L'objectif est de remettre au goût du jour l'attrait pour les belles choses. Il y avait une ambiance bon enfant au Palais de la culture à Kouba, lors de la clôture par la ministre de la Culture Mme Khalida Toumi, du premier Salon des anitiquités et de la brocante qui a eu lieu du 30 juin au 10 juillet 2005 et qui a été organisé par l'association El Djazaïr El Assima, en partenariat avec la direction du Palais de la culture, d'autant que vers 18 heures, la manifestation a été rehaussée par la prestation d'un orchestre andalou. Qui plus est, la période a été bien choisie, dans la mesure où elle coïncidait avec la célébration du 5 Juillet, fête de l'indépendance. La chose la plus importante à relever vient du fait que c'est l'une des rares fois qu'une manifestation culturelle de cette envergure n'est plus organisée par les seules institutions de l'Etat avec tout cela suppose comme bureaucratie, lenteur et autres couacs, mais par une association culturelle agréée, animée par des militants bénévoles qui ont au coeur la chose culturelle. Pour l'association El Djazaïr El Assima, il s'agit de la deuxième action enregistrée en l'espace d'un mois, puisque la première action avait porté sur l'exposition de tableaux inédits de M'hamed Issiakhem, collection privée de M.Nachet, lui-même membre actif de l'association. Ce que l'on peut dire de prime abord, c'est que malgré une médiatisation bien insuffisante, un public nombreux, venu d'Alger mais aussi des autres villes d'Algérie, a tenu à faire le déplacement pour s'imprégner des objets d'arts exposés, et qui sont une part de l'histoire du pays. Chaque objet en effet, raconte une histoire, celle de son époque, de son fabricant et de ses propriétaires successifs. Au point qu'il est permis de dire qu'un objet n'est jamais neutre. On a pu admirer dans leur cage de verre des objets d'une rare beauté, ciselés avec une grande finesse dans des matériaux nobles: bois, émail, corail, cuivre, laiton, ivoire parfois, argenterie, faïence, pâte de verre, statues de pierre et de terre cuite, céramique, tableaux. Un tel salon bien sûr, justement parce qu'il jure avec la morosité ambiante, vient poser le problème de la conservation, de la transmission, de la restauration, du patrimoine culturel, artistique, architectural algérien. Quand on sait que la plupart de ces objets viennent de l'antique Casbah, un bijou d'architecture et d'histoire qui est lui-même en ruine et à l'abandon, on se rend compte de l'urgence qu'il y a à multiplier ce genre de manifestations pour tirer la sonnette d'alarme et sensibiliser autant le grand public que les autorités à la préservation et à la promotion du patrimoine. Meubles, bijoux, objets de décoration, armes anciennes, manuscrits, estampes, poteries, pendules, et autres objets rares ou insolites invitent au voyage, vous donnent la main pour faire de nouvelles découvertes et ouvrir de nouveaux horizons. Au départ, ce premier salon se voulait modeste. Il valait mieux dans un premier temps se fixer des objectifs maîtrisables et ne pas faire dans le démesuré, au risque de voir foirer l'opération. Mais au final, le résultat n'est pas aussi mauvais. Il est même encourageant, et il autorise à l'avenir d'avoir de plus grandes ambitions et de faire participer un plus grand nombre de chineurs, dans un espace plus vaste. L'objectif, on le devine, est de remettre au goût du jour l'attrait pour les belles choses, dans un environnement envahi par le plastique et les objets fabriqués en série, sans aucune recherche esthétique, avec un design pompier, marqué par la mode du jetable.