L'APN est loin d'être soucieuse au regard du malaise qui ronge la société Censés être sur le front pour assurer un passage sans tracas à la nouvelle année, les ministres du gouvernement Ouyahia ne sont pas sur la défensive. Il y a comme une posture d'attentisme de l'actuel Exécutif. Il manque de punch, de combativité. Il n'est pas au front. Alors qu'un bouillonnement social se fait réellement sentir, le gouvernement semble se complaire dans l'inaction. A-t-il au moins une stratégie de communication pour contrer les attaques incessantes contre le pays et expliquer de manière convaincante les décisions salvatrices prises par le Premier ministre? Ce constat est également valable pour les deux principaux partis au pouvoir qui font preuve d'un incroyable manque de punch, d'agressivité politique et d'initiatives courageuses. Il leur appartient expressément de susciter de l'espoir et de faire rêver les populations en ces temps de crise financière que traverse le pays. Ce ne sont pas les arguments qui manquent pour expliquer que l'Algérie n'est pas le Venezuela malgré la crise, et que tous les pays pétroliers ont pris des mesures draconiennes pour suppléer à cette tempête. Nous ne sommes pas mieux lotis que l'Arabie saoudite, que les Emirats arabes unis et la Russie, tous des pays pétroliers qui ont pris des mesures autrement plus dures que celle entamée par le gouvernement algérien. Rien de tout cela, et les partis et les membres de l'Exécutif laissent le terrain vide et le bouillonnement se fait de plus en plus sentir. Ils ne bougent pas et c'est la société qui bouillonne: La température qui monte d'un cran. Des mouvements de contestations se profilent d'ores et déjà pour meubler le mois de janvier 2018. Aucun secteur n'est épargné. La santé, en passant par l'éducation et l'enseignement supérieur et les collectivités locales, la colère se manifeste sous différentes formes. Grèves dans les hôpitaux partiellement paralysés depuis hier, grève annoncée des travailleurs des communes, grève annoncée à Air Algérie, grève annoncée dans les universités le 14 janvier prochain, grèves des écoles et des lycées en Kabylie, grogne des boulangers, des transporteurs... Que faut-il de plus pour que la machine gouvernementale appuyée par les partis au pouvoir, se mette en branle? Devant cette situation, les responsables ne font pas mieux pour déminer le terrain. Censés être sur le front pour assurer un passage sans tracas à la nouvelle année, les ministres de gouvernement Ouyahia ne sont pas sur la défensive. Certains se font même désirer. Au lieu de descendre sur le terrain et expliquer la démarche du gouvernement en vue d'apaiser les esprits, les coéquipiers de Ouyahia se contentent du rôle de spectateurs. Pourtant, cela ne nécessite pas de gros moyens ni une brillante stratégie. L'augmentation des prix du transport, décidée en concertation avec la tutelle, n'a pas été précédée par une campagne d'explication. Ce qui fait accentuer les angoisses des Algériens à la veille de l'application de la loi de finances 2018. La liste des augmentations se prolonge davantage. Le carburant, le tabac, les produits électroménagers, les frais des permis de construction, les vignettes, toute une série de charges qui promettent d'alourdir le budget des ménages. S'ajoutent à cela les grèves cycliques annoncées dans les différents secteurs. Cela démontre que les ministres manquent sérieusement de punch pour confronter le malaise qui menace les différents secteurs d'activité et accentue les angoisses des Algériens. Les responsables des partis ne font pas mieux. Après avoir investi le terrain tout au long de la campagne électorale pour les élections du 23 novembre dernier, les formations politiques se recroquevillent. Sur les 53 partis ayant participé au scrutin, ils ne sont même pas une dizaine à se manifester de temps à autre. Les partis majoritaires de la coalition ne sont pas dans leur vrai rôle. Le FLN et le RND qui ont brassé large lors des législatives et des locales doivent traduire cette performance sur le terrain et voler au secours du gouvernement pour apaiser la tension sur le front social. Au sein de l'APN, c'est pratiquement le vide. L'assemblée est loin d'être soucieuse au regard du malaise qui ronge la société. Les députés vaquent à leurs propres préoccupations. En cette période de fin d'année et des vacances scolaires, la plupart d'entre eux sont sous d'autres cieux pour fêter l'événement, loin des tracas de la vie quotidienne. D'ailleurs, mis à part la commission juridique qui s'est réunie hier pour arrêter le planning des travaux sur le règlement intérieur de l'Assemblée, les autres commissions sont en congé. Pourtant, plusieurs projets de lois sont en chantier. Le projet de loi sur la santé, celui sur le i-commerce et celui portant sur la poste et les technologies de la communication ainsi que celui portant sur le règlement budgétaire. La commission de la santé qui a interrompu ses travaux depuis plus de deux semaines n'a pas repris du service. Le bureau de l'APN qui se réunira aujourd'hui va certainement dégager un agenda des plénières qui seront tenues en début janvier prochain.