Détachez vos ceintures, c'est la fin du rêve. Ça vaut vraiment le détour! Le voyage, 90 kilomètres en automobile, a commencé à l'aéroport Es Senia d'Oran. Nous roulons à 120 km à l'heure à bord d'un 4x4 Toyota, et nous sommes déjà esclaves de nos passions, et enfiévrés à mesure que nous approchons de la perle «Mosta». Nous avançons à grands pas et Arzew, qui nous saluait de l'autre bord de l'autoroute, semble être rafraîchie par l'haleine frisquette de la bande côtière de Mostaganem qui va de la Macta en passant par les Sablettes et la Salamandre jusqu'à la frontière avec la wilaya de Chlef. C'est en flâneur qu'il faut visiter les plages paradisiaques de Mosta. Un délice sans cesse renouveler pour les fans de la nature et des aventures estivales. Au fil des promenades, le nez en l'air, histoire d'apprécier la variété de la végétation qui caractérise la toile de fond de la bande côtière, l'on ne peut échapper aux collines de sable accumulées par les vents dominants au bord de la mer. Immédiatement, le corps atteint de fourmillements, excité sans cesse par une folle envie de baignade dans des eaux saines échappées, semble-t-il, à la bêtise humaine. En parcourant les allées «joyeusement» ensoleillées de la ville, le visiteur ne peut être qu'attiré par la propreté qui donne à Mosta le cachet d'une cité exemplaire. Les constructions successives se côtoient et marient la tradition à la modernité. Notre chauffeur, désormais guide malgré lui, se faufile parmi ses connaissances pour récolter quelques infos sur l'histoire de la perle de l'ouest. La ville des 40 mausolées Notre attention fut attirée par des monuments qui sont érigés aux abords des routes. Notre chauffeur, d'une amabilité et modestie remarquables, nous met au courant que les monuments, à l'instar de celui de Sidi Mansour, sont des mausolées dressés à la mémoire des saints de la région. Les civilisations se sont succédé à Mostaganem, ville ancienne des Almoravides, des Mérinides et des Ottomans. D'ailleurs, le Bordj El Mehal, appelé «Fort turc», témoigne du passage des Ottomans. La ville est, en quelque sorte, un musée à ciel ouvert, puisque les mosquées mérinides font plonger les visiteurs dans mille et une réminiscences. C'est, en un mot, la résurgence pure et simple de la civilisation des Mérinides. Les Espagnols et les Français sont encore dans la ville et nous les verrons à travers les restes de leurs traces. La forêt d'Ouréah offre aussi des merveilles naturelles à l'état sauvage. Elle constitue indiscutablement un havre de détente et d'inspiration. Sur la côte-est, vers Chélif et à quelques minutes de la ville, quelques infrastructures touristiques tentent de redonner vie aux activités balnéaires. Un climat de vacances méditerranéennes règne sur «Mosta» et les ambiances douces se font entendre dans tous les coins. Des files de voitures interminables ne laissent aucune chance aux retardataires. Ce qui est important, c'est que les véhicules ne trouvent aucune possibilité pour s'avancer vers les plages. C'est d'ailleurs le secret de la propreté. Chaque découverte est une fête à Mostaganem, même quand il s'agit seulement d'apprécier et d'admirer de loin. A «Mosta», la réalité dépasse la fiction. La nuit d'ailleurs a un autre goût et tout le monde a piqué la tête dans les balades nocturnes au bord de la mer. La perle de l'Ouest a connu un flux important de visiteurs cette année. Un inconvénient cependant, il existe peu d'infrastructures hôtelières pour accueillir les estivants. Au demeurant, «Mosta», appelée à devenir un sanctuaire touristique, se fâche pour cela, jugeant nécessaire d'héberger ses visiteurs. Pas grave, les estivants préfèrent dresser des camps de toile au bord de la mer et s'asseoir autour d'un brasero qui ne fera, en fait, qu'ajouter une touche de romantisme à des rencontres conviviales qui larguent le moindre manque. Le promeneur n'aura aucun mal aussi à repérer les dernières traces substantielles de l'épopée maritime de «Mosta». Sur