La pénurie de pain était totale aussi bien dans la ville de Tizi Ouzou, à la Nouvelle- Ville que dans les quatre coins de la wilaya. Après l'augmentation du prix de la baguette de pain, vendredi dernier, hier lundi, les citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou ont été surpris de découvrir que le pain était tout simplement introuvable, en plus du fait que toutes les boulangeries avaient le rideau baissé. C'est la première fois que l'on assiste à une telle situation. Hier, donc, la pénurie de pain était totale aussi bien dans la ville de Tizi Ouzou, à la Nouvelle-Ville que dans les quatre coins de la wilaya. C'est dire que l'appel au débrayage lancé samedi par l'association des artisans boulangers, n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Les nombreux boulangers que nous avons interrogés avaient l'air très convaincu de la justesse de leur revendication inhérente à l'augmentation du prix de la baguette de pain. «On ne peut pas continuer comme ça, avec un prix de la baguette de pain à 10 DA», nous confie l'un des plus anciens boulangers de ville des Genêts. Pour leur part, les commerçants ayant l'habitude de vendre du pain, ont dans leur majorité refusé de le faire depuis samedi, suite à la hausse des prix et aussi, suite aux risques d'être sanctionnés par les services concernés. Ceci, après que les responsables à tous les niveaux eurent qualifié d'illégale la hausse du prix de la baguette de pain. Une décision qui avait été prise de manière unilatérale par l'association des artisans boulangers. Les commerçants ont aussi expliqué ce refus de vendre désormais du pain par le fait que les mêmes boulangers ont pris la décision de leur céder la baguette au prix de 14 DA. Les commerçants n'auront de ce fait droit qu'à un dinar de bénéfice sur une baguette vendue. Ce qui est très insuffisant, jugent-ils. «Notre marge bénéficiaire recouvre à peine le prix du sachet indispensable à la vente du pain», déplore le propriétaire d'une supérette à la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou qui dit faire partie des commerçants qui ont refusé de se faire livrer le pain depuis samedi dernier, par les boulangers pour les raisons sus-citées. Ces derniers, pour leur part, insistent sur le fait que depuis des années, ils ne cessent de tirer la sonnette d'alarme et d'interpeller les autorités concernées quant à la nécessité de revoir à la hausse le prix du pain afin de sauver une profession que de nombreux artisans ont déjà déserté, car jugée beaucoup moins rentable qu'avant. En effet, les concernés révèlent que le prix d'une baguette de pain n'est pas moins de 12 DA. Qu'en est-il de la subvention que garantit l'Etat concernant la farine? Certes, la farine est subventionnée par l'Etat, répondent les artisans boulangers mais, ajoutent-ils, la levure et autres améliorants ne le sont pas. Et ils coûtent 400 DA le kilogramme. Les concernés citent également le prix des autres ingrédients ainsi que des charges diverses comme l'eau, l'électricité, le loyer, les impôts, les cotisations à la Casnos, les salaires des travailleurs... Comme on peut le constater, les revendications des boulangers ne sont pas à prendre à la légère et il est évident que ce n'est pas de gaieté de coeur qu'ils ont décidé d'avoir recours à la hausse du prix du pain. Car eux aussi, ce sont des citoyens algériens à part entière. En même temps, les citoyens de manière générale ne comprennent rien à cette affaire de pain qui s'apparente à un feuilleton à plusieurs rebondissements. Il y a eu d'abord la confusion de vendredi dernier. D'un côté, les citoyens découvrent subitement que le prix du pain a vraiment augmenté de 5 DA. Une augmentation confirmée par les boulangers eux-mêmes, mais infirmée par tous les responsables concernés au plus niveau de l'Etat et dénoncée par l'association de défense du consommateur. En tout état de cause, la grève des boulangers, hier, qui risque d'être reconduite aujourd'hui, en l'absence de réaction de la part des autorités concernées, a engendré d'énormes désagréments. En plus du fait que les citoyens, de manière générale, n'avaient pas où se procurer la baguette de pain indispensable sur la table des Algériens, les restaurants et autres fastfoods, ont dû en grande partie baisser rideau. Alors que d'autres ont réussi à dénicher d'importantes quantités de galettes traditionnelles pour assurer une sorte de service minimum.