Le front social est en ébullition. La preuve est sur le terrain. Il ne se passe pas un jour sans qu'une marche, un rassemblement, une grève ou une immolation ne soit portée à l'intention de l'opinion publique. Même si les faits ne sont pas totalement nouveaux, il reste que leur recrudescence ne peut qu'inquiéter, voire exacerber la situation. Comme par enchantement, les populations crient haut et fort leurs doléances. Ces dernières sont multiples et restent liées à un cadre de vie des plus précaire. Pénurie d'eau, routes délabrées, logements insuffisants, chômage endémique, salaires impayés, autant de revendications sociales mises en avant pendant que les partis, syndicats et associations montent au créneau. Ils veulent tous un changement. Le monde politique et social bouge. L'aspiration à un changement est là et personne ne peut l'ignorer. En attendant la marche du 12 février, la rue grogne. Le malaise se fait au grand jour. Les signes alarmants proviennent de diverses régions du pays. Même les mesures annoncées n'estompent pas la tempête. Le Conseil des ministres avait récemment promis plusieurs mesures d'apaisement. Force est de constater qu'elles n'ont pas grand effet. Les manifestants ne croient pas aux promesses. Ils veulent du concret. Un tour d'horizon renseigne amplement sur le feu qui couve. D'Est en Ouest, aucune région n'est épargnée par la protesta. Avec pour origine la malvie, des citoyens bravent l'interdit et disent haut et fort leurs aspirations pour des lendemains meilleurs. Des centaines de chômeurs de la commune de Sidi Amar, dans la wilaya d'Annaba, ont repris possession de la voie publique en début d'après-midi pour demander de l'emploi. A Bejaïa, Tizi-Ouzou, Oran, Boumerdès et Skikda la rue bouillonne et les mécontentements se font de plus en plus présents. Pour la cinquième journée consécutive, des routes sont coupées à la circulation à Bejaïa et Tizi-Ouzou. La grève des paramédicaux est toujours de mise avec ses conséquences sur la santé publique. Face à cette grogne aux conséquences inimaginables, le gouvernement se tait et lorsqu'il parle c'est pour faire usage d'un langage bureaucratique, officiel que les Algériens n'arrivent pas à comprendre. Aucune campagne de prévention n'est en vigueur. Au niveau local, les maires, les chefs de daïra, les walis trébuchent. La communication fait défaut dans une conjoncture où elle devait être de mise. Les émeutes de janvier dernier sont-elles déjà aux oubliettes ? L'art de gouverner n'est-il pas de prévoir ? Des questions qui méritent d'être posées en ce moment précis, ça urge !