Près de 380 éléments armés d'origine algérienne opèreraient à partir du sol irakien. Qui a donc intérêt à enlever les diplomates Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi? doit-on s'interroger côté algérien. Une question légitime, au vu des relations qui ont toujours lié les deux pays depuis la guerre de Libération, et même avant. Cependant, même si le rapt n'a pas encore été revendiqué, des «pistes» demeurent toutefois plausibles, à commencer par les groupes terroristes, que l'on dit intimement liés avec l'organisation de l'Egyptien Aiman Al Zawahiri, le bras droit d'Oussama Ben Laden, qui dirigerait deux organisations terroristes en Irak. Dans ce registre, et d'après des sources sûres, près de 380 éléments armés d'origine algérienne opèreraient à partir du sol irakien. D'ailleurs, en marge du sommet de l'Union parlementaire arabe, qui s'est tenue récemment à Alger, le président du Parlement irakien a confirmé la présence d'activistes islamistes algériens, en Irak. «Des Algériens viennent se faire exploser chez nous», affirme-t-il. Il convient de rappeler que ce n'est pas la première fois que des islamistes algériens se rendent en Irak pour résister contre l'occupation alliée, puisque lors de la première guerre du Golfe, des contingents entiers, encadrés par l'ex-Fis, sont partis faire la guerre aux «croisés». La plupart d'entre eux y ont même laissé leur vie. Le deuxième élément qui justifierait l'enlèvement des deux diplomates, c'est le fait qu'aux yeux des ravisseurs, la présence même d'une représentation diplomatique algérienne à Bagdad est en soi une reconnaissance du régime «pro-américain» en place. Par ailleurs, le Gspc connu pour être la «branche» d'Al Qaîda en Afrique du Nord, a toutes les raisons d'applaudir cet enlèvement; d'autant plus que pour cette organisation le rapt des deux diplomates constituerait une pression supplémentaire sur Alger pour l'amener à retirer son soutien aux Etats-Unis dans leur lutte contre le terrorisme. D'autant plus que les messages successifs de George Walker Bush, louant le rôle «pilote» de l'Algérie en matière de lutte antiterroriste dans la région du Maghreb, aurait constitué une autre raison à l'enlèvement des deux diplomates. L'autre hypothèse, et non des moindres pouvant être derrière ce nouvel épisode dans le rapt de diplomates étrangers, c'est de pousser l'Algérie à peser de tout son poids, en sa qualité de président en exercice de la Ligue arabe, de redoubler d'efforts, en faveur du retrait des forces américano-britanniques du sol irakien. Côté algérien, rien ne justifie cet enlèvement, eu égard à la position de l'Algérie, vis-à-vis de la présence coalisée en Irak. «Rien n'explique cet enlèvement, d'autant plus que nous avons des liens de fraternité avec le peuple irakien (...) Nous avons toujours soutenu l'intégrité de l'Irak avec lequel nous avons toujours entretenu des relations exemplaires», avait déclaré, juste après l'attentat, Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat et représentant personnel du président de la République, vendredi dernier. A noter que l'enlèvement des deux diplomates algériens est intervenu le même jour que la série d'attentats, qui avait ébranlé pour la deuxième fois la capitale britannique. Une similitude avec l'enlèvement du diplomate égyptien, intervenu, il est utile de le rappeler, le 7 juillet dernier, à savoir le jour même des attentats meurtriers de Londres ayant fait 57 morts et des dizaines de blessés. Espérons, toutefois, que les deux diplomates algériens reviendront dans leurs familles dans les plus brefs délais.