le wali d'Ilizi, lui, favorise l'apaisement et entend jouer à fond la carte du dialogue. «Je reste ouvert au dialogue. Je me suis déplacé à Djanet au lendemain de la tragédie où j'ai visité l'ensemble des quartiers El Mihane, El Djazira et Aghoum et je me suis entretenu avec les familles des sinistrés», nous a indiqué Boualem Tifour que nous avons rencontré au siège de la wilaya à Illizi. En «comprenant» la colère de la «cinquantaine» de jeunes sinistrés et en légitimant quelque part cette réaction, le premier responsable d'Illizi souhaite agir sur le terrain de façon progressive, «en fonction de la situation», dit-il. Et pourtant, depuis le début des manifestations, les familles sinistrées ont exigé son déplacement sur les lieux pour «qu'il prenne en compte leurs revendications». Sa réponse: «Je suis un commis de l'Etat. Hier, j'ai dirigé à distance (par téléphone) la rencontre qui avait réuni l'administration locale de Djanet aux représentants des quartiers en question» a-t-il indiqué et d'ajouter pour faire valoir, semble-t-il, son engagement dans le règlement de la crise: «Après l'ampleur du drame, nous avons pris des décisions que nous avons immédiatement exécutées. D'autres mesures interviendront dans les jours qui suivent». Pour autant, la souplesse dont M.Tifour fait montre, laisse place, peu à peu, à une fermeté et une rigueur absolue pour ce qui est notamment des principales revendications des 72 familles sinistrées de Djanet, à savoir le relogement dans des habitations neuves et l'indemnisation des biens mobiliers. Sur le premier point, le wali, balaie d'un revers de la main le voeu des sinistrés de loger dans les nouveaux logements sociolocatifs en cours de construction dans le quartier d'Ifri à 7 km de l'est de la ville de Djanet: «Il n'y a pas de logements disponibles. Ceux d'Ifri seront distribués dans le cadre de la commission de la Daïra, comme le stipule la loi», assure-t-il. Quelque 400 familles sinistrées, dans toutes les régions touchées de la wilaya bénéficieront, selon lui, d'une aide au logement rural. L'autre sujet qui fâche: les indemnisations. Sur cette question, notre interlocuteur s'est montré plutôt hésitant en soutenant que cette question sera étudiée incessamment et que, ajoute-t-il, cette approche ne prendra en considération que les biens et les propriétés assurés. Une réponse qui vient a contrario du souhait des habitants d'El Djazira, d'El Mihane et d'Aghoum qui n'ont eu de cesse de réclamer les indemnisations promises, selon eux, par le wali en personne. Pour ce qui est par contre des fellahs sinistrés (l'oued a ravagé plus de 100 hectares, le wali a précisé que leurs dossiers ont été établis et envoyés au ministère de l'Agriculture pour une éventuelle indemnisation. M.Tifour s'est toutefois borné à chiffrer les dégâts du désastre qu'il estime avoisiner les 60 milliards de centimes. Il a indiqué également que les mesures d'urgence relatives à la prise en charge des familles sinistrées ont été prises dès le début et que d'autres sont en cours de réalisation dont la remise en état des maisons endommagées, des réseaux électriques et hydrauliques. M.Tifour a indiqué que pour ce faire, la wilaya d'Illizi a voté un budget exceptionnel et qu'un million de dinars a été déboursé par ses services. Le ministère de la Solidarité nationale, lui, a dépêché plus de 40 milliards de denrées alimentaires, le Croissant-Rouge algérien a acheminé une aide de 13 tonnes, alors que la Sonatrach, d'après lui, a donné son accord de principe pour une aide conséquente.