La route qui mène vers les oasis d'Algérie et les villes situées sur les Hauts-Plateaux sont chargées de cultures et de couleurs. Chaque oasis lance ses propres odeurs d'épices et d'encens dans ce réseau de routes marchandes qui couvrent plus de 2000 kilomètres destinés à faciliter le transport entre elles depuis Bou-Saâda, jusqu'à Ghardaïa, dans le désert des hamadas, jusqu'au retour sur la Méditerranée. Les quatre villes majeures de cette longue randonnée sont principalement Biskra capitale de la fameuse datte «Daglette Nour», El Oued la ville des Mille Coupoles dans une mer de sable, Ghardaïa l'enchanteresse, capitale du M'zab et bien sûr, la ville-porte du Sud, Bou-Saâda sur les Hauts-Plateaux, carrefour entre le Sahara moyen et le Nord de l'Algérie. Chacune de ces forteresses associées à la culture ou au colonialisme dans des paysages qui relient ces villes à la Méditerranée, est située sur une portion de route, entre le désert oriental et celui de la hamada du M'zab..., Entre El Oued et Ghardaïa, vers le sud, les déserts se répartissent sur des milliers de kilomètres entre sable et pierres. Depuis Still au sud de Biskra, à l'est et jusque dans le nord-ouest de Bou-Saâda, au sud de M'sila. Ensemble, ces oasis témoignent d'un commerce extrêmement lucratif qui va de la datte, aux épices les plus demandées qui ont prospéré vers le sud de l'Arabie, à la Méditerranée depuis le VIIe siècle après J.-C. Grâce à la façon dont ce désert aride a été colonisé par l'agriculture et grâce à des systèmes d'implantation humaine et une irrigation sophistiquée, particulièrement dans le M'zab, les déserts des Oasis sont parmi les plus beaux sites de l'Algérie touristique. Ces sites (dans les quatre villes: Bou-Saâda. Biskra, El Oued et Ghardaïa), possèdent chacun ses richesses culturelles: successivement la zaouïa d'El Hamel, le balcon du Rouffi, le marché et les coupoles du Souf, les tombes royales des seigneurs du Sahara à l'époque des rois de Constantine et enfin la mystérieuse ville de Béni Ysguen dans la vallée du M'zab et son système d'irrigation réparti à proximité ou le long de la route principale constituent les tours des Oasis, jusqu'aux ports de la Méditerranée. Ils sont traversés par une route septentrionale parallèle à la nationale. Les routes et les villes du désert qui jalonnent le circuit des Oasis témoignent de la prospérité du commerce et de sa culture ancestrale. Les habitants de ce merveilleux tour qui constitue un circuit de huit jours y font des découvertes à chaque étape éblouissantes. Ces villes sont aussi desservies par des systèmes d'irrigation mis en place par le gouvernement ou par les populations qui les habitent. L'alimentation en eau permet une agriculture à grande échelle. Elle se compose de barrages, de canalisations, de citernes et surtout de réservoirs importants composés de nappes et de véritables lacs souterrains, à l'exemple de celui de Oued El-Abiod qui donne à la ville de Biskra un nouveau souffle. Un peu d'histoire On y trouve aussi de nombreux vestiges, tels ceux qui existent autour de Bou-Saâda et de Biskra, l'ancienne Vessera...,.tous ces éléments autour du circuit des Oasis, ainsi que de nombreux vestiges d'anciens systèmes historiques, sont étalés le long du parcours et souvent à même les flancs des collines, à proximité de la route principale. Ces biens donnent une image complète de la technologie architecturale et culturelle du circuit des Oasis sur plus de 11 siècles d'urbanisme et de construction. La combinaison des villes et des paysages, qu'ils soient agricoles ou pastoraux, associe un environnement culturel fossile complet. Les villes qui composent les Oasis et leurs routes marchandes apportent un témoignage éloquent de l'importance économique, sociale et culturelle des épices et de l'encens depuis le monde hellénistique et romain. Les routes étaient également un moyen de passage, non seulement pour les épices et les tissus ainsi que d'autres marchandises, mais aussi pour les hommes et les idées venus habiter des lieux souvent hostiles, comme dans le Souf ou dans la vallée du M'zab. Ils ont changé à jamais la vie dans les Oasis. Les vestiges quant à eux, presque fossilisés des villes, des forteresses, des caravansérails et des systèmes agricoles sophistiqués s'étendent le long de la route des Oasis dans le désert du nord d'El Goléa au nord de Bou-Saâda. Ils témoignent de la réponse remarquable apportée à un environnement désertique hostile qui s'est épanoui depuis plusieurs siècles... Les villes et les forts combinés à cette route marchande et à l'arrière-pays agricole, donnent une vue d'ensemble très complète d'une civilisation du désert qui s'étend le long de cette route marchande. Les vestiges de tous les éléments qui composent leurs établissements - villes, forts, caravansérails et paysages agricoles - sont dans les limites d'un bien-être évident. Le développement de la région a fortement contribué à protéger les sites et les hommes à un développement certain. Aucun des attributs n'est menacé. Sauf peut-être un certain laisser-aller concernant la réfection de quelques vestiges le balcon du Rouffi dans la région de Biskra à Tamalaht et à Tamacine dans la région de Touggourt. Pour l'essentiel, les vestiges des villes, des forteresses et des caravansérails, ainsi que les paysages, expriment parfaitement la valeur universelle exceptionnelle d'un bien-être en tant que témoignage et illustration de la prospérité du commerce saharien. Il est reconnu que les villes d'El Oued et de Ghardaïa ont fait l'objet, dans le passé, d'interventions qui ont mis en péril leur authenticité. Dans le cadre des initiatives actuelles de gestion, les reconstructions effectuées autant dans la capitale du M'zab comme dans celle du Souf sont basées davantage sur une intention scénographique, que sur une approche scientifique exprimée après l'indépendance. Mais les chantiers de ces consolidations ont été en partie suffisants, et totalement comblés depuis. La totalité des biens était la propriété de l'Etat. Ils ont étés protégés par une législation nationale, mais tous les éléments qui composaient cette même législation ont étés revus et remis entre les mains des habitants des régions concernées pour se retrouver enfin totalement libérés. La direction du ministère de l'Agriculture qui s'était occupée de la nature et des terres, avait géré les terres au quotidien, tandis que la direction de la culture et des antiquités, s'était s'occupée des activités de conservation et de fouilles des structures classées. Toutes les finances provenaient du budget national alimenté par les recettes du pétrole, les ventes des fruits et en particulier la datte ou par une subvention de l'Etat. Les quatre villes ont chacune leur budget propre. Quant aux années de faibles recettes, leurs fonds sont consacrés exclusivement à l'entretien et à la protection, la conservation n'étant assurée que lorsque des fonds extérieurs sont disponibles. Il faut mettre en place pour l'ensemble du bien, mais aussi pour chacune des villes importantes, une stratégie préventive pour la recherche archéologique, l'inventaire non destructif et les approches de stabilisation et de réparation. Les Berbères installés dans les régions au nord d'El Oued et de Ghardaïa au VIe siècle, se sont enrichis grâce au commerce. Les Romains tentèrent à diverses reprises de s'emparer de ce négoce, mais leur hostilité obligea les autochtones à prendre d'autres routes évitant les territoires romains. Vers le sud, les Ibadites aidés par une armée de Rostemides traversaient en sécurité le désert, ainsi que quelques-uns des territoires les plus difficiles de la hamada. Ils construisirent des villes et des forts entourés de murailles pour défendre la route des caravansérails et accueillir les voyageurs, en leur assurant la subsistance de leurs populations et des caravanes marchandes, ils durent coloniser le plus dur des déserts pour survivre et aider les populations autochtones et berbères à l'époque nomade. Au IIe siècle après. J.-C., toutes les villes des Hauts-Plateaux furent annexées à la province romaine de Timgad, jusqu'à la conquête de Vessera, l'actuelle Biskra. Les beaux jours du contrôle berbère sur les routes marchandes faillirent toucher à leur fin, car le contrôle romain n'avait pas aidé à la prospérité des villes des Oasis et durant deux siècles, les Romains ont essayé d'incorporer les populations au système défensif de leur propre empire, jusqu'à sous le règne de Sévère, quand arriva l'aube du déclin des routes marchandes des Oasis, les Romains détournant enfin leur commerce de la Mauritanie romaine vers le Moyen-Orient. La plupart des villes furent finalement prises durant la conquête arabe de 636 après J.-C. par Sidi Oka Ibnou Nafaâ et elles sont demeurées fondamentalement intactes à ce jour. Le commerce reprit de plus belle depuis Tolga à Sedrata au Sud de Ouargla et allait jusqu'au sud des montagnes de l'Atlas. L'idée même d'une «appropriation» de l'espace urbain par les habitants des Oasis, repose en grande partie sur le fait que l'observation est concentrée sur les migrants de type classique, c'est-à-dire sur certaines communautés de commerçants qui, en situation de diaspora, créent des communautés résidentielles (comme les Mozabites par exemple) qui à l'époque parvenaient à «occuper» l'espace public, les vallées et les rivières actives, apprivoisant les places pour établir leurs affaires dans ce qu'on appelle communément les souks. Je voudrais appréhender le mot «migrant» qui n'est pas seulement lié a quelqu'un qui cherche un endroit potentiel mais qui vit sa mobilité par exemple comme un service nomade tel que le faisaient les Soufis qui étaient des colporteurs qui s'opposaient pour ainsi dire à leur «localisation» et dont les activités urbaines ne s'inscrivent que de manière très limitée dans l'organisation de l'espace urbain. Ils se sont installés dans un désert illimité de dunes et de sable. Ils sont arrivés avec leurs femmes et leurs enfants, mais aussi des membres des sociétés diverses et de groupes marginaux qu'ils ont ramenés avec eux durant leur traversée du désert libyen. Comme les Biskris par exemple. L'existence urbaine de migrants et leur potentiel à créer des «localités» (ou des «translocalités») étaient mystérieuses mais passionnantes à la fois. Panels de thématiques L'étrangeté morphologique est aussi importante dans le cadre de l'analyse comparative du problème général de la relation entre urbanité et population...Ainsi en Algérie, on découvre plusieurs ethnies, chacune aussi riche que l'autre. Plusieurs panels de thématiques peuvent êtres pris en considération. La première porte sur la mobilité, la sédentarisation ou l'installation et l'organisation spatiale en milieu urbain: il s'agissait ici de conceptualiser la mobilité et d'analyser l'évolution des notions locales de mobilité par rapport aux opportunités économiques, aux politiques et aux nouvelles technologies. Le second portait sur les activités des migrants urbains: leur travail, les activités marchandes et les différents métiers qu'ils ont pratiqué à ce jour. Une troisième approche thématique portait sur l'extranéité des différentes formes de marquage identitaire qui y sont liées; il s'agissait d'analyser la persistance, l'évolution ou la substitution des rapports sociaux et des modes d'expression traditionnels (berbéro-kabyle, arabe) aux accents particuliers, différents du nord au sud, bien qu'avec des consonances proches), dans cette ère géographique, que nous avions en vue dans l'espace saharien des Oasis. L'approche de la ville est également très large: des centres urbains occidentaux aux grandes villes, jusque dans les camps de réfugiés du Sahara occidental. De ce point de vue, la question est de savoir si les populations de l'espace Sahara, montrent des formes de mobilité particulières, car elles ont des perceptions spécifiques de la «ville» ou de la «ville en devenir». L'accent est donc mis sur les notions conceptuelles: historique du terme de «migration» dans le contexte de la politique française de migration envers les habitants de l'ancienne colonie française. Un cas type de ce genre d'événement est la ville de Tamanrasset où la population réfute de baser son devenir dans la ville. Qu'était donc notre pays et sa perception et qu'avaient les différents acteurs de migrants et de la migration tels que les Soufis, les Mozabites ou les Tidjanis, ainsi que les résidents autochtones d'avant ceux-là? Et que pensait la communauté musulmane immigrée d'Arabie dans l'Algérie avant l'arrivée les Français...? Nous laisserons pour plus tard la complexité des brassages humains dans le Nord de l'Algérie... En tout cas, ceci montre à quel point le circuit des Oasis est une merveille et très certainement un des tours les plus fascinants du Sud de l'Algérie. Ici, les mythes et réalités se confondent souvent pour le plus grand plaisir du voyageur. Le glorieux passé de ces endroits est là, présent à chaque pas. Forteresses et citadelles s'élèvent, innombrables, sur un sol désertique, mais ô combien plein de couleurs! Des turbans des hommes, aux habits des femmes, colorés, flamboyants et parfumés, illuminent ces paysages et leur donnent vie. La population est essentiellement rurale, mais sa gentillesse, son sens de l'hospitalité donnent un charme tout particulier au séjour, ou à la découverte durant les jours que peut donner le circuit des Oasis absolument fabuleux et à réaliser.