Comment peut-on maîtriser le devenir économique et social de l'Algérie dans un nouveau contexte de mondialisation? C'est la problématique d'une réflexion abordée par le Conseil national économique et social (Cnes) qui, à travers son rapport ayant pour thème «Le pacte de croissance», a mis en exergue toutes les entraves qui empêchent la relance d'une croissance durable, créatrice de richesses et d'emplois, et ainsi le mode d'emploi à suivre pour pallier ces difficultés. Ainsi le Cnes ne disconvient pas qu'au cours de ces dernières années le pays a enregistré une amélioration du point de vue politique, économique et social. Seulement, cette «performance» a été nuancée par la persistance de tensions dans plusieurs domaines. «Le recul sensible du niveau de chômage, l'accumulation de ressources financières, la maîtrise de l'inflation et des équilibres macro-financiers sont autant d'indicateurs qui laisseraient déduire que la masse critique susceptible de déclencher un processus durable de croissance est atteint. Néanmoins, les caractéristiques structurelles liées principalement aux activités économiques et à celles de la population témoignent de la fragilité de ces performances», mentionne-t-on dans le rapport. Selon cet organisme, la prépondérance du secteur des hydrocarbures dans la structure de l'économie au détriment du secteur de l'industrie est de plus en plus forte, ce qui révèle que notre économie éprouve des difficultés à se diversifier. A titre d'illustration, il faut savoir qu'en 2004 la part de l'industrie dans le PIB ne représente que 6% contre près de 10% en 1996 et à titre comparatif, cette proportion est de 18% du PIB en Tunisie. «La diversification de l'économie, la nature de cette diversification et le rôle du secteur dans cette stratégie sont les principaux éléments d'une réforme structurelle exigée par les enjeux d'un développement durable», mentionne-t-on encore dans le document. Il est ainsi constaté que la redynamisation des secteurs productifs, malgré l'effort de l'Etat notamment en ce qui concerne l'épargne nécessaire à l'investissement, continue à être influencée par un environnement défavorable marqué par la persistance des entraves bureaucratiques, un système bancaire qui n'arrive pas à se hisser au niveau des exigences de l'économie de marché et les difficultés d'accès au foncier. Sur le plan social, il s'avère, selon ce rapport, que le chômage, lequel constitue la principale préoccupation de la société, continue de peser d'un grand poids dans la recherche d'une stabilité sociale. «La situation engendrée par le rétrécissement du marché du travail et les caractéristiques de la main-d'oeuvre ont transformé la notion de flexibilité en précarité, rendant ainsi le marché du travail de plus en plus dual et inégal», estime-t-on dans le document. Ce qui est à relever est que le taux de chômage chez les jeunes est en nette progression, il est de 73% chez les moins de 30 ans. «Dans les pays de l'UE, la sonnette d'alarme avait été tirée pour un taux de chômage de 10% chez les jeunes», énonce le rapport. Le plus préoccupant est que plus de trois quarts des chômeurs n'ont aucune qualification. Or, c'est la qualification qui accroît l'employabilité ou la probabilité de trouver un emploi. Ce n'est pas tout, les inégalités régionales et catégorielles sont parmi les facteurs induisant les tensions sociales vécues dans divers secteurs et régions. «La réapparition de tensions dans certaines localités est liée principalement aux difficultés des jeunes à accéder à l'emploi», ajoute le rapport. Il est clair pour le Cnes que la croissance est liée aux conditions psychologiques, sociologiques et instrumentales, notamment à travers un système de répartition plus adapté et un mode de gouvernance basé sur les valeurs d'éthique et de professionnalisme. Les nouvelles mesures incitatives à la croissance doivent être trouvées pour encourager et accompagner l'investissement tel que le tourisme, l'agriculture, la PME/PMI, les services en favorisant l'environnement financier, économique et commercial nécessaire à leur promotion. Sur un autre registre, le Cnes plaide pour l'élargissement de la concertation à toutes les forces politiques, économiques et sociales présentes sur la scène afin d'aboutir dans un climat de sincérité à la mise en oeuvre de dispositifs économique, et politique adaptés aux objectifs de développement et de croissance réelle et durable. «Une véritable sortie de crise ne peut s'envisager dans un cadre étroit de type ´"tripartite" avec les seuls partenaires économiques et sociaux traditionnels qui sont insuffisamment représentatifs de la sphère économique et sociale», estime le Cnes. De par cette analyse et ces conclusions, il semble que pour réussir le processus de redressement et de relance économique, il faut procéder d'abord par changer les mentalités et les habitudes, ce qui, selon ce conseil, constitue la principale difficulté du moment que «les gens ne sont pas toujours préparés à opérer les véritables réformes et choix qu'imposent l'insertion du pays dans le nouveau contexte international et l'option de modernité».