les plages de la Salamandre et des Sablettes, au pied des dunes et de la forêt d'Ouréah, sur la route de Mohamadia, on passerait à Mazagran qui vit la défaite des Espagnols devant une armée turque et une célèbre bataille entre les Français et les Arabes en 1840. L'escale inévitable d'hier pour les marins méditerranéens, demeure ouverte sur l'extérieur, doté d'un panorama d'une étendue imposante. Murustaga, l'ancienne appellation romaine de «Mosta» repose désormais sur deux atouts majeurs: le tourisme et la pêche. En effet, le tourisme constitue incontestablement un créneau prometteur en matière d'investissement de par les potentialités dont dispose la wilaya, à savoir un littoral de 104 km, 15 zones touristiques et des forêts récréatives à proximité de belles plages et un riche patrimoine culturel et historique. Odeur de sardine Quand midi sonne et que l'estomac commence à crier famine, rien ne vaut une petite halte gourmande dans les restaurants près du port. Sans être une ville moderne au sens propre du terme, «Mosta» offre tout le charme de la tradition que l'on s'attend à retrouver dans une agglomération touristique. Autour de la route de la corniche qui serait la plus vieille artère commerciale, se pressent des restaurants qui servent une cuisine locale et des plats plus exotiques. Bien sûr, les produits de la mer sont toujours appréciés. Les restaurateurs font honneur aux petits plats de sardines et de toutes sortes de poissons qui faisaient le bonheur indescriptible des visiteurs. On baigne dans une atmosphère de gourmandise à couleur rougeâtre du coucher du soleil, il n'y a qu'une chose à faire, savourer lentement le plat et se taire. Quoi de plus agréable aussi que ces petites crevettes qui ont une saveur incomparable. Une petite dégustation s'avère donc indiscutable surtout quand les odeurs taquinent involontairement l'estomac. Vaut mieux ne pas être affamé, car les portions des crevettes sont plutôt maigres. Et puis, après, c'est l'étape incontournable pour amateurs des promenades à pied. Notamment, une excursion qui court le long du boulevard de mer, l'ancien quartier de la ville et aussi la grande rue, une promenade émaillée de petites «dragues» assez agréables. Comme pour faire oublier les jours grisailles qu'impose le climat maritime, les maisons sont peintes de couleurs vives. Elles offrent aussi de très beaux exemples d'architecture. Et, pour découvrir les dunes de sable qui s'étendent à perte de vue et la majestueuse forêt de conifères, sans se lasser, des visiteurs se dirigent vers l'ouest de la ville, dans un mouvement de va-et-vient perpétuel. Pour prendre le frais, ça vaut vraiment le coup. Pour rebrousser chemin, il faut se préparer à un vent de nostalgie des plus violents. Décidément, la nuit ne ressemble pas au jour et se remettre aux émotions s'avère déjà une tâche des plus ardues. Nous sentons tout de suite l'âme resserrée par une boule d'angoisse abritée dans la cage thoracique. Bien que le crépuscule s'annonce par une lumière déclinante, le mercure dépasse toujours les 30 degrés sur la route d'Arzew. Même si Oran n'est qu'à 90 kilomètres, la route est longue, même très longue en quittant Mostaganem. Les kilomètres paraissent interminables lors de la traversée de la chaude zone d'Arzew. Passée Murustaga, un paysage monotone s'étend à perte de vue sur des champs de céréales. Se détachant peu à peu de l'horizon, Mostaganem salue mélancoliquement ses visiteurs tel un comédien qui s'incline à la fin d'une représentation. Nous nous mettons en route le coeur battant, mais avec l'espoir de revenir un jour. Nous croisons d'autres vacanciers qui, semble-t-il, ont préféré passer la nuit dans la ville à la beauté resplendissante. 19 heures, c'est l'heure joyeuse à El Bahia. En clair, c'est l'heure des longues promenades sur le long de la corniche et du front de mer. Autant clore cette journée épuisante mais radieuse par un dîner copieux et sympathique à l'hôtel El Mouahidine d'Oran.