L'Agence internationale de l'énergie, bras armé des pays de l'Ocde, craint qu'un choc pétrolier n'intervienne d'ici les trois prochaines années. Qui dit choc pétrolier dit flambée des cours de l'or noir. C'est dans l'air. Le pétrole n'a, en effet, pas encore dit son dernier mot. L'Algérie aussi. Le meilleur est apparemment devant nous. La crise financière que nous traversons grille certainement ses dernières cartouches. La trésorerie du pays qui s'est sévèrement érodée, sans que ne pointe le spectre de la faillite il faut le souligner, a de fortes chances de se renflouer plutôt que prévu. La planche à billets ne devrait donc pas tourner, plus que prévu, à plein régime. Et l'inflation doit se montrer moins féroce qu'elle n'a été pronostiquée par les adversaires du financement conventionnel. Un choix arrêté par le gouvernement pour éviter de recourir à l'endettement extérieur et préserver la souveraineté nationale, sur instruction du chef de l'Etat. Une option limitée. Pas plus de cinq années. Un délai qui risque d'être plus court. La raison? «Le manque d'investissement dans le secteur pétrolier des dernières années risque d'affecter les approvisionnements à l'avenir», a souligné, hier, le P-DG du géant pétrolier saoudien Armaco. «Peu d'investissements ont été consacrés au secteur de l'énergie (...). Des investissements de 1000 milliards de dollars ont été reportés ou annulés, avec la chute du prix du baril de ces dernières années», a déclaré Amin Nasser au cours d'une conférence économique à Riyadh à laquelle a pris part la directrice générale du Fonds monétaire international, christine Lagarde. Une situation qui fait craindre ni plus ni moins un choc pétrolier! L'Agence internationale de l'énergie, bras armé des pays de l'Ocde, craint qu'un choc pétrolier n'intervienne d'ici les trois prochaines années. «Il y a un risque de vive augmentation des prix, à moins que de nouveaux projets soient lancés prochainement», ont écrit les experts de l'Agence dans leur rapport sur les perspectives pétrolières à cinq ans. L'AIE estime que les projets engagés dans le passé suffiront à satisfaire la demande jusqu'en 2020, mais qu'il y aura des tensions au-delà. Les investissements dans l'exploration-production ont baissé de 25% en 2015 et de 26% en 2016, indique-t-elle confirmant les craintes du patron du géant pétrolier saoudien, Amarco de voir l'offre mondiale d'or noir insuffisante. Quelles conséquences cela peut-il avoir sur les prix? Les spéculations vont bon train. Certains ont flairé un baril à 100 dollars, même plus, dès le mois de juin. Des investisseurs achètent depuis quelque temps des contrats d'options misant sur la montée de la ressource vers 80 dollars le baril en 2018, 100 dollars en 2019 et 110 dollars en 2020, ont signalé des données du Dtcc (Depository Trust and Clearing Corporation) américain et de la Bourse New York Mercantile Exchange. Selon Robert McNally, président de l'agence Rapidan Group, la tendance à l'augmentation des prix pétroliers sera soutenue, en 2018-2020, par les changements dans les Bourses, la baisse de la production, ainsi que par une hausse de la demande, pousseront vers un baril à 100 dollars d'ici la fin de la décennie actuelle. Selon l'expert des questions énergétiques, Mourad Preure, ce niveau devrait être atteint plus rapidement. «Les prix vont être orientés vers la reprise à partir de 2017. Ils atteindront les 100 dollars le baril. A ce prix-là, le pétrole va retrouver son niveau structurel en raison d'un épuisement préventif des réserves américaines et d'une croissance exponentielle de la demande...», a estimé le spécialiste algérien dans une interview accordée au mois de février 2016 à L'Econews. «Le marché est en train de se resserrer, et les prix du pétrole sont plus facilement affectés par le risque géopolitique. Depuis le début de l'année, le marché souffre d'un déficit de l'offre d'environ 300.000 barils par jour», ce qui fait reculer les réserves mondiales, ont estimé, dans une déclaration faite hier, les analystes de Morgan Stanley. Le rééquilibrage du marché est en marche. L'opep et ses alliés se dirigent tout droit vers une reconduction de leur accord portant sur une baisse de leur production de 1,8 million de barils par jour au-delà de mars 2018. L'Arabie saoudite est prête à retrancher 560.000 barils par jour en novembre...Tout joue en faveur d'un décollage du baril.