Les besoins du football pour sa refondation sont largement supérieurs à cette somme. Il y a de cela quelque temps, lors de la conférence de presse tenue par certains cadres du MJS autour des subventions allouées aux fédérations sportives cette année, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M.Yahia Guidoum, qui était arrivé en fin de conférence, était intervenu pour annoncer que «les fausses promesses allaient être bannies» et qu'«il fallait entamer la réhabilitation du football et du sport de haut niveau». S'agissant du football, les pouvoirs publics ont, semble-t-il, annoncé la couleur puisque sur les 98 milliards alloués au sport, 35 devaient aller à cette discipline, ce qui fait un peu plus du tiers de ce que va recevoir le mouvement sportif national. Evidemment, cette somme peu paraître énorme mais il faut la relativiser. Le football, sport-roi par excellence, est tombé au fond d'un puits duquel ne pourra le sortir qu'une volonté politique capable de lui donner les moyens pour cela. Il y a que si le football a besoin qu'on l'aide financièrement, il convient d'en faire autant pour le sport de haut niveau. A ce titre, un Zerguelaïne qui s'affirme comme un futur grand du 1500 m en athlétisme doit concentrer autour de sa personne presque autant d'attention que l'équipe nationale de football. Cela pour dire que les 98 milliards que va recevoir le sport algérien sont une somme en deçà de ses besoins réels. Les responsables du MJS l'avaient, d'ailleurs, reconnu, affirmant que l'an prochain, cette subvention sera revalorisée. En annonçant que le football allait recevoir 35 milliards, les responsables du MJS avaient indiqué que cet argent servirait à la refondation de la discipline. Or, cette refondation est bien plus importante pour se suffire de cette somme. Elle implique une refonte totale qui passe par la construction de stades, de complexes sportifs pour les clubs, d'une politique de formation qui nécessite, on en convient, un investissement devant lesquels les 35 milliards paraîtraient vraiment infimes. Cela n'empêche pas qu'il s'agit d'un budget conséquent capable d'aider la FAF à mieux entrevoir l'avenir à court terme. Encore que cette FAF, par la voix de son premier responsable, M.Mohamed Raouraoua, avait indiqué que ses besoins pour l'année 2005 s'élevaient à 62 milliards de centimes (dit au forum de l'Entv). Il y a, donc, un énorme décalage entre le souhait fédéral et la réalité. Parce qu'il se trouve que sur les 35 milliards, la FAF va devoir en consacrer 15 pour le paiement de la première tranche de l'achat du terrain sur lequel est érigé son siège. Elle devra, par la suite, en payer 30 autres milliards pour devenir officiellement propriétaire de ce terrain. Le drame est justement dans le fait que ce terrain a été vendu par l'administration des domaines à la FAF pour la somme de 45 milliards de centimes. On ne sait comment opèrent les domaines pour estimer un terrain, mais en la circonstance, il s'agit de la vente à une association sportive qui active par délégation du MJS et qui est d'utilité publique et d'intérêt général. La FAF est une institution algérienne, devant laquelle flotte le drapeau algérien et qui défend les intérêts du football algérien. Elle est la propriété de tous les Algériens et non celle de M.Raouraoua. Du reste, M.Raouraoua ne sera pas éternellement là, le terrain restera, lui, toujours propriété de la FAF. Alors, pourquoi ces 45 milliards? C'est à ne rien comprendre. En tout cas, la fédération est bien forcée d'avoir l'acte de propriété du terrain pour obtenir l'aide de la FIFA pour la construction de son nouveau siège dans le cadre du projet Gol. Un siège, qui lui aussi, ne sera pas un bien de Raouraoua, mais un bien qui profitera à tous ceux qui viendront après lui pour défendre le football algérien. De toutes les manières, la FAF était bien obligée d'acheter ce terrain pour être sûre de bénéficier du projet Gol. Car la première fois, elle avait échoué vu que ce projet était initialement orienté vers le centre de regroupement des équipes nationales de Sidi Moussa. Un centre dont les travaux ont pris énormément de retard (ils n'ont même pas commencé) et qui va, par on ne sait quel tour de passe-passe, se transformer en centre de formation. Comme quoi, on amène le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, pour poser la première pierre d'un futur centre de regroupement des équipes nationales de football et qu'on va, peut-être, le ramener pour inaugurer sur le même site un centre de formation. Il y a, comme on dirait, un dysfonctionnement qu'on a du mal à comprendre. D'autant que pour arriver à débloquer ces fameux 35 milliards, la fédération a dû s'adresser à un très haut niveau puisque ceux qui étaient chargés de le faire ont, semble-t-il, voulu entreprendre un long sommeil pour se réveiller aux alentours de l'année 2006. La FAF va donc oeuvrer avec 20 milliards dans ses caisses. Cela diminue, on le conçoit, sa marge de manoeuvre, notamment en ce qui concerne la prise en charge des équipes nationales. Le football ne risque donc pas d'avancer et sa réhabilitation ne sera pas pour demain. Sauf si M.Guidoum frappe un grand coup sur la table et invite les clubs à s'investir dans ce pourquoi ils activent essentiellement : la formation. Celle-ci est une quantité négligeable du fait que justement, les clubs ne disposent pas de moyens infrastructurels adéquats. A ce titre, il serait temps que l'Etat se soucie de ce problème. En tant que nouveau ministre, M.Guidoum sait que l'on attend beaucoup de lui. A lui de ne pas décevoir.