Sept individus ont été écroués à la maison de rééducation d'El-Harrach et 2 placés sous contrôle judiciaire par le magistrat de la 1re chambre de Bir Mourad-Raïs. C'est un grand coup de filet que viennent d'effectuer les éléments de la police judiciaire de la Sûreté de la wilaya d'Alger, en étroite collaboration avec d'autres services qui ont permis l'arrestation de 9 individus auteurs, coauteurs et complices du hold-up de la Banque algérienne de développement rural (Badr). Tout ce beau monde a été placé sous mandat de dépôt. Sept ont été écroués à la maison de rééducation d'El-Harrach et 2 placés sous contrôle judiciaire par le magistrat de la 1re chambre de Bir Mourad-Raïs pour association de malfaiteurs, aide et financement à groupe terroriste, vol à main armée, détention illégale d'armes à feu et armes blanches, divulgation du secret professionnel, complicité et non-dénonciation. Ce coup de filet de la police judiciaire a permis la récupération d'une partie du butin et de plusieurs objets ayant servi à commettre le forfait. Les faits remontent exactement au 11 juin dernier quand une bande composée, selon les premiers témoignages, de cinq individus, ont commis un hold-up à la Badr, sis au 24 chemin Ibn Sina de Birkhadem. Il était exactement 15h40 quand cinq individus cagoulés et gantés se sont introduits à l'intérieur de la banque munis d'armes de poing (PA.) et d'armes blanches (couteaux) ainsi que d'une bombe neutralisante (lacrymogène). C'est en pseudo-clients que les criminels se sont présentés en ce samedi à la banque. Le jour était bien choisi et calculé. En effet, le samedi, la Badr n'assure qu'un service minimum d'où le peu de fonctionnaires et de clients présents. Tenant en respect ces derniers, les assaillants se sont emparés de la somme de 16 664.494,00 dinars, 116.655 euros, 12.585£ et 32.162$. C'est que les lieux sont propices à cette action criminelle dont l'enclavement du site de l'agence, soit une villa coloniale de location qui sert de substitut depuis deux ans à l'authentique siège de cette banque situé, lui, à proximité de la rue centrale de Birkhadem. Le siège étant encore en plein chantier de réaménagement et de rénovation. Alors que la villa en question, située dans une rue très étroite et plutôt «discrète» offrait aux malfrats toute la latitude pour commettre leur méfait. D'autant qu'il n'y avait pas grand-monde en cet après-midi de samedi, journée réputée pour la clémente activité des banques nationales et leurs antennes. Alertés, les services de la police judiciaire se sont rendus sur les lieux où ils n'ont pu que constater les dégâts. Des premières constations, les éléments de Messaoud Zaïne, responsable de la police judiciaire de la Sûreté de la wilaya d'Alger, se sont rendu compte que les cassettes vidéo de surveillance ont été emportées et que le fil du téléphone a été coupé. La tâche s'avérait d'ores et déjà difficile d'autant qu'aucun portrait robot n'a pu être établi du fait que les criminels étaient cagoulés. Grâce aux premières investigations, la police judiciaire a pu déterminer l'existence d'une complicité interne. En effet, l'enquête a prouvé qu'un fonctionnaire de la banque avait fourni, à son insu, des informations sur le fonctionnement de la dite banque. C'est au cours d'une discussion de quartier qu'il a révélé les défaillances du système de surveillance de la banque, et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. C'est ainsi que C.M (37 ans) et C.M (34 ans), deux cousins de Meftah, ont élaboré le plan. Avant de commettre leur méfait ils se sont présentés à la banque pour soit-disant déposer leur dossier dans le cadre de l'emploi des jeunes et étudier la topologie des lieux et mesurer le degré de vigilance des agents de sécurité ainsi que le système de surveillance (caméras internes et externes, nombre d'agents, mouvement des employés...). Les premiers éléments de l'enquête ont permis à la police judiciaire d'identifier et d'interpeller en date du 16 juin 9 individus entre auteurs, coauteurs et complices. Sur les 9 individus, 6 étaient connus des services de la police judiciaire pour leurs antécédents judiciaires, leur implication et condamnation pour acte terroriste et subversif. En effet, il s'est avéré que deux étaient d'anciens repentis ayant bénéficié de la loi sur la concorde civile alors que 4 sont d'anciens élargis ayant purgé une peine de 5 ans de prison. Dans le dernier trio, on retrouve un inconnu des services dont deux frères sont des repentis élargis. Le second a été présenté devant le magistrat instructeur pour non-dénonciation alors que le troisième n'est autre que le fonctionnaire de la banque arrêté pour avoir divulgué, certes, involontairement des secrets professionnels.. La perquisition effectuée aux domiciles des prévenus à Meftah (Blida) et Hussein Dey a permis, selon Mourad Korichi, commissaire principal de police, chef de la division centre de la police judiciaire, la récupération d'une partie de la somme dérobée (700.000 DA) et 2 pistolets factices ( en plastique) et des armes blanches ainsi que trois véhicules (5 Renault Express et 1 Citroën Saxo) ayant servi lors du braquage. Le reste de la somme volée et le PA sont, selon les mêmes sources, en possession de C.M. (34 ans) originaire de Meftah, toujours en fuite. Cet ancien repenti et non moins chef du groupe avait auparavant exigé de ses acolytes, le versement de 20% du butin final aux familles des terroristes abattus ou incarcérés. Il est à signaler que dans leurs investigations, les éléments de la police judiciaire ont relevé plusieurs anomalies et insuffisances dans la gestion de la sécurité de la banque en question, contrairement à la convention signée entre les deux parties, la banque et de la société privée de gardiennage. En effet, le jour du vol, seul un agent de sécurité était présent sur les lieux. Son collègue était en abandon de poste. Ce qui fait qu'aucun agent ne surveillait les écrans de caméras vidéo pour donner l'alerte. Dans sa conférence de presse, Mourad Korichi a tenu à préciser que «c'est la première fois que nous élucidons une affaire où des repentis sont mêlés». En outre, il a tenu à remercier et mettre en exergue la disponibilité et le suivi permanent du procureur de la République de Bir-Mourad Raïs. «Toutes les actions judiciaires ont été menées conformément au code pénal», a souligné le chef de la division centre de la police judiciaire qui reste persuadé que la traque au banditisme est un phénomène difficile à éradiquer. Il n'en demeure pas moins convaincu que la lutte continue et nécessite l'adhésion de tous, y compris la société civile.