Le Parlement catalan a voté l'indépendance Le parlement de Catalogne a adopté hier une résolution proclamant que la région est désormais un «Etat indépendant sous la forme d'une République». Quelques minutes plus tard, le Sénat espagnol a voté l'application de l'article 155 mettant fin à l'autonomie de la région. Avant même que le verdict du Sénat ne tombe, les indépendantistes ont précipité les évènements. Le Parlement de Catalogne a adopté hier une résolution proclamant que la région est désormais un «Etat indépendant sous la forme d'une République», pour ensuite entonner l'hymne indépendantiste, alors que l'opposition n'a pas assisté à la manoeuvre. Quelques minutes plus tard, le Sénat a voté la mise en oeuvre de l'article 155. Brasier ou feu de paille, il semble qu'on soit en train de revivre l'épisode de 1934 lorsqu'une éphémère République de Catalogne avait vu le jour pendant neuf heures exactement! Il aura fallu un mois de bras de fer, assorti de menaces à peine voilées, d'atermoiements et de rétropédalages pour que la crise politique en Espagne, née du référendum interdit sur l'indépendance de la Catalogne, trouve un tel aboutissement logique. Le Sénat espagnol a bien décidé hier la mise sous tutelle de la région catalane et, de ce fait, autorisé le gouvernement à appliquer les mesures légales, ce qui implique la destitution immédiate des dirigeants indépendantistes. L'issue du vote au Sénat ne faisait guère de doute, le parti conservateur du chef du gouvernement Mariano Rajoy disposant de la majorité absolue pour approuver sa demande, formulée voici deux semaines. Cette suspension de l'autonomie de la Catalogne est «la seule réponse possible» au projet indépendantiste, avait affirmé Mariano Rajoy qui considère que l'application de l'article 155» permet de «restaurer la légalité» mais également de «remédier aux conséquences économiques» des décisions des indépendantistes.»Je remplis mon obligation en mettant en marche le 155 face au mépris envers nos lois», avait-t-il alors argumenté. L'objectif de Mariano Rajoy est de suspendre l'exécutif catalan dont les prérogatives seront transférées aux ministères centraux: diriger la police, mettre en quarantaine le Parlement actuel et organiser de nouvelles élections. Le référendum du 1er octobre auquel se réfèrent les indépendantistes était, répète Madrid, «illégal» puisqu'il avait été interdit par les autorités espagnoles. Le gouvernement catalan de Carles Puigdemont est passé outre en organisant la consultation dans des conditions rocambolesques, avec un taux de participation de 43% et un «oui» proclamé de 90,18%! Prenant prétexte de la réaction de Madrid, les autorités catalanes ont dénoncé «la violence policière» tandis que le gouvernement Rajoy a mis en avant les nombreuses atteintes des indépendantistes aux forces de l'ordre et aux institutions. Une situation qui est allée bien au-delà de la confusion, les forces indépendantistes s'employant à envenimer les évènements tout en appelant au «dialogue», de sorte que leur supposé attentisme tranchait avec la volonté apparemment «belliqueuse» de Rajoy. En réalité, la situation s'avère plus complexe. Il aura fallu des semaines au gouvernement Rajoy pour obtenir du Sénat l'autorisation d'une riposte concrète aux provocations et aux surenchères catalanes qui ont été autant de coups portés à l'autorité centrale. Même la réaction du roi d'Espagne, le 3 octobre notamment, qui a réclamé de l'Etat qu'il fasse respecter «l'ordre constitutionnel», tout en dénonçant la «déloyauté inadmissible» des dirigeants catalans n'aura pas suffi à calmer les esprits, passablement surchauffés par une volonté délibérée de pourrir la situation jusqu'au point de non retour. Les calculs des indépendantistes qui ont appelé au secours l'Union européenne, mais en vain, est de tirer profit des mesures coercitives de Madrid afin d'élargir davantage leur base électorale et d'être ainsi prêts pour le rendez-vous des élections régionales anticipées convoquées par le gouvernement espagnol au plus tard dans six mois. A cause de cet imbroglio, de nombreuses entreprises dont des banques importantes comme Banco Sabadell et CaixaBank ou le groupe Gas Natural ont décidé de quitter la région. Elles ont été suivies par plus de 1500 autres entreprises qui ont transféré depuis leur siège social hors de la Catalogne. Les organismes économiques internationaux ont de leur côté tiré la sonnette d'alarme, prévoyant des résultats à la limite de la récession. Pressé par ses alliés, Oriol Junqueras, numéro deux du gouvernement catalan et la Candidature d'unité populaire (CUP - extrême gauche), Carles Puigdemont n'a pas une marge de manoeuvre suffisante pour poursuivre son louvoiement. Alors que les Banques catalanes comme Caixa Bank, Banco Sabadell ou Banco Santander accusaient le coup avec des baisses spectaculaires à la Bourse, quel devenir peut-on sérieusement envisager pour une Catalogne orpheline de l'Espagne lorsque les appels des indépendantistes n'ont rencontré, à ce jour, aucun écho sérieux auprès de la communauté internationale, sans compter le non catégorique asséné par l'Union européenne depuis le commencement?