L'eau servie à Boghni est tout simplement saumâtre et impropre à la consommation. La qualité de l'eau est sans aucun doute le problème le plus difficile que les habitants des villages et de certaines villes aient affronter en ces jours d'extrême chaleur. Si les villageois de Maâtkas, Betrouna, Aït Yahia Moussa ou encore ceux de Tala N'tegana commencent à s'habituer à la pénurie - avec ce triste record des villages d'Aït Yahia Moussa et celui de Tala N'tegana qui n'ont pas eu le bonheur de voir l'eau couler dans les robinets depuis des lustres - ceux de la daïra de Boghni ont à affronter un autre problème et des plus sérieux. Ainsi, l'eau servie à Boghni et provenant de Tinezar, dans le Djurdjura, est tout simplement saumâtre et donc impropre à la consommation, c'est du moins l'avis des citoyens. Selon des gens de la région, «cette eau proviendrait de la mer de Béjaïa, d'où cette salinité». Mais c'est apparemment le fait que cette eau traverse des roches renfermant des sels minéraux qui donne à cette eau un certain goût. Les citoyens disent qu'«en ville, les foyers reçoivent cette eau une fois tous les trois jours, mais elle est utilisée pour les travaux ménagers». Aussi, les habitants ont-ils le choix entre l'achat de citernes d'eau puisée des puits de Mechtras, une commune mitoyenne riche en eau avec notamment cette fontaine de Tala Ouguellid, réputée pour la douceur de son eau et pour le débit de sa source, ou s'alimenter aux fontaines publiques. Celles-ci, alimentées par l'ancienne conduite provenant d'une ancienne source proche de la ville, sont situées dans plusieurs quartiers. Au niveau de la poste pour la première, et au niveau de la mairie pour la seconde, alors que la troisième est située au niveau de l'ancienne cité de la ville. Aussi, les chaînes devant ces fontaines sont-elles proverbiales. Des projets existent mais pour l'heure, ils ne sont encore qu'à l'état de projet et, en attendant, les citoyens prennent leur mal en patience. La ville de Tizi Ouzou n'est pas épargnée par ces «nuisances». Des quartiers entiers restent souvent des semaines sans eau, c'est ce qui a provoqué l'ire des habitants du quartier dit des 140 Logements. A Betrouna, une agglomération du chef-lieu de wilaya, la situation n'est guère reluisante. Les habitants expliquent qu'ils n'ont pas vu l'eau couler des robinets depuis, au bas mot, vingt jours! Tala N'tegana, dans la commune de Fréha, semble détenir la palme avec les robinets à sec depuis 1982! Aït Yahia Moussa, dans la daïra de Draâ El Mizan, est aussi à classer dans ces régions «asséchées». On peut également citer la commune de Bounouh, dans la daïra de Boghni, où les villages de Bounouh, Merdja, Ibouhathen et la zone éparse, sont depuis des lustres au régime sec! L'eau, ce problème qui revient constamment dans les revendications des populations, ne semble pas avoir été sérieusement pris en compte par les responsables de ce secteur qui, à l'image de l'Algérienne des eaux, ont opté pour des solutions partielles au lieu de s'attaquer très sérieusement à la cause. Prétendre que la Kabylie manque d'eau est tout simplement une contrevérité, il semble que le problème essentiel réside dans la gestion de cet élément vital.