La conférence internationale organisée hier, par le Conseil constitutionnel, a abordé des thèmes cruciaux touchant à la promotion de la femme dans le monde du travail. C'est une réalité. Quand on parle de parité au travail, on ne peut s'empêcher de penser au fossé qui subsiste depuis la nuit des temps entre les hommes et les femmes. Et à juste titre, car, nonobstant le fait de la consécration par la Constitution de cette égalité, celle-ci demeure chimérique dans notre réalité. Cette même sentence a été rendue, hier, par de hauts responsables ayant pris part à la première journée du séminaire abordant la thématique de «la femme et le marché de l'emploi», à Alger. Cette conférence a été organisée par le Conseil constitutionnel en collaboration avec la Commission européenne pour la démocratie par le droit (commission de Venise) et la direction générale de la Fonction publique et de la Réforme administrative. Le président dudit Conseil, Mourad Medelci, a déclaré dans son allocution d'ouverture que le gouvernement oeuvre à promouvoir la parité entre les hommes et les femmes sur le marché de l'emploi. Cela se fait souligne-t-il à travers «l'encouragement de la promotion de la femme aux responsabilités dans les institutions et administrations publiques ainsi qu'au niveau des entreprises». Il poursuit en rappelant qu'en Algérie «le constituant, reconnaissant le rôle du droit dans la dynamique de changement de la société, a adopté une démarche empreinte de volontarisme et de progressivité». Donnant d'avantage d'arguments sur ce point-là, il soulignera que cette question a été insérée dans plusieurs articles de la Constitution. Il citera à ce titre, l'article 35, suite à l'amendement de 2008, lequel est aujourd'hui «mis en oeuvre, par une loi organique, qui a permis à nos assemblées d'accueillir un nombre de représentante appréciable». Il juge que cette avancée notable de la place et du rôle de la femme dans l'espace politique est encourageante. Il a d'un autre côté signalé que ce défi, auquel nous sommes confrontés, est le même que celui d'un grand nombre de pays qui oeuvrent à la consolidation de l'égalité hommes-femmes, sans jamais l'atteindre totalement. «Force est de constater que beaucoup de progrès ont été enregistrés, y compris sur le marché du travail.» Pour sa part, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, Ghania Eddalia, qui tout en mettant en avant les progressions observées sur ce plan-là, regrette que le nombre de femmes sur le marché du travail soit aussi dérisoire. «Des mesures effectives ont été prises pour redonner une meilleure visibilité à la femme dans le milieu du travail», a-t-elle soutenu. Ces mesures, poursuit-elle «nous ont d'ailleurs valu d'être classées en 9e position au niveau continental et 26e au niveau international». En parallèle, la responsable estime que ce classement est loin d'être à la hauteur des réelles ambitions des pouvoirs publics. Et pour cause, on peut mieux faire. Car, le rappelle-t-elle, «la représentativité des femmes dans le marché de l'emploi est très faible, il est évalué à seulement 19%». Pour retourner la tendance, la responsable du secteur de la famille rassure. «En ce moment, nous oeuvrons d'arrache-pied afin d'appliquer le plus possible la législation qui facilite l'insertion socioprofessionnelle des femmes.» Même son de cloche du côté de la vice- présidente de la commission de Venise, Conseil de l'Europe, Herdis Thorgeirsdottir, qui a constaté à son tour, que la problématique réside dans la non- mise en oeuvre sur le terrain, d'une législation «trop parfaite». Selon elle, les avancées faites dans ce domaine précis sont inabouties. «Il existe de grandes lacunes à combler en matière d'équité des genres dans le monde du travail», a-t-elle avancé. Elle explique que cette situation prévaut aussi en Europe. «A nos jours, les femmes perçoivent encore un salaire inférieur à celui des hommes», fait-elle savoir. Elle ajoutera en outre, que le monde a évolué et fait aujourd'hui face à des défis colossaux sur tous les plans. Par conséquent, la femme doit participer activement au développement socio-économique. La présidente de la commission de Venise a souligné par ailleurs, que l'organisation de cette conférence a pour but «d'échanger les expériences et les opinions en perspective de réaliser ce pourquoi tant de femmes se battent de par le monde»... Elle admet toutefois que le chemin est encore long pour arriver à l'objectif escompté. Par ailleurs, la même problématique a été soulevée par l'ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne en Algérie, John O'Rourke. Parlant de sa conception de l'égalité des deux sexes en milieu professionnel, ce dernier juge qu' «il est illusoire de parler de parité, tant qu'il existera des inégalités certaines dans les salaires». Aussi, il fait savoir, «nous sommes conscients que des efforts doivent encore être consentis en Algérie comme ailleurs», avance-t-il. Il préconise d'autre part, que le processus d'inclusion des femmes dans les entreprises économiques, notamment serait judicieux. Et pour cause, il contribuera grandement à la diversification économique de l'Algérie. Cette conférence qui prendra fin aujourd'hui-même, a vu la présence de divers pays. Elle tournera principalement autour de thèmes qui touchent à la question de la place de la femme dans le marché de l'emploi. Parmi lesquels, le principe d'autonomisation de la femme dans son cadre législatif, ou encore l'évolution de la situation de la femme dans la fonction et l'administration publiques.