Cinq ambassadeurs de pays occidentaux à l'ONU [Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Suède] ont été catégoriques quant à la décision unilatérale sur El Qods du président des Etats-Unis, Donald Trump. Assurant qu'elle n'est pas «conforme aux résolutions du Conseil de sécurité» les cinq diplomates précisent «Jérusalem devra être la capitale de deux Etats, Israël et la Palestine. En l'absence d'accord, nous ne reconnaissons aucune souveraineté sur Jérusalem». Cela résume en fait le sentiment actuel de la communauté internationale sur un parti-pris et un fait accompli, qui ne contribuent pas à restaurer les conditions permettant la reprise des pourparlers israélo-palestiniens. La question du statut de Jérusalem ne relève aucunement de la seule appréciation des Etats-Unis qui, en l'occurrence, ont piétiné le droit international et en particulier les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur ce dossier. De fait, les diplomates sis-cités, assurent encore: «Conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 476, 478 et 2334, nous considérons Jérusalem-Est comme faisant partie des territoires occupés palestiniens.» C'était important de le souligner, d'autant plus que l'ONU ne reconnaît ni l'occupation (juin 1967) ni l'annexion (octobre 1981) de la Ville sainte. El Qods, la précision est de mise, fait partie intégrante des territoires palestiniens occupés. Et c'est El Qods (Jérusalem-Est) qu'Israël tente depuis des décennies de réunir avec Jérusalem-Ouest, ville limitrophe de la Ville sainte, située en territoire israélien. Il faut donc savoir qu'il y a deux «Jérusalem», pas une seule, comme tente de le faire accroire l'entité sioniste. En cas d'accord - ce qui, pour le moment, est éloigné et peu probable - Jérusalem-Ouest serait la «capitale» d'Israël, mais cela ne se fera pas avant l'édification, d'un Etat palestinien indépendant. Donc, pas de Jérusalem sans la Palestine. Or, au long de ces années, Israël a poursuivi la colonisation en Cisjordanie et la judaïsation de la Ville sainte, niant l'existence d'un Etat palestinien à ses côtés, sachant pertinemment que l'implantation de colonies dans les territoires palestiniens occupés rend peu fiable cet Etat. Aussi, il est absurde d'entendre le chef de la diplomatie états-unienne, Rex Tillerson, affirmer que Trump «est très engagé pour le processus de paix» au Moyen-Orient. Si tel a été le cas, la décision de Trump aurait dû être de reconnaître l'Etat de Palestine et Jérusalem-Est comme sa capitale. A ce moment oui, il aurait pu ajouter que «Jérusalem-Ouest» serait la capitale d'Israël. Trump ne l'a pas fait, choisissant d'être juge et partie. De la sorte, il a de fait exclu les Etats-Unis du parrainage du processus de paix, si jamais celui-ci puisse être réanimé. Ce qui est improbable à ce stade, à moins que le président des Etats-Unis admette son erreur et revienne sur une décision décriée y compris par les alliés de Washington, car, comme l'affirment les cinq diplomates occidentaux, la décision «ne favorise pas la perspective de paix dans la région». M.Trump, s'en rend-il seulement compte qui a confié à des sionistes et pro-israéliens - dont son gendre Jared Kushner - la charge de tracer la politique des Etats-Unis au Proche-Orient, singulièrement sur le conflit israélo-palestinien? En faisant sien le credo israélien de Jérusalem capitale «éternelle» d'Israël, Trump accrédite la tentative du clan pro-israélien de changer de fond en comble la politique des Etats-Unis au Proche-Orient. En fait, le cercle pro-israélien qui entoure Trump veut modifier la politique états-unienne, constante depuis 70 ans, sur le dossier israélo-palestinien. De fait, Trump a purement et simplement endossé la politique d'Israël sur cette question, lequel se substitue de fait aux Etats-Unis sur ce dossier si sensible. Dès lors, Trump a pris une décision conçue et mûrie en Israël, qu'il n'a fait que ratifier en la faisant sienne. C'est la première fois qu'un président des Etats-Unis, contrevient à un modus vivendi qui fait que, malgré la loi de transfert de l'ambassade états-unienne à Jérusalem, votée en 1995 par un Congrès pro-israélien, aucun président états-unien n'a pris sur lui de ratifier ce transfert, remettant constamment à plus tard cette décision. Une décision répétons-le qui n'est pas celle de Trump, mais celle d'Israël. Notons que les enfants Trump - qui se sont convertis au judaïsme - ont pour conjoint(e)s des juifs et des juives. Ceci peut expliquer cela. En une année à la tête des Etats-Unis, faisant tout faux, Donald Trump est devenu un cas d'école, alors qu'analystes et observateurs s'interrogent sur un homme introverti qui mène le monde à sa perte.