La démonstration de force souhaitée n'a toutefois pas eu lieu, puisque la grève a été partiellement suivie, les services de santé du pays n'ont pas été paralysés. Les blouses blanches durcissent le ton! Après près d'un mois de grèves cycliques, elles sont depuis hier en grève illimitée. Ce mouvement de contestation, qui avait débuté avec les médecins résidents, a vu l'arrivée au banc des contestataires, les résidents en pharmacie et en chirurgie dentaire. «Nous sommes arrivés à cette situation extrême après l'interruption du dialogue avec la tutelle», justifie le docteur Mohamed Taïleb, membre du bureau national du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). «On a tout dit, tout expliqué. Malheureusement ils ne veulent pas comprendre», réplique pour sa part un médecin résident rencontré à l'hôpital Mustapha Pacha qui semble être le centre de la révolte. Ce résident en chirurgie se dit outré par le manque de réaction des autorités par rapport à leur mouvement qui ne cesse de se radicaliser. «Le dialogue avait été ouvert avec le ministère de la Santé, mais il a buté sur la question du service civil», avoue-t-il avant de se féliciter du taux de suivi de cette grève, sans donner de chiffres exacts, qu'il estime exceptionnel. Est-il aussi exceptionnel que cela? Après un tour dans les hôpitaux de la capitale, on se rend vite compte que cet appel à la grève n'a été que partiellement suivi. On trouve certes des grévistes dans la cour de ces établissements hospitaliers, mais l'on aperçoit également des résidents qui travaillent le plus normalement du monde. Les hôpitaux ne sont pas paralysés! «Je suis certes d'accord avec le fond du problème mais pas dans la forme. Je sais que cette grève ne changera rien au problème, du service civil qui a été évoqué par nos prédécesseurs avec des grèves plus impressionnantes que celle-ci», souligne un résident en 3ème année à l'hôpital de Aïn Taya (banlieue est d'Alger). «En plus, beaucoup de nos collègues sont préoccupés par leur examen de Dems qui doit avoir lieu le mois prochain. Alors, à l'avance, cette grève a de faibles chances de réussir», soutient-il avant de s'interroger si cette grève n'est pas un complot contre le ministre de la Santé, le professeur Mokhtar Hazbellaoui. «Je sais que sa nomination a dérangé certains rentiers de la santé. Alors le fait que cette grève ait lieu au moment où l'on évoque avec insistance un remaniement ministériel, je reste pantois. Je me demande si n'on est pas encore une fois manipulés pour servir des intérêts qui nous dépassent...?», s'interroge-t-il, surtout qu'il faut rappeler que le professeur Hazbellaoui avait reçu les représentants de ces apprentis syndicalistes, où il avait été décidé la mise en place d'une commission mixte santé-enseignement supérieur afin d'étudier toutes les revendications en rapport avec la pédagogie et les conditions de déroulement du concours d'entrée au résidanat à l'effet de leur trouver des réponses adaptées et pertinentes. Le ministre de la Santé avait ainsi montré des signes positifs et manifesté sa volonté de procéder à un «relooking» du service civil. Il faut rappeler, en dernier lieu, que les revendications des médecins résidents s'articulent autour du service civil, de leur statut et de la pédagogie. Pour ce qui est du service civil, le Camra réclame sa suppression et son remplacement par des mesures incitatives.