Netanyahu peut être content du travail de Trump Méthodiquement, Netanyahu veut profiter au maximum de la «chance» que représente Trump à la Maison-Blanche pour le sionisme et l'Etat hébreu. Avec la présentation dans quelques semaines d'un projet de paix estampillé israélien, le but recherché est double. A peine a-t-il mis le feu aux poudres sur la question du transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem, que le président américain Donald Trump laisse volontiers «fuiter» deux versions préliminaires de son «projet de paix» (sic) entre Israéliens et Palestiniens pour sonder l'opinion aux Etats-Unis. L'administration US a déjà indiqué que la mouture définitive devrait être rendue publique le mois prochain sans présager des zigzags et des coups fourrés dont l'homme a déjà donné des indices probants. Fortement tributaire de son entourage tant familial que républicain où le vice-président Mark Pence, chrétien ultra conservateur et proche des lobbies de l'armement joue une partition singulière, Donald Trump s'est largement référé aux «conseils» et aux objectifs de son nouvel ami Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien pour élaborer cette soi-disant plate-forme de négociations. Encore un marché de dupes! Enhardi par la facilité avec laquelle toutes ses exigences ont été et sont satisfaites par les monarchies du Golfe, en quête d'un rapprochement militaro-politique avec Israël, Trump dessine une nouvelle entourloupe pour gruger les Palestiniens et son plan suit mot à mot les consignes de Netanyahu et de ses compères aux Etats-Unis. Raison pour laquelle la méfiance est devenue de mise du côté palestinien, les autorités ayant déjà signifié une fin de non recevoir à Mark Pence chargé d'une tournée au Moyen-Orient dans les prochains jours. Faisant écho à cette réaction palestinienne, l' imam d'Al Azhar et le pape Tawadros II de l'Eglise copte orthodoxe d'Egypte ont annulé la rencontre prévue avec Mark Pence, lors de sa tournée, pour protester contre la décision unilatérale de Washington de déclarer Jérusalem capitale d'Israël, «faisant fi des sentiments de millions d'Arabes». Chrétiens et musulmans au Moyen-Orient sont conscients des manoeuvres sionistes dont Washington est devenu ouvertement l'exécuteur zélé et inconditionnel, de sorte que son soi-disant rôle de médiateur n'est plus désormais qu'une «aimable» duperie. Méthodiquement, Netanyahu veut profiter au maximum de la «chance» que représente Trump à la Maison-Blanche pour le sionisme et l'Etat hébreu. Avec la présentation dans quelques semaines d'un projet de paix estampillé israélien, le but recherché est double: d'une part, annihiler les réactions des Arabes et des musulmans contre la décision de Trump sur Jérusalem «capitale éternelle et indivisible d'Israël» malgré les innombrables résolutions de l'ONU et les engagements pris par des dirigeants sionistes israéliens successifs, dans le cadre des Accords d'Oslo comme de Camp David, engagements cyniquement bafoués au fur et à mesure que se rapprochent les échéances de leur mise en application. D'autre part, entretenir chez les Palestiniens l'illusion d'un processus salvateur de façon à étouffer leur potentiel de résistance et de lutte contre le fait accompli israélien fondé sur les certitudes de l'impunité totale garantie par le veto américain. On se souvient que dès les premiers jours de son investiture, Donald Trump n'a pas cessé de pérorer avec vantardise quant à son aptitude à résoudre le conflit palestinien. Il n'avait pas bien sûr indiquer de quelle manière mais cette manière est aujourd'hui très évidente. Il parlait alors de «The ultimate deal», dénoncé alors par les juifs américains non sionistes dans leur publication Tikun. Fanfaron et dangereux par son inconséquence, le président a fait porter son projet de paix par le New York Times et plusieurs médias israéliens, laissant entendre que la création d'un Etat palestinien sera une des clauses incontournables. Sauf que, dans le détail, un flou artistique entoure complètement cette clause et qu'au final, le projet sera nettement en retrait par rapport à ce que les accords d'Oslo devaient produire et qu'ils n'ont jamais produit... «grâce» à Benjamin Netanyahu! Chose évidente, il n'est plus question d'El Qods comme capitale de l'Etat palestinien dans ce projet à la Trump pas plus qu'à la résorption des colonies illégales implantées dans les territoires occupés et dans la ville sainte musulmane et chrétienne. Tout au plus, le projet de l'administration Trump et des faucons israéliens cherche à accroître les gains territoriaux d'Israël au mépris des lois et des résolutions internationales tout en renforçant les capacités sécuritaires de son armée face à la Jordanie et au Liban, de telle sorte que toutes les revendications, absolument toutes, de Netanyahu se trouvent satisfaites par le projet de paix que Donald Trump est chargé d'imposer aux peuples palestinien et jordanien. On le voit, de paix il n'est guère question en vérité car l'Etat palestinien tel que le propose Trump et le veut Netanyahu consiste en une entité sans souveraineté réelle. Le plus risible dans cette affaire est que le président américain, décidément fidèle à lui-même comme à son entourage sioniste, entend en confier la mise en oeuvre à son gendre Jared Kushner, juif orthodoxe très impliqué dans le financement des colonies juives dans les territoires palestiniens! Un comble. Mais le ver est déjà dans le fruit quand on sait qu'Israël caresse le projet de plusieurs accords commerciaux avec l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et la Jordanie dans le cadre de cet ultimate deal qui porte bien son nom car il s'agit ni plus ni moins, que d'un nouvel ultimatum.