L'Opep et ses 11 alliés sont sans doute en train de faire mouche Alors que le cartel annonce un rééquilibrage du marché en 2018, l'Energy Information Agency américaine estime que la production US augmentera de 780 000 barils par jour. La «guerre des communiqués» bat son plein. Normal. Chaque partie défend sa chapelle. Au moment où l'Organisation des pays exportateurs de pétrole annonce que le marché du pétrole devrait avoir trouvé son point d'équilibre d'ici à la fin 2018, une année qui sera marquée par une solide hausse de la demande, l'Energy Information Agency américaine estime pour sa part que la production US augmentera de près de 800.000 barils par jour. «La production américaine augmentera de 780.000 barils par jour à 10,02 millions de barils par jour en 2018» selon les prévisions de l'EIA. Ce qui, en clair, va à l'encontre de celles de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. La croissance de la demande mondiale de pétrole est estimée à 1,51 million de barils par jour en 2018, comparée à 1,26 mb/j jusqu'ici, pour atteindre 98,45 mb/j, a-t-elle indiqué dans son rapport mensuel. «Le processus de rééquilibrage du marché est en bonne voie, soutenu par des niveaux de conformité historiquement élevés de la part des pays participant aux accords de limitation de la production», avait souligné de son côté le secrétaire général de l'organisation, Mohammed Barkindo, lors d'un discours prononcé mardi à Pékin. De quoi jeter le trouble et donner le tournis à un baril qui a évolué ces dernières 48 heures plutôt en dents de scie. Les prix, qui ont franchi la barre des 65 dollars mardi en cours d'échanges, ont lourdement chuté. Le Brent a perdu près de deux dollars en 24 heures. Pourquoi? Ces informations contradictoires auraient douché le baril alors que «Forties», le plus gros oléoduc britannique de la mer du Nord, qui restera probablement fermé pendant plus de deux semaines pour des réparations, limitant sensiblement l'offre mondiale de pétrole, semblait le tirer irrésistiblement vers le haut. Une tempête dans un verre d'eau apparemment, puisque le naufrage n'a pas eu lieu. La situation tourne incontestablement à l'avantage de l'Opep. «Le rapport publié par l'Opep apporte son soutien au prix car il montre d'une part que la production de brut de l'organisation a baissé en novembre et d'autre part que la demande l'an prochain devrait continuer à être solide», a fait remarquer Matt Smith de ClipperData. Les prix du pétrole ont effectivement relevé la tête. Hier aux environs de 12h00, à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 63,97 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, enregistrant une hausse de 63 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de janvier se négociait à 57,57 dollars et engrangeait un gain de 43 cents, comparativement à la veille. Si les cours ont nettement reculé, c'est parce que les investisseurs ont profité de nombreuses phases de hausse marquées pour encaisser leurs bénéfices afin de se focaliser par la suite sur les chiffres des réserves américaines de pétrole. Et que disent les pronostics? «Les cours ont été soutenus après la clôture mardi, quand l'API (Fédération professionnelle de l'American petroleum institute, Ndlr) a fait état d'une baisse très marquée des réserves nationales de brut et d'un net retrait des stocks à Cushing», ont indiqué les analystes de JBC Energy, ce qui ne constitue pas véritablement une surprise pour les spécialistes. «La baisse des stocks était attendue, étant donné les données des douanes américaines et celles du fournisseur de données Genscape sur Cushing», a reconnu Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. «Les stocks d'essence et de produits distillés ont augmenté, mais ce n'est pas plus étonnant, car c'est habituellement le cas en cette saison», a-t-il ajouté. Les regards restaient focalisés sur le rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie sur les stocks de produits pétroliers. «Il devrait selon toute vraisemblance montrer une forte baisse des stocks de brut et être par conséquent positif pour les prix...», a pronostiqué Matt Smith de ClipperData. L'Opep et ses 11 alliés sont sans doute en train de faire mouche.