Des bombardiers Sukoï SU 35 à Hmeimim, l'arme la plus redoutable avec les batteries S400 «La Syrie a été préservée en tant qu'Etat souverain et indépendant», a affirmé Poutine, en remerciant les soldats russes pour leur engagement et leur sacrifice. «Si les terroristes relèvent de nouveau la tête, alors nous les frapperons avec une force jamais vue», a-t-il averti... C'est une grande première. Le président russe Vladimir Poutine était hier en Syrie, à la base aérienne de Hmeimim où il a été accueilli par le président Bachar al Assad. Confirmant le retrait de la majeure partie du contingent militaire russe, annoncé à plusieurs reprises depuis deux mois, notamment le 21 novembre dernier avec la «fin de la phase active de l'intervention», il a également souligné le maintien sur place et «de façon permanente» d'une force armée russe tant à Hmeimim (aviation) que sur la base navale de Tartous où mouillent régulièrement les sous-marins nucléaires de la Russie. Cette visite du président Poutine intervient quelques jours après l'annonce à Moscou de la «libération totale de la Syrie» du fléau terroriste incarné par le groupe autoproclamé Etat islamique. Moscou mesure parfaitement la réalité du terrain et c'est pourquoi la décision a été prise de rester à Hmeimin, qui accueille d'importants moyens militaires tant humains que matériels, et à Tartous, une des raisons qui ont conduit la Russie à intervenir puissamment en Syrie face à la menace des groupes dits rebelles que conduisait Fath el Cham (ex Al Nosra, branche d'Al Qaïda) durant l'été 2015. Il aura fallu deux années de combats acharnés pour que l'armée arabe syrienne appuyée par les forces armées russes et alliées parviennent à en finir avec les factions terroristes internationales. Celles-ci ont été «détruites en grande partie», a constaté sur place le président Poutine qui a en conséquence «pris la décision de faire rentrer en Russie la plus grande partie du contingent militaire russe se trouvant en Syrie». A son arrivée à Hmeimim, il a été accueilli par le président Al Assad ainsi que par le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou et le chef des forces russes en Syrie, le général Sergueï Sourovikine. Comme n'ont pas manqué de le «déplorer» les agences d'information occidentales, le président Poutine n'a pas soufflé mot sur le nombre de militaires russes appelés à demeurer à Hmeimim et à Tartous. Il est aisé de comprendre pourquoi! Comme à Sotchi, la veille du sommet avec ses homologues iranien et turc, le président russe a salué chaleureusement le chef de l'Etat syrien avant de s'adresser au contingent militaire russe pour lui indiquer que «l'objectif de la lutte contre les criminels armés en Syrie, l'objectif, qui nécessitait les moyens de grande envergure des forces armées, a été atteint dans sa totalité, et brillamment»,un discours retransmis peu après par la télévision russe. «La Syrie a été préservée en tant qu'Etat souverain et indépendant», a-t-il affirmé, en remerciant les soldats pour leur engagement et leur sacrifice. «Si les terroristes relèvent de nouveau la tête, alors nous les frapperons avec une force jamais vue», a tenu à prévenir Vladimir Poutine qui ajoute en cette circonstance: «Nous n'oublierons jamais ni les morts ni nos pertes causées par la lutte contre le terrorisme, en Syrie et chez nous, en Russie». Pour sa part, le président Bachar al Assad a remercié le président Vladimir Poutine, mettant l'accent sur «la participation efficace (du contingent russe) dans la guerre contre le terrorisme...Ce qu'ont fait les militaires russes, les Syriens ne l'oublieront jamais. Leur sang s'est mêlé au sang des martyrs de l'armée syrienne», a-t-il rappelé. Dans le sillage de cette visite exceptionnelle à Hmeimim, le président Poutine s'est rendu au Caire où il a rencontré le chef de l'Etat égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, puis à Ankara pour des entretiens avec Tayyip Recep Erdogan sur le dossier syrien, entre autres questions. L'agence Interfax avait signalé que Vladimir Poutine en avait informé Bachar al Assad avant de quitter la base de Hmeimim. Pour Moscou, en effet, l'heure est venue d'obtenir une «résolution politique de l'ONU» sur la fin de la crise en Syrie tandis qu'à Genève se déroule le huitième round des négociations entre le gouvernement syrien et l'opposition. Comme chacun sait, l'intervention militaire russe en Syrie en octobre 2015 a changé complètement la donne en faveur de l'armée syrienne qui a commencé par reprendre à Daesh la cité antique de Palmyre avant de les chasser de leur fief d'Alep. Très vite, le contingent russe a atteint environ 5 000 soldats déployés sur tout le territoire syrien, avec une bonne partie dans la base aérienne de Hmeimim, dans le fief de Bachar al Assad, au nord-ouest du pays. A ce jour, on dénombre une quarantaine de militaires russes dont une majorité d' officiers qui ont péri dans les combats aussi bien pour l'aviation que pour les troupes terrestres. Sur les 5 000 hommes, plus de la moitié avaient pour rôle de conseiller les troupes syriennes avec le succès que l'on sait. A ce contingent s'ajoute également un millier de combattants tchétchènes présents essentiellement dans les zones reprises aux factions extrémistes rebelles. Ces éléments des forces spéciales ont eux aussi apporté une forte contribution aux côtés des forces spéciales iraniennes et celles du Hezbollah libanais. L'aviation russe a été l'élément moteur de la bataille car c'est elle qui a sans cesse nettoyé le terrain, facilitant au fur et à mesure la progression de l'armée arabe syrienne et de ses alliés. D'ailleurs, les pilotes russes engagés en Syrie ont été fêtés comme des héros de la nation à leur retour en Russie. Utilisant des Sukhoï SU-35, derniers-nés des appareils russes, dont plus d'une vingtaine sont basés à Hmeimim, Moscou a aussi fait appel aux bombardiers stratégiques TU 22 et TU 160 pour lancer des missiles balistiques dont la portée dépasse 4 500 km. Et afin de défendre ses bases aérienne et navale, la Russie a installé, fin 2015, les fameuses batteries de défense antiaériennes S400 qui constituent, à l'heure actuelle, l'arme la plus redoutable aux côtés d'autres moyens mobiles comme les Pantsir. Et pour imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de toute la Syrie, ont été déployées en appui les batteries S300, initialement prévues pour la protection de la base navale de Tartous. On se souvient, en outre, des périples de plusieurs sous-marins, du porte-avion Amiral Kouznetsov et du croiseur Moskva, en Méditerranée, où des tentatives de blocage ont été opérées par l'Otan dans leur ravitaillement en carburant. Cet impressionnant dispositif va donc être allégé dans les prochaines semaines, comme l'a souligné le chef d'état-major russe, Valery Guerasimov. Il n'empêche que la vigilance restera de mise puisqu'en janvier 2017, Damas a conclu un accord avec Moscou pour faire de Hmeimim, à l'instar de Tartous, une base militaire permanente.