Le parti s'inscrit désormais dans la protestation pacifique Le Front des forces socialistes porte la protestation dans la rue. Jeudi, et contre toute attente, le vieux parti de l'opposition décide, au cours d'une rencontre nationale des élus, d'organiser une marche vers la présidence. Il est 11 h 20, la foule est nombreuse au siège du parti. Près de 800 personnes se sont rassemblées au niveau de la cour. Le premier secrétaire national, M.Ali Laskri prend la parole pour dénoncer le «caractère raciste, ségrégatif et régionaliste» de l'ordonnance portant dissolution des assemblées locales. Et sans plus tarder, annonce «qu'après une concertation, le secrétariat national a opté pour l'organisation d'une marche vers la présidence». 11h 25: le premier carré des manifestants, à sa tête les secrétaires nationaux du FFS, franchit le portail du siège du parti, situé au niveau du Boulevard Souidani Boudjemaâ à El Mouradia. Il est suivi par plusieurs centaines de militants qui scandaient des slogans hostiles au pouvoir: «Oulach smah Oulach», «Assa Azeka, FFS yella yella» ou encore «pouvoir assassin». Des slogans qui nous rappellent étrangement le Printemps noir. Le parti d'Aït Ahmed a réalisé à moitié son voeu, puisqu'un important dispositif de sécurité a été déployé sur les lieux en un temps record La marche fut arrêtée à 500 mètres du siège. Le FFS n'a pu atteindre son objectif mais, comme l'a fait remarquer un militant, «jamais une marche n'a été aussi proche du siège de la présidence depuis plus d'une décennie». L'affrontement n'a pas eu lieu. A défaut de poursuivre leur marche, les militants ont tenu un sit-in, occupant la principale artère qui mène vers le palais d'El Mouradia. Bloquant ainsi la circulation. «Non à la dislocation économique et politique de la Kabylie», «quelle est la prochaine séquence après la dissolution des assemblées?» peut-on lire sur les pancartes portées par les élus venus des quatre coins du pays. 12h10: Une deuxième tentative de marche a été vite avortée par l'important cordon de sécurité qui quadrillait les lieux . Aucune résistance par le FFS, qui a voulu maintenir le caractère pacifique de sa protestation. Plus tard Ali Laskri invite ses élus à réintégrer le siège dans le calme, annonçant la fin de la marche. Une déclaration politique a été lue, dans laquelle le FFS réitère ses positions de principe. «Devant les risques d'une relance irrémédiable de la violence», Laskri met en garde les autorités du pays contre «la poursuite de la politique du pire» et affirme «qu'il va continuer à faire de l'action non violente son principal credo, dégage toute responsabilité quant aux dérapages qui peuvent découler de cette dissolution arbitraire et illégale des institutions locales de la région de Kabylie». Par ailleurs, lors d'une conférence de presse, le secrétaire national chargé des droits de l'homme, M.Batatache Ahmed a démontré, sur la base de textes de loi, «l'illégalité» de la dissolution des assemblées locales. «Il y a un principe dans la Constitution qui consacre l'autonomie des APC». Ce dernier a estimé que l'ordonnance qui doit être l'exception et non pas la règle, «doit être soumise au contrôle de conformité du Conseil constitutionnel. Chose qui ne peut se faire car cette institution n'a pas de président». Le FFS prendra-t-il part à cette échéance électorale? Pour M.Laskri, «le FFS n'est pas dans l'esprit électoral, mais nos militants sont mobilisés pour rejeter cette décision.» Le FFS compte marquer, à sa manière, l'anniversaire du 20 août. Certains évoquent l'organisation d'une grande marche au niveau de la capitale. Une information qui n'a été ni confirmée ni infirmée par M.Laskri. Le 29 septembre, date de la fondation du parti, sera l'autre rendez-vous important pour la formation de M.Hocine Aït Ahmed. La protestation sera échelonnée dans le temps au niveau national selon les responsables. L'été est loin d'être une sinécure pour le plus vieux parti de l'opposition.