La décision décriée de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël continuait hier de dominer l'agenda diplomatique, de Bruxelles au Caire en passant par Ankara, des manifestations étant également prévues dans plusieurs pays pour le cinquième jour consécutif. Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a appelé à une manifestation de masse en début d'après-midi dans la périphérie sud de Beyrouth, fief du puissant mouvement chiite qui se veut l'un des champions de la cause palestinienne. En Iran, la section étudiante des «bassidjis», a appelé à défiler au même moment. De nouveaux rassemblements sont aussi attendus à Jérusalem et dans les Territoires palestiniens après quatre jours de confrontation avec les forces israéliennes qui ont coûté la vie à quatre Palestiniens et fait des centaines de blessés. En reconnaissant le 6 décembre Jérusalem comme la capitale d'Israël, une rupture avec des décennies de diplomatie américaine et internationale, M. Trump a déclenché des manifestations quotidiennes dans le monde musulman et de nombreux heurts dans les Territoires palestiniens, même si la mobilisation n'est pas encore massive. Des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dimanche d'Indonésie au Maroc en passant par la Turquie. A Beyrouth, les forces de sécurité avaient dispersé une manifestation près de l'ambassade des Etats-Unis à coup de canons à eau, faisant plusieurs blessés. L'initiative unilatérale du président américain lui a attiré la colère des dirigeants palestiniens et une réprobation quasiment unanime de la communauté internationale. «La pire chose qui puisse se produire maintenant, c'est une escalade des tensions, de la violence», a dit la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini. Elle a répété la position européenne selon laquelle la solution dite à deux Etats, c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien coexistant avec Israël, chacun ayant Jérusalem pour capitale, restait la seule valable pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948, la communauté internationale s'est gardée de reconnaître Jérusalem comme capitale. Les Palestiniens représentent environ un tiers d'une population de 882.000 personnes, mais demeurent majoritaires à Jérusalem-Est, annexée par Israël. L'ONU n'a jamais reconnu cette annexion. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a estimé dimanche que la décision américaine pourrait nuire au processus de paix. Le président palestinien Mahmoud Abbas était hier Caire pour un sommet avec le chef de l'Etat égyptien Abdel Fattah Al-Sissi. L'Egypte est le premier - et l'un des deux seuls à ce jour - pays arabe à avoir fait la paix avec Israël. Le second est la Jordanie, qui reste, pour des raisons historiques et diplomatiques, la gardienne des lieux saints de Jérusalem, dont l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam. La décision de M. Trump a aussi glacé les relations, récemment rétablies, entre Israël et la Turquie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan tente de s'imposer comme le héraut de la cause palestinienne et a échangé de vifs propos avec M. Netanyahu.