L'importance du partenariat entre les agriculteurs et les promoteurs pour le développement des industries agroalimentaires n'est plus à démontrer. Si le secteur de l'agriculture assure 70% des besoins de consommation du pays, seulement 10% de la production nationale sont transformés. «Un taux insignifiant, qu'il va falloir revoir à la hausse si l'on veut réduire notre facture d'importation en besoins de consommation», a averti Mokrane Mouad, expert agronome. Ce dernier, qui s'exprimait lors d'une rencontre organisée hier à Alger sur le thème: «Agriculture et agroalimentaire» et où était présent le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Mohamed Chadi qui s'est dit tout à fait étonné d'apprendre à plusieurs occasions que notre industrie agroalimentaire est en plein essor, « mais sur la base de quel critère», s'est-il interrogé? D'après Mouad, «si c'est sur la base des capacités de production en place, je l'admets mais quand on sait qu'une grosse partie de nos unités de transformation fonctionnent à partir de matières premières végétales importées, je ne peux que m'opposer à ce point de vue». C'est en tout cas vérifiable dans la mesure où nos minoteries produisent certes de la farine mais à partir de blé tendre 100% importée. Les laiteries fonctionnent également pour la plupart avec de la poudre de lait. On ne saurait omettre de citer aussi les unités de transformation mais qui, en réalité, font plus dans le conditionnement car important des légumes en vrac. Et la liste est encore longue. Un état des lieux pour lequel Mouad n'a pas caché son inquiétude. Il a en effet avancé «que ce faible taux de transformation pourrait diminuer si notre industrie agroalimentaire ne s'arrimait pas aux projections de production que compte atteindre le Madrp alors que les capacités de financement des importations de biens de consommation du pays se sont amenuisées et risquent de l'être encore plus». Cet expert a par ailleurs mis l'accent sur l'importance de développer les industries agroalimentaires à travers le partenariat entre les agriculteurs et les promoteurs dans ce domaine, afin de garantir la commercialisation des produits agricoles, l'amélioration de la capacité de production et la diversification de l'économie nationale. En somme, pour cet expert, il est impératif de renforcer les capacités de transformation de notre production agricole. A propos des objectifs de production que s'est fixé le Madrp, le SG a révélé dans son intervention, que le ministère accorde une grande importance aux productions stratégiques à savoir les céréales, le lait, les produits maraîchers et les légumes secs. Dans ce registre, le ministre compte atteindre à moyen terme une récolte céréalière de 53 millions de quintaux, six milliards de litres de lait, 69 millions de quintaux de produits maraîchers, etc. Quant à la surface irriguée, elle sera de près de deux millions d' hectares à long terme et à moyen terme elle atteindra les 1,3 million d'hectares. «Tous ces objectifs nous comptons les atteindre. C'est un défi si nous voulons conforter la sécurité alimentaire du pays», a indiqué le SG. Ce dernier a également parlé de l'investissement dans le secteur de l'agriculture. «C'est d'ailleurs d'un intérêt majeur pour le pays car cela peut permettre d'améliorer substantiellement notre production agricole», a indiqué Chadi. Ce dernier s'est également prononcé sur le partenariat public-privé. Selon le SG, cela va permettre de maximiser la production dans de nombreuses exploitations relevant du secteur public. Toujours à propos d'investissements dans son secteur, le SG a affirmé la prochaine création de 100 pôles agricoles «où les nationaux désireux d'y investir trouveront toutes les facilités pour mener à terme leur projet» a-t-il annoncé. Rappelons que le secteur des industries agroalimentaires emploie, selon lOffice national des statistiques (ONS) près de deux millions de travailleurs, soit 40% de la population active industrielle exerçant dans plus de 18 200 entreprises, représentent 50 à 55% du produit intérieur brut (PIB) industriel et 40 à 45% de la valeur ajoutée. Le secteur recèle un potentiel d'exportation pouvant dépasser les trois milliards de dollars/an, selon le ministère de l'Industrie et des Mines. Soulignons enfin que l'ensemble des entreprises de cette filière, la plus dynamique de l'industrie nationale, a utilisé les capacités de production à plus de 50%, selon une enquête de l'Office national des statistiques (ONS) réalisée auprès de chefs d'entreprise.