Les combats font rage entre les partisans de l'ex-chef d'Etat, Ali Abdallah Saleh, et ses anciens alliés les rebelles Houthis. Pendant ses 33 ans au pouvoir, M. Saleh, 75 ans, a combattu à six reprises les Houthis. L'alliance entre factions rebelles qui se partagent le contrôle de la capitale yéménite, Sanaa, depuis plus de trois ans, a volé en éclats. Le parti de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, le Congrès général du peuple (CPG), a appelé la population à se soulever contre les milices houthistes, après quatre jours d'affrontements dans la ville à l'arme lourde, et après l'échec d'une tentative de médiation, vendredi. Ces combats ont déjà fait des dizaines de morts et de blessés. Les affrontements entre ces deux composantes de la rébellion yéménite ont débuté avant que Ali Abdallah Saleh ne tende la main à l'Arabie Saoudite en vue d'éventuelles discussions, mais ils se sont intensifiés depuis, preuve que cette alliance de circonstance est enterrée. Même la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite aurait décidé de prêter main-forte aux troupes de l'ancien Président. Dans les rues de Sanaa, des habitants ont défilé en défi aux Houthistes et déchiraient drapeaux et affiches du mouvement. M. Saleh est apparu brièvement sur la chaîne de télévision Yemen Today pour appeler les militaires, qui lui sont fidèles, à rejoindre leurs unités, afin de défendre le pays. Les Houthistes ont dénoncé une tentative de «coup de force». Ils accusaient auparavant les forces pro-Saleh de recruter et d'entraîner des hommes sur leurs bases pour préparer une prise de pouvoir dans la capitale. L'équilibre des forces dans la capitale demeurait confus hier, même si Ali Abdallah Saleh et ses forces annoncent régulièrement être maîtres d'un grand nombre de quartiers stratégiques. Equilibre des forces Evoquant un complot de la coalition saoudienne, le porte-parole des Houthistes, Mohammed Abdulsalam, a nié sur Twitter les annonces de conquête du camp Saleh. Dans une allocution diffusée sur la chaîne rebelle Al Masirah, le leader des Houthistes, Abdelmalek Al Houthi, avait auparavant dénoncé une trahison au sein du CGP. Il a appelé M. Saleh à «revenir à la raison» et à renouer les liens de médiation entrepris vendredi, menaçant de réduire son initiative par la force. La coalition saoudienne, quant à elle, a salué un mouvement qui pourrait «libérer» la population des Houthistes. Le vice-président du Yémen, Ali Mohsen Al Ahmar, ancien bras droit de M. Saleh, qui l'avait abandonné avant sa chute, en 2011, a lancé un appel surprenant à l'unité face aux Houthistes. Dans sa courte allocution télévisée, M. Saleh, quant à lui, a, une nouvelle fois, signalé sa volonté de coopérer avec la coalition, se disant prêt à «tourner la page», à condition que celle-ci suspende ses opérations militaires, et qu'elle mette un terme au blocus des zones rebelles. Les Houthistes avaient accusé, ces derniers mois, M. Saleh de négocier secrètement avec la coalition, ce qu'ils ont fait eux-mêmes par le passé. En août, des heurts entre des partisans de M. Saleh et les Houthistes avaient déjà dégénéré dans la capitale. Des négociations avaient permis un retour au calme, accompagné d'une nouvelle répartition du pouvoir au sein des «ministères» du gouvernement parallèle mis en place par les rebelles. M. Saleh paraissait cependant graduellement marginalisé. La confiance entre les deux camps avait aussi pris un sérieux coup.