C'est que les antiquités, qu'on le veuille ou pas, sont un peu l'âme d'un peuple. C'est aujourd'hui que s'ouvre au Palais de la culture à Alger, le premier Salon de la brocante et des antiquités, organisé par l'association El Djazair el Assima, en partenariat avec le Palais de la culture. Quelques-uns des spécialistes des antiquités sur la place d'Alger viendront présenter des pièces rares. Meubles, bijoux, tapisseries, tissage, dinanderies, poteries, porcelaine, costumes d'une grande valeur et qui remontent à toutes les époques. Ce Salon durera jusqu'au 5 juillet. On signalera que c'est la deuxième activité culturelle organisée par l'association Djazair el Assima en l'espace d'un mois seulement, puisqu'on a eu à admirer, à l'occasion de la Journée de l'artiste, des oeuvres inédites de M'hamed Issiakhem, artiste peintre de génie qui a marqué les arts plastiques algériens pendant plusieurs décennies grâce à une touche originale. Ces tableaux inédits d'Issiakhem appartiennent à un collectionneur privé, M.Nachet, qui a bien voulu confier à l'association présidée par Rachid Belhocine, ces oeuvres rares inconnues du grand public. Pour en revenir au Salon des antiquités et de la brocante qui s'ouvre aujourd'hui, et qui sera inauguré par Khalida Toumi, ministre de la Culture, on insistera sur le fait que l'art des antiquités existe bel et bien en Algérie. Toutes les villes du pays possèdent leur style, leur design, leurs caractéristiques propres. Nous parlerons bien de design, car ces objets, qui sont censés être utilitaires, ont été conçus par de véritables artistes, des artisans qui ont appris leur métier de père en fils, et qui le transmettent aux générations futures de la même manière. Des discussions et des débats auront lieu avec les antiquaires, qui sont des connaisseurs, et qui expliqueront aux visiteurs l'histoire de chaque objet exposé, son origine, son parcours. Ce sont surtout les collectionneurs étrangers qui apprécient la valeur de notre artisanat, et qui les acquièrent à prix d'or. Les Algériens, dans leur grande majorité, soit parce qu'ils n'en ont pas les moyens financiers, soit parce que les dures conditions de la vie quotidienne ne leur permettent pas de s'adonner à la beauté de ces objets, sont un peu, involontairement, coupés de leurs sources. C'est donc à un ressourcement que les invite ce Salon, premier de son genre dans notre pays. C'est que les antiquités, qu'on le veuille ou non, sont un peu l'âme d'un peuple. Et notre histoire est si riche, notre folklore est si varié, qu'il est possible de répertorier dans chaque région, un patrimoine qui lui est propre, avec son originalité, son style, sa patte propre. Les artisans transmettent toute leur émotion à ces objets de la vie de tous les jours. Ce Salon aura atteint son but s'il amène les autorités à se pencher sur la préservation de cet art. Il y aura peut-être des écoles de formation, des espaces réservés aux antiquaires dans les grandes villes, notamment à Alger. Sans préjuger donc de l'avenir, il semble justifié de dire que ce Salon confirme bien le réveil de la société civile envers l'art, en même temps qu'elle révèle qu'elle est sur le point de souscrire à un retour enthousiaste à l'exploration de la civilisation algérienne dont on a toujours dit qu'elle est riche, variée, voire fabuleuse et dont on attend qu'elle se manifeste dans toute son envergure historique. L'initiative en revient à l'association Djazair el Assima. Elle n'est en fin de compte qu'une traduction modeste du travail colossal qui reste à faire pour intéresser l'ensemble de la société civile à la protection du patrimoine.