Le professeur émérite Chems Eddine Chitour Le Professeur. Chitour a appelé les jeunes Algériens à garder foi en leur pays tout en menant de grands défis qui permettront de sauver l'Algérie. Appréciez-plutôt... A l'américaine! Les étudiants de l'Ecole nationale polytechnique sont encouragés à l'entrepreneuriat et la prise d'initiatives dès le début de leur cursus. C'est dans ce cadre que des associations d'étudiants ont été créées à l'instar de «Chemical Engineering Club», qui a organisé jeudi dernier, une conférence qui a pour thème: «Le monde de l'énergie et les défis du futur: quelles opportunités pour l'Algérie?». C'est le parrain de cette association, le professeur émérite Chems Eddine Chitour qui a été tout naturellement choisi pour ouvrir ce cycle de conférences qui se poursuivra tout au long de l'année. Le professeur Chitour qui est spécialiste des questions énergétiques est aussi connu pour être un agitateur d'idées. Il a profité de cette conférence qui a vu la présence d'étudiants de plusieurs autres écoles et universités du pays pour envoyer des messages très forts aux jeunes Algériens. Le professeur Chems Eddine Chitour commence tout d'abord par se rappeler aux bons vieux souvenirs des anciens élèves qui sont passés par cet amphithéâtre qui sont devenus des éminences dans leur domaine. «Mais malheureusement, la majorité l'est à l'étranger», se désole-t-il pour ce qui sonne comme un message fort à une jeunesse algérienne perdue entre ses envies d'ailleurs et son désir de faire avancer le pays. Dans ce sens, le professeur Chitour appelle ces jeunes à entreprendre. «N'attendez pas que l'Etat vous aide. Si vous avez des idées, faites tout pour les concrétiser. Entreprenez...», lance-t-il sous les applaudissements de la salle. «La différence entre nous et l'Europe c'est qu'eux n'ont pas de pétrole, mais ont des idées ce qui leur permet d'être mieux que nous», ajoute-t-il. «J'en profite donc pour lancer un appel aux autorités pour qu'ils forment les jeunes au lieu de leur donner des bus. La formation des hommes est la colonne vertébrale du développement dans tous les pays du monde. Malheureusement, elle fait défaut en Algérie», s'insurge-t-il en donnant la piste du développement durable comme pari d'avenir. D'ailleurs, il appelle à une révolution du...tout-électrique. «Actuellement, il y a une révolution qui se fait dans le monde «le tout-électrique», l'Algérie ne doit pas rater cette révolution», soutient-il en donnant comme exemple le «frère -ennemi» marocain qui vient de signer un contrat avec le géant chinois, BYD, des voitures électriques, pour l'implantation de plusieurs usines au Maroc. «Pourquoi ne pas faire de même? Je l'ai toujours dit. Nous ambitionnons de créer une industrie automobile, alors pourquoi ne pas aller vers le montage de véhicules électriques?», s'interroge-t-il. «Imaginez que 25% de notre parc en 2030 (nous aurons près de 11 millions de voitures) seront électriques, cela veut dire qu'on diminuera la consommation d'essence qui sera soit vendue ou laissée pour les générations futures. En tout état de cause, le carburant sera de plus en plus renouvelable, c'est-à-dire qu'il proviendra des panneaux photovoltaïques, du vent, de la biomasse ou de l'énergie hydraulique», souligne-t-il. «On doit aussi développer plus les transports électriques tels que le métro, le train et le tramway. L'argent tiré des taxes et les économies faites sur les carburants classiques, dont les importations se situent autour de 3 milliards de dollars, serviront à développer les transports publics», poursuit-il. «Avec cela, on fera des économies d'énergie et d'argent. A titre d'exemple, 100 km avec une voiture électrique ne nous coûtera que 7 dinars contre 250 dinars avec de l'essence», rétorque-t-il en insistant sur le fait que c'était la révolution qu'il ne fallait pas rater. «On a les moyens de le faire, les circonstances nous sont favorables, alors à nous de l'imposer...», renchérit-il non sans appeler à révolutionner également les mentalités. «On doit encourager les citoyens à rouler propre en surtaxant les véhicules roulant à l'essence et au diesel, tout en exonérant de taxes les véhicules électriques», estime-t-il. «On doit former des écocitoyens et non des égocitoyens comme ils le sont actuellement. Pour réussir ce défi on doit d'abord éradiquer le gaspillage de l'énergie sous toutes ses formes. Nous devons nous mettre à l'économie d'énergie (électricité, eau, gaz, carburant,...) pour diminuer nos besoins», suggère-t-il. «Comme je le dis souvent, consommez moins, pour consommer mieux», conseille-t-il. ««Il n'est pas encore trop tard. Vous êtes l'avenir. C'est vous et seulement vous qui pouvez changer les choses. Votre impact est très important. Les petits ruisseaux font les grandes rivières», insiste-t-il avec conviction auprès de ces jeunes étudiants éblouis par cette conférence.