Seif el Islam al Gueddafi, avec Abdallah Senoussi et Baghdadi Mahmoudi, tous condamnés à mort Dans un tel contexte, la déclaration de Ghassan Salamé en marge de l'Assemblée générale de l'ONU selon laquelle le processus de règlement politique est ouvert à toutes les factions, y compris les partisans de l'ancien régime de Mouamar al Gueddafi, aura surpris tout le monde. A peine nommé en juin dernier comme représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé a pris la mesure complexe du dossier avec la réunion qui a eu lieu récemment à Tunis, confirmant les profondes divisions entre les protagonistes. Sa mission consiste à permettre une sortie de crise rapide, mais on s'est rendu compte combien la tâche reste hasardeuse. Outre le différend entre le GNA de Fayez al Serraj, né de l'accord de décembre 2015, et le tandem Haftar- Parlement de Tobrouk, il y a les paramètres du CGN de Ghweil qui conteste ledit accord ainsi que les positions fluctuantes des deux principales milices qui pèsent sur la situation militaire et civile de la Libye, à savoir celles de Misrata et de Zintan. Dans un tel contexte, la déclaration de Ghassan Salamé en marge de l'Assemblée générale de l'ONU selon laquelle le processus de règlement politique est ouvert à toutes les factions, y compris les partisans de l'ancien régime de Mouamar al Gueddafi, aura surpris tout le monde. Pourtant, elle s'inscrit logiquement dans la dynamique de la réconciliation à laquelle adhère la milice de Zintan qui détenait dans ses geôles, à 180 km de la capitale, le fils de Gueddafi, Seïf el Islam, condamné à mort par un tribunal de Tripoli le 28 juillet 2015, mais libéré l'an dernier par les responsables de Zintan, en rupture de ban avec le GNA et convaincus qu'il peut jouer un rôle positif dans la transition actuelle. Dispersés entre la Tunisie, le Niger, le Qatar et d'autres contrées plus lointaines, la plupart des partisans de l'ancien «Guide» ont préféré se faire oublier, à commencer par ses propres fils au Niger et au Liban ainsi que sa fille au Qatar. Seul, Seïf el Islam aspire à porter les revendications de la tribu des Guedadfa et des nostalgiques de l'ancien régime dans le cadre global des négociations menées sous l'égide de l'ONU. Une ambition que Ghassan Salamé n'a pas jugé malvenue, mais dont il faudra convaincre les nombreuses forces hostiles à tout ce que peut incarner le fils de Mouamar al Gueddafi qui, aux derniers moments du régime, avait promis «des rivières de sang» aux rebelles de Benghazi, entre autres. Déjà, les Frères musulmans de Belhadj et les milices de Misrata auront bien du mal à accepter une telle carte, sans compter le Parlement de Tobrouk, même si ce dernier avait prononcé une amnistie générale qui ne peut que profiter à l'ensemble des Libyens, sans exception. Pourtant, la validité d'un accord politique approuvé par l'ensemble des factions exige que sa négociation soit l'affaire de toutes les composantes de la société libyenne, y compris les Gueddadfa et les monarchistes. Ces derniers affichent clairement leur volonté de contribuer à l'unification de leur pays, prêts à mettre un terme aux divisions et à lutter contre le terrorisme. Des motivations nécessaires et suffisantes pour en faire des partenaires crédibles du processus. La milice de Zintan dirigée par le colonel Ajmi al-Atiri, qui détenait Seïf el Islam en dehors de tout cadre légal et a toujours refusé de le remettre à la justice de Tripoli, semble faire partie désormais de ses plus chauds partisans, aux côtés des principaux chefs de l'imposante tribu des Gueddadfa. Aujourd'hui, on peut dire qu'une large partie des Libyens regrette la période du régime d'al Gueddafi et nourrit, par-delà les critères nostalgiques, une espèce de courant «gueddafiste». Des villes comme Syrte et Bani Walid en sont des symboles actifs et militent ouvertement pour le retour politique de la famille du Guide, en particulier celui de Seïf el Islam, faisant fi des charges qui pèsent contre lui. Mais, en dehors du fait que ses capacités d'homme politique capable de fédérer plusieurs factions autour de son programme, peut-on dire que la majorité des Libyens partagent un tel choix? Evidemment non, car même les plus chauds supporters de Seïf el Islam sont davantage motivés par la nostalgie de la sécurité et de l'ordre qui existaient avec Mouamar al Gueddafi alors que la Libye est aujourd'hui divisée entre trois gouvernements rivaux, une multitude de milices islamistes avec une économie sinistrée.