le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections La loi électorale n'est pas un texte sacré, certes, mais sa mouture et son esprit ne se peaufinent pas d'une manière aléatoire ni de la façon qui ressemble aux pirouettes et acrobaties. Le débat engagé par le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), Abdelwahab Derbal, sur la nécessité de réviser la loi électorale en ciblant certaines dispositions de cette dernière, s'est vu réduit à sa juste expression, ne dépassant pas les limites d'un débat. La réponse est venue tel un oracle de la part du ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement de territoire, Nour-Eddine Bedoui. Le ministre a fait savoir que «ladite loi en rapport avec les dispositions qui régissent les élections émane de la loi organique, elle ne peut être changée de sitôt et ça prendra du temps, étant donné que c'est le Parlement qui votera une mesure pareille puisque elle est l'émanation du choix du peuple», assène Nour-Eddine Bedoui. Le président de la Hiise est dans une situation où la réponse ne saurait se faire de façon péremptoire ni de manière qui relève de l'urgence. La révision de la loi électorale en visant la disposition qui a trait au seuil de 4% n'est pas justifiée comme démarche globale pour asseoir le critère de la transparence et la clarté dans la gestion du processus électoral. C'est ce qui ressort de l'esprit de la déclaration du ministre de l'Intérieur, Nour-Eddine Bedoui sur cette question à propos de la révision de la loi électorale. Abdelwahab Derbal faisait de la révision de la loi électorale son dada durant ses sorties médiatiques, alors que l'enjeu dont est censé faire expliquer en faisant de la pédagogie électorale aux initiés comme aux «clercs» de la chose politique sur des questions phares du processus électoral comme prolongement du processus démocratique à travers la participation massive dans la dynamique. En effet, celle-ci qui vise à réhabiliter la pratique politique en lui donnant son vrai sens qui réside dans le respect de l'éthique de cette même pratique comme démarche non pas électoraliste et partisane tous azimuts. Dans le sillage de ce débat enclenché par le président de la Hiise et qui fait référence à l'élargissement des prérogatives de son instance et de revoir quelques dispositions de la loi électorale, Ahmed Ouyahia, respectivement Premier ministre et secrétaire général du Rassemblement national et démocratique (RND), n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour signifier à Derbal qu'«on refuse d'ouvrir les principes de la Constitution au débat. Nous sommes contre cette revendication et aucune instance ne peut être organisatrice et arbitre même temps», a tonné Ahmed Ouyahia à propos de cette révision de la loi électorale proposée par le président de la Hiise, Derbal en l'occurrence. Celui-ci ayant reçu la première réponse de la part de Ahmed Ouyahia, a reçu une autre réponse saillante et concise de la part du ministre de l'Intérieur, Nour-Eddine Bedoui. C'est une manière de mettre un terme aux ambitions de l'ancien membre de la direction d'Ennahda qui se voyait non pas comme président d'une instance à vocation électorale, mais comme interface politique constituée et instituée, on ne sait par quel instrument ou mécanisme constitutionnel en la matière. La loi électorale n'est pas un texte sacré, certes, mais sa mouture et son esprit ne se peaufinent pas d'une manière aléatoire ni de la façon qui ressemble aux pirouettes et acrobaties. Elle est la quintessence d'une situation majeure imposée par les exigences d'un changement dicté par la nécessité stratégique en politique. Une loi organique implique une démarche constitutionnelle qui répond à une demande profonde influant sur les équilibres en présence sur le plan politique. Derbal n'a pas songé à soulever ce débat en dehors de la dynamique électorale ce qui se fait tant bien que mal, bien au contraire, il soulève cette demande de révision de la loi électorale en plein processus électoral, sachant pertinemment que la procédure ne s'y prête pas et la démarche prendra du temps que ce soit au niveau de la préparation de la mouture amendant et révisant les dispositions sujet de révision comme il préconise. Toute cette opération procédurale, juridique et constitutionnelle de surcroît, exige que cette révision atterrisse au niveau du Parlement via ses deux chambres pour que cette révision soit faite et adoptée. Ce côté relevant de la procédure montre la pérégrination que la révision doit suivre pour qu'elle prenne corps et forme. Alors que le côté politique relevant des compromis et de jeux d'équilibre nécessite un accord de la majorité constituant le gouvernement et le pouvoir de décision. Le niet du gouvernement par rapport à la révision de la loi électorale, exprime une démarche qui vise à dire que la loi organique même si elle doit être révisée, ne sera pas l'apanage d'un voeu exprimé ou d'une conjoncture sans que cela reflète l'urgence d'un recours à des solutions et des réponses par rapport à un événement majeur en politique. Derbal semble avoir pris une douche froide après avoir été sommé par le ministre Bedoui à propos de la révision de la loi électorale. Que fera Derbal? Va-t-il continuer à présider l'instance après les élections locales du 23 novembre prochain ou démissionnera-t-il? Seul, le temps nous dira!!