Le Royaume-Uni semble avoir payé son durcissement judiciaire envers les islamistes radicaux. L´ancien ministre de l´Intérieur britannique, David Blunkett, avait affirmé en février dernier que la question n´était plus de savoir «si» un attentat aura lieu sur le sol britannique, mais «quand». Le jour J est en fin de compte arrivé avec le dernier attentat commis jeudi et ayant fait plus d'une cinquantaine de morts et blessant environ 700 autres. Pourtant, au lendemain des événements du 11 septembre 2001, le pouvoir britannique s'est aligné sur la politique des Etats-Unis en durcissant sa législation, après avoir adopté une loi antiterroriste qui a valu à plusieurs chefs islamistes d'être incarcérés, à l'image de l'imam Abou Hamza. Longtemps épargné , le Royaume-Uni vient d'être victime de sa propre magnanimité. Terre d'asile pour les islamistes par excellence, le Royaume-Uni vient d'être rattrapé par la violence terroriste. Depuis les années 90, les autorités britanniques ont laissé se mettre en place le «Londonistan», sorte de sanctuaire islamiste qui a permis aux prédicateurs d'évoluer dans un havre de paix tout en disposant de moyens financiers et de communication sous le couvert de la sacro-sainte «liberté de parole» au point que Londres est devenue la capitale de l'islamisme politique. Néanmoins, les Britanniques, tout en admettant avoir laissé les islamistes en liberté, infirme leur laxisme. «Cela ne veut pas dire que nous étions laxistes. Nous surveillions tous leurs faits et gestes, pour remonter les réseaux», avance-t-on du côté de la Tamise. C'est ainsi qu'après le 11 septembre 2001, il n'y avait plus de «gentlemen agreement» entre la police britannique et les islamistes. C'était trop tard car beaucoup ont pu passer à travers les mailles du filet, et la répression a provoqué des phénomènes de clandestinité. Ce qui a compliqué l'opération de surveillance des islamistes. En outre, l´engagement de Londres dans la politique américaine fait que la Grande-Bretagne est devenue une cible. Aujourd'hui, le Royaume-Uni vient semble-t-il de payer son durcissement judiciaire envers les islamistes radicaux et ses positions de politique internationale. Une législation appelée à être durcie davantage dans les jours à venir d'autant que la menace terroriste plane toujours sur Londres et ses environs. Pourtant la loi antiterroriste permet de limiter sans inculpation la liberté des suspects jusqu'à, dans certains cas, leur imposer des quasi-arrêts à domicile. Cette loi a suscité une controverse majeure au Parlement, les Lords illustrant à cette occasion la tradition britannique de défense des libertés individuelles. «Ces gens ont exploité notre respect des libertés et cela s´est retourné contre nous», explique John Potter, un expert en terrorisme qui conseille le gouvernement. Maintenant que le Royaume-Uni est atteint dans sa chair et c'est cette même liberté individuelle qui sera remise en cause une nouvelle fois. De ce fait, il faut s'attendre à un autre durcissement dans la législation britannique, probablement avec des expulsions. Pour parer à tout autre attentat sur le sol britannique, le gouvernement sera amené à accentuer la pression sur les milieux islamistes même si les radicaux n'ont plus de matérialisation géographique et les militants qui n'ont pas encore quitté le pays se sont éparpillés, notamment à Birmingham et Leicester, selon les experts anglais. En outre, l'entrée sur le sol sera soumise dorénavant à un strict contrôle. Des mesures sécuritaires draconiennes ont été prises par la police britannique, Scotland Yard, afin d´assurer la protection de Londres, a déclaré un responsable de Scotland Yard. S´exprimant lors d´une conférence de presse, le chef des opérations spéciales de Scotland Yard, M. Andy Hayman a précisé que «tout ce qui peut être fait est fait et a été fait» pour protéger Londres. Dorénavant, les visas d'entrée se feront au compte-gouttes alors que les fouilles au niveau des aéroports vont connaître les interminables chaînes. Mais cela ne sera valable que pour les musulmans.