La Somalie semble constituer la cible privilégiée par l'armée américaine qui, après avoir réglé leurs comptes aux taliban, promet des «conséquences dévastatrices» pour les pays qui soutiennent le terrorisme. Selon un responsable allemand, la campagne contre le terrorisme menée par les Américains, pourrait s'étendre en Somalie. «Il ne s'agit plus de savoir si mais comment les Etats-Unis vont combattre le terrorisme en Somalie», a déclaré le même responsable sous le couvert de l'anonymat en marge d'une réunion des ministres de la Défense de l'OTAN à Bruxelles. Lors de la même réunion, le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, a promis des «conséquences dévastatrices» pour les pays qui soutiennent le terrorisme. «L'Afghanistan n'est pas le seul pays où les terroristes sont actifs et Al Qaîda n'est pas le seul réseau qui nous menace. Les réseaux terroristes agissent dans des douzaines de pays, souvent avec le soutient de régimes terroristes», a-t-il dit, sans citer de pays. La Somalie est considérée comme un refuge possible pour des membres du réseau Al-Qaîda d'Oussama Ben Laden fuyant l'Afghanistan, selon une autre source de l'OTAN. Washington soupçonne particulièrement l'organisation fondamentaliste islamique somalienne Al-Itihaad al Islamiya d'entretenir des liens avec Al-Qaîda. Le Premier ministre du gouvernement national de transition en Somalie Hassan Abshir Farah, a déclaré qu'il ne craignait pas une intervention militaire des Etats-Unis contre son pays. «Nous ne sommes pas des taliban, nous n'avons jamais invité de terroristes. Il n'y a pas de bases d'Al-Qaîda et il n'y a plus de base d'Al-Itihaad (...)», a-t-il dit. Par ailleurs, des troupes «étrangères» ont débarqué, hier matin, sur l'île comorienne de Moheli et ont pris le contrôle de l'armée, de la police et de la gendarmerie. D'après des témoignages sur place, les assaillants ont lancé des tracts affirmant qu'ils étaient «l'armée des Etats-Unis» et que leur intervention est liée à la lutte contre le terrorisme. L'identité de ces troupes reste incertaine, mais des tractes d'origine locale ont été distribués, il y a deux ou trois semaines à Morini, la capitale des Comores. Des affrontements ont eu lieu ente le commando et l'armée régulière des îles Comores, un bilan provisoire fait état de 5 morts dont deux civils. Ce débarquement militaire douteux, intervient à une semaine du référendum constitutionnel prévu aux Comores le 23 décembre 2001 et à environ 3 mois des élections présidentielles fixées au 31 mars et au lendemain d'une visite dans l'archipel du secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), l'Ivoirien Amara Essy. Pour sa part l'ambassade des Etats-Unis à Nairobi, a déclaré ne pas être au courant du débarquement de ce commando qui se réclame de «l'armée des Etats-Unis» sur l'île comorienne. «Nous ne sommes au courant d'aucun événement lié aux Comores et nous prenons ces informations avec précaution, étant donné l'histoire des Comores marquée par de nombreuses interventions de mercenaires», a expliqué le porte-parole de l'ambassade des USA au Kenya. La République fédérale islamique des Comores (RFIC) est composée de trois îles: Anjouan, Moheli et la Grande Comores. Elle est plongée dans une crise séparatiste (déclaration d'indépendance de l'île d'Anjouan en août 1997) et institutionnelle depuis le coup d'Etat militaire du colonel Azali Assoumani à Moroni en avril 1999. Les Comores ont connu en 25 années d'indépendance, 19 coups d'Etat, dont quatre réussi, le dernier putsch manqué a eu lieu le 21 mars 2000.