«Le livre est actuellement en véritable crise» nous confiera le directeur de cette maison d'édition, Karim Chikh, qui se plaint d'avoir édité seulement cinq ouvrages cette année «ce qui n'est pas dans nos habitudes» estime-t-il. Les Editions Apic situées au niveau du Pavillon central du Sila fête les dix ans de la collection Résonances panafricaines qui avait commencé par La géographie du danger de Hamid Skif et s'est conclue cette année par Le roi de Kahel de Tierno Monénembo. Ce dernier sort cette année encore chez Apic un nouveau roman intitulé Bled. Figurent aussi dans cette collection des titres tels La fête des masques de Sami Tchak, Ma planète me monte à la tête de Anouar Benmalek, Peuls de Tierno Monénembo, Matins de couvre-feu de Tanella Boni, Le Devoir de violence de Yambo Ouologuem, Les Nègres n'iront jamais au paradis de Tanella Boni, Filles de Mexico de Sami Tchak, Le bus dans la ville de Yahia Belaskri, L'autre face de la mer de Louis-Philippe Dalembert, Femmes sans visages de Rabah Belamri, Le maître de l'heure de Habib Tengour, Temps de chien de Patrice Nganang, Nour 1947 de Jean-Luc Raharimanana et Au matin de la parole de Gabriel Okoundji. Côté nouveauté, le directeur des éditions, Karim Chikh, dénombre cinq livres parmi lesquels Excuses outre-tombe de Kheir-eddine Merad Boudia. Il s'agit d'un entretien imaginaire entre Abane Ramdane et Jean Moulin. Un livre sur les relations algéro-françaises, mais pas que ça. Aussi le dernier Georges Corm, à savoir «Pensée et politique dans le Monde arabe». L'ouvrage de cet historien, économiste et homme politique libanais, expose les multiples facettes de la pensée politique arabe depuis le XIXe siècle, inscrite dans la richesse d'une culture trop méconnue. Avec ce vaste panorama, vivant et érudit, Georges Corm atteste la vitalité de cette pensée et des grandes controverses qui l'ont traversée. Il montre que ses acteurs, loin d'être figés dans le carcan théologico-politique décrit par certains récits canoniques sur les Arabes et l'islam, ont souvent sexprimé une pensée critique forte, sur les plans religieux et philosophique, anthropologique et politique. Le prix de ce livre est à 1400 DA. Dans le cadre de la collection Terre Solidaire, Apic vient de sortir aussi un livre de Hubert Haddad intitulé Palestine. Cela s'est fait avec l'alliance des éditeurs indépendants. On peut découvrir aussi Ceux qui sortent dans la nuit de Mutt-lon, d'un jeune auteur camerounais, prix Ahmadou Kourouma au Salon du livre de Genève en 2014. Enfin, À peine vécues, signé Dominique Devigne et Denis Martinez est un livre d'artiste. Il retrace les trois expériences picturales qui ont été réalisées par les étudiants des beaux-arts d'Alger à l'époque de Rabah Asselah «Ce livre est consacré aux trois actions, trois expériences picturales que j'ai menées en Algérie en 1986 et 1987 avec les étudiants des Beaux-Arts d'Alger à l'époque de Ahmed Asselah. Trois grandes actions. La première à Blida, consacrée «aux dernières paroles d'un mur», la deuxième avait lieu dans le complexe pétrolier à Aïn Amenas et la troisième dans le campus universitaire de Blida qui était en construction à l'époque. Ce livre est préfacé par l'écrivain Nouredine Saâdi et rehaussé d'archives photographiques de l'époque entre autres.», nous fera remarquer Denis Martinez cette semaine qui était accompagné par sa compagne et l'artiste plasticien Karim Sergoua qui faisait partie de l'aventure. Et Karim Chikh, des Editions Apic de soutenir: «On voulait rendre hommage au travail de ces anciens étudiants.» Des étudiants en effet dont beaucoup sont devenus de grands artistes aujourd'hui et continuent à poursuivre leur chemin, dans le domaine des arts plastique, entre ici et là-bas. Le prix de ce beau livre est fixé à 1500 DA. Pour Karim Chikh, cinq livres n'est pas suffisant. Il lie cela à la crise qui secoue le monde de la culture et par ricochet, du livre actuellement. «Nous avons sorti cinq titres ce n'est pas dans nos habitude. Faut dire qu'on a eu une année très difficile. C'est le cas de beaucoup d'éditeurs pas seulement le nôtre. C'est une période très difficile parce que c'est toute la chaîne du livre qui en souffre, le distributeur, le libraire, forcément l'éditeur. Est-ce parce que le pouvoir d'achat a diminué? Est-ce parce qu'il y a moins de libraires? Est-ce parce que la distribution est mal pensée? La restriction budgétaire a-t-elle eu un impact aussi négatif sur les acquisitions de livres de la part des institutions scolaires, des collèges, lycées... sans parler des bibliothèques universitaires qui sont monopolisées par le monde de l'importation du livre? Même l'imprimerie est en train de souffrir. On peut dire que le livre est en crise. En véritable crise».