Les autorités locales se sont montrées «incapables» de trouver une solution à une crise qui risque de se compliquer. Après l'oued, c'est le déluge populaire qui commence à prendre forme dans la capitale de N'Azdjer. Hier encore, les familles sinistrées d'El Djazira et d'Aghoum - deux quartiers situés à quelque 7 km à l'est de la ville de Djanet, considérés comme les plus touchés par la tragédie - sont revenus à la charge en bloquant, tout au long de la journée, la route nationale. Selon des sources à Djanet, les protestataires, qui représentent quelque 80 familles sinistrées, après l'échec des négociations, dimanche dernier, avec le wali délégué de la daïra lequel, ajoutent nos sources, aurait refusé de leur accorder le statut de sinistrés, placent la barre haute et réclament la présence à Djanet du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia ou, dans une seconde mesure, celle d'un membre du gouvernement, pour trouver une issue à cette crise «qui risque de se compliquer si l'administration locale ne fait pas preuve de compréhension», nous dit-on ici à Djanet. Certaines voix évoquent le déplacement du ministre de l'Intérieur, mais personne n'est en mesure de confirmer ou d'infirmer cette information. Le risque est d'autant plus réel que les contestataires prévoient de radicaliser le mouvement en organisant des manifestations «monstres» lors du quarante-troisième anniversaire de l'Indépendance nationale, le 5 juillet prochain. Dans la matinée d'hier, des contacts ont été établis par le député d'El Islah, Abdelkader Boughrar, auprès des manifestants pour calmer un tant soit peu les esprits. Surtout que la visite du wali d'Illizi, Boualem Tifour, exigée depuis le début de la crise, tarde à se faire. Tous demandent sans exception leur relogement dans de nouvelles habitations car, soutiennent-ils, les dégâts provoqués par l'oued sont tels qu'il est quasiment exclu de parler de réintégration des domiciles endommagés même si les autorités locales misent sur la réhabilitation des demeures en question. D'après notre source, les concernés réclament leur recasement dans une nouvelle cité située dans le quartier d'Ifri, à quelque 7 km de l'est du chef-lieu de la commune. A Djanet, les sinistrés s'estiment lésés et revendiquent le même traitement que celui réservé aux sinistrés du séisme de Boumerdès. Les sensibilités tribales aidant, rien n'indique, à l'heure actuelle, une détente d'où que ce soit si ce n'est l'intervention en médiateurs de quelques personnalités locales. Les séquelles de la tragédie sont à ce jour visibles à Djanet. Les pluies torrentielles qui se sont abattues des jours durant, depuis le 16 juin dernier, sur la région, ont provoqué des dégâts estimés par le wali d'Illizi à 60 milliards de centimes. Outre les citoyens d'El Djazira, d'Aghoum, ce sont les fellahs des oasis de Djahil également qui font les frais de la mésaventure climatique. D'après le président de l'APC de Djanet, Brahim Touahria, ils seraient au nombre de 240. Les réseaux électriques et ceux de l'assainissement des eaux usées ont été particulièrement touchés. La réhabilitation des maisons endommagées a débuté dans le quartier d'El Djazira au même moment où l'on commence à rétablir les réseaux électriques. Le problème de la distribution, étroitement lié à la disponibilité de l'énergie électrique, traîne encore. La distribution de l'eau potable est assurée par les camions-citernes de la commune. Par ailleurs, si les autorités locales n'ont soufflé mot sur les raisons qui ont provoqué une telle tragédie, les citoyens de Djanet mettent en cause ces mêmes autorités auxquelles ils reprochent l'arrêt de la réalisation de la digue. Le chef de la daïra, lui, donne une autre explication à ce sujet. «L'argent ne nous a pas suffi pour construire la digue», nous a-t-il affirmé samedi dernier. C'est justement sur ce sujet que les langues se sont déliées et tout indique que cette affaire ne restera pas sans suite. Pourquoi a-t-on arrêté le projet de la digue? Sur ordre de qui? Ce sont là les questions auxquelles les Djanétiens n'ont pas, à ce jour, trouvé de réponse. Affaire à suivre...