Un officier supérieur de la ville de Zenten en Libye a indiqué que Seïf Al-Islam Kadhafi était libre dans son pays et qu'il pourrait avoir un grand rôle à jouer à l'avenir. Le colonel Ajmi Al-Atiri, chef de la brigade Aboubakr Al Siddik, responsable des prisons à Zenten, a déclaré dans une vidéo diffusée par la chaîne satellitaire France 24 que « Seïf Al-Islam est mis en liberté et se trouve sur le sol libyen. C'est tout ce que je peux vous dire ». Selon le responsable militaire, le fils de Mouammar Kadhafi jouit encore d'une grande popularité dans son pays et aura un important rôle à l'avenir. D'après Al-Atiri, Seïf Al-Islam Kadhafi a bénéficié d'une loi d'amnistie générale décrétée par le Parlement de Tobrouk. Rappelons que Seïf Al-Islam a été capturé en novembre 2011 à l'ouest de la Libye par l'une des brigades de Zenten qui a refusé sa livraison aux autorités libyenne. Le fils du défunt Mouammar Kadhafi a été condamné à mort pour son rôle dans la répression sanglante des manifestations de 2011. Il dit vouloir contribuer à l'unification de la Libye Selon Marcel Ceccaldi, l'un de ses avocats, Seïf al-Islam dit vouloir contribuer à l'unification politique de la Libye, en finir avec les divisions du pays et lutter contre le terrorisme. Jugé avec trente-sept autres figures du régime par un tribunal de Tripoli, Seïf al-Islam avait été condamné à mort le 28 juillet 2015 pour son rôle dans la répression meurtrière de la révolte ayant mis fin à l'ancien régime en 2011. Mais la peine n'avait pas été exécutée. Et pour cause : ce dernier a été arrêté en novembre 2011 par une milice opposée au gouvernement de Tripoli alors qu'il essayait de fuir la Libye après l'exécution de son père. Depuis, celui qui avait promis aux rebelles "des rivières de sang" était détenu à Zintan, à environ 180 kilomètres au sud-ouest de la capitale. La milice dirigée par le colonel Ajmi al-Atiri, qui le détenait en dehors de tout cadre légal, a toujours refusé de le remettre à la justice de Tripoli. Lors de l'ouverture de son procès dans la capitale, en avril 2014, Seïf al-Islam avait d'ailleurs comparu par visioconférence depuis le tribunal de Zintan. Seïf al-Islam aurait bénéficié d'une loi d'amnistie générale décrétée par le Parlement de Tobrouk "conformément à la loi libyenne". Le pays est partagé depuis 2014 entre deux gouvernements – l'un installé à Tripoli, l'autre à Tobrouk, dans l'est du pays – qui ont chacun leur système judiciaire. Malgré la formation d'un gouvernement d'union nationale (GNA) à Tripoli, le 30 mars 2016, la division perdure et le GNA peine à asseoir son autorité sur l'ensemble du territoire. La CPI réclame le transfèrement du fils Kadhafi depuis 2011, ce qu'a toujours refusé la justice libyenne estimant être juridiquement compétente pour juger cette affaire. En outre, le prévenu n'était pas entre les mains des autorités libyennes de Tripoli mais entre celles des milices de Zintan. Les juges attendent donc toujours le feu vert des autorités libyennes. Maître Karim Khan, un autre de ses avocats, a de son côté, déclaré à France 24 qu'il allait soumettre une demande auprès de la CPI pour suspendre toute poursuite à l'encontre de son client. Nostalgie de l'ordre et de la sécurité Aujourd'hui, une large partie des Libyens regrette l'époque Kadhafi et le kadhafisme existe toujours. Certaines villes comme Syrte et Bani Walid, continuent dans sa majorité à soutenir la famille. Certains annoncent clairement le désir du retour de Saïf al-Islam, malgré les plaintes qui pèsent contre lui. Mais les Libyens regrettent-ils vraiment Kadhafi ? Sont-ils nostalgiques de la « Jamahiriya » ? Hasni Abidi, directeur du centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen nuance ces propos : « Je ne crois pas qu'il s'agisse vraiment de nostalgie pour Kadhafi, c'est plutôt une nostalgie de l'ordre et de la sécurité qui régnait sous Kadhafi, le prix de la sécurité et de cet ordre était très élevé pour les Libyens». « On peut parler d'une situation catastrophique, d'un chaos, aujourd'hui en Libye, avec trois gouvernements et une situation économique difficile, poursuit le chercheur. Du coup les Libyens se disent que la situation sous Kadhafi était meilleure. Dans les alliances tribales et l'alliance régionale, tout le monde a un rôle à jouer y compris la famille de Kadhafi. Saïf al-Islam peut jouer un rôle important, ce n'est pas exclu qu'il joue un rôle politique. Mais je crois que la page de la famille Kadhafi est tournée et qu'il est difficile aujourd'hui de revenir en arrière». Les supporteurs de l'ancien régime se trouvent en exil par milliers en Tunisie et en Egypte. Certains ont quand même osé un retour dans le pays, et une partie d'entre eux participe maintenant à la vie politique à Tripoli. Pour le cousin Ahmad Kadhaf el-Dam comme pour la famille, la chute du « guide » a installé le chaos en Libye : « Pour moi, la raison de l'intervention de l'Otan en Libye était d'empêcher Kadhafi de réaliser les Etats-Unis d'Afrique. Certains chefs d'Etats occidentaux trouvent que cela s'oppose à leurs intérêts et à leur volonté de piller les richesses de l'Afrique. J'ai écrit à l'ONU et aux chefs des pays qui ont participé aux bombardements de Tripoli en leur demandant de s'excuser auprès de la Libye et de corriger leurs erreurs. Les Libyens qui ont participé à ce chaos étaient eux-mêmes victimes de l'information faussée, des propagandes et d'une guerre psychologique.