En embuscade, l'homme fort de l'Est libyen, Khalifa Haftar, a jubilé hier, à l'aube, dès les premières minutes de l'expiration du mandat du GNA (gouvernement d'union nationale) dirigé par Fayez al-Sarraj et appuyé par la communauté internationale. Par la force du...vide, Haftar s'annonce comme étant le seul interlocuteur face à la communauté internationale au nom du peuple libyen. Dans une intervention télévisée, il a estimé que la date du 17 décembre (hier, Ndlr) marquait «un tournant historique et dangereux» avec «l'expiration de l'accord politique libyen». «Tous les corps issus de cet accord perdent automatiquement leur légitimité contestée (déjà) dès le premier jour de leur prise de fonction», a-t-il dit. Plongé dans une grave crise depuis la chute du régime du colonel El Gueddafi en 2001, le bourbier libyen menace toujours. Les conséquences seront directes. C'est la porte d'entrée qui sera grande ouverte aux djihadistes chassés de Syrie et d'Irak. Et ne doutez pas de la réaction des Occidentaux qui ont déjà planté le décor d'une réplique militaire. La création du «G5 Sahel» est une des réponses toutes trouvées à cette menace. Au-delà de cet exhibitionnisme, du marketing de l'image et de la guerre de positionnement opérée par Haftar, l'Algérie reste inébranlable: rien ne pourra se faire sans la feuille de route de l'ONU. Inflexible dans sa démarche pour une solution diplomatique, elle lance une ultime tentative de consolider les chances d'une paix négociée en Libye. La diplomatie algérienne s'active avec les pays voisins pour arracher une prorogation, une fois de plus, le mandat du gouvernement al-Sarraj arrivé à terme. Hier, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, s'est envolé à Tunis où il a assisté à la réunion ministérielle tripartite (Algérie- Egypte- Tunisie) sur la Libye. C'est pour la quatrième fois que les chefs de la diplomatie des trois pays se réunissent depuis 2016, année durant laquelle, le président Bouteflika et ses deux homologues, le Tunisien Béji Caïd Essebsi et l'Egyptien Abdelfettah Sissi ont lancé cette initiative diplomatique de haut niveau pour une sortie de crise en faveur de la Libye. Cette démarche tripartite a été d'ailleurs appuyée par l'envoyé spécial de l'ONU en Libye Ghassan Salamé. Pour contenir l'empressement de Haftar, Salamé a indiqué dans un message hier, que les Libyens en avaient «marre de la violence» et «considéraient le processus politique comme la seule voie vers la stabilité et l'unité de leur pays». «J'exhorte ainsi toutes les parties à écouter leurs voix et à s'abstenir de toute action qui pourrait menacer le processus politique», a-t-il dit. Institué par l'accord de Skhirat (Maroc) conclu il y a deux ans, le 17 décembre 2015, le gouvernement libyen d'union nationale devait initialement terminer sa mission en une seule année ce qui s'est avéré impossible en raison de la complexité sur le terrain. L'approbation d'un délai supplémentaire d'un an est rendue nécessaire pour favoriser la mise en oeuvre du plan adopté en septembre dernier par le Conseil de sécurité des Nations unies sur proposition du Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies et chef de la mission spéciale pour la Libye (Unsmil), Ghassan Salame